« Val Grégoire est en apparence telle qu'elle l'a toujours été, au nord du monde, mais elle est, à notre image, fatiguée. »
Val-Gregoire c'est cette ville au Nord du Nord du Canada où plane une atmosphère de gueule de bois, qui plonge l'esprit dans une brume opaque. Une petite ville créée en 1950 où l'ennui s'est cristallisé.
Le trio incandescent de Val Gregoire est composé de Louise et ses deux potes Marco & Laurence, la compatibilité sociale du trio paraît impossible de prime abord mais leur rêve est commun : quitter un jour Val-Grégoire et sa chape de plomb qui appelle la catastrophe.
Louise est la fille adoptive d'une famille qui voue un culte à la religion sans bornes, Marco est le cadet d'une fratrie dont le père est le maire de la ville, plutôt prédisposé à une vie marginale et sans socle familial solide. Quant à Laurence, il a une mère fantasmagorique, sa soeur Wendy est d'une naïveté confondante et son frère Willy d'une violence bête.
En septembre 1991 un acte d'une gravité extrême a lieu, la famille de Louise est contrainte à quitter la ville mais les 700 kilomètres qui les sépareront de Val Gregoire n'empêcheront pas Louise d'avoir le coeur embourbé à Val Gregoire. Alors, elle va y retourner des années après le drame. Son retour prendra l'allure d'une sorte de mythe où la vengeance détient sa place.
Un grand bruit de catastrophe c'est la noirceur d'un atavisme fatal, d'un drame social, d'une inertie familiale. Notre trio d'adolescents devenus adultes tentent de s'extirper du sable mouvant dans lequel ils sont nés, motivés par l'amour, ce battement du coeur qui dégouline jusque dans le bas ventre et fait naître une chaleur déroutante.
Cette histoire d'amitié est écrite dans une langue effervescente qui fourmille de dialecte canadien, avec des mots soutenus tout en conservant une atmosphère nébuleuse. Ce roman c'est le combo de tout ce que j'aime dans la littérature ✨⚡️
« Nous sommes violents, anxieux et irritables et nous ne rions presque jamais, sauf devant nos télés qui rediffusent des galas d'humour ou des farces et attrapes faites à des vraies personnes dans de grandes capitales de la planète. On se frappe les genoux : « Ha! ha ! Imagine si on vivait en ville! »