Soudain, il s'agacent, se prennent les pieds dans les églises et récoltent des échardes plein les pattes. Fous de rage, ils éclatent en faisant naître de grands feux accompagnés de grognements hilares. La montagne s'est peu à peu retournée contre nous, elle est devenue mouvante. Comme les hommes, nous avons dû abandonner ces terres maudites, pour nous réfugier près des clochers.
Les humains se sont aventurés trop loin dans la montagne bleue, toujours battant, toujours cognant la rocaille pour y bénir leurs sentiers, pour y bâtir leurs églises. On voit souvent naître chez eux le désir de domestiquer la sauvagerie, de lui faire tendre la patte docilement.
Mais le puissant rythme des éléments n'entend rien aux peurs des hommes. La nuit venue, un hymne éternel s'élève, libérant d’immenses silhouettes grimaçantes abruties de liberté. Ces trolls tiennent en horreur la curiosité des humains qui envahissent leur territoire comme autant de parasites urticants.
L’hiver est rude… Il n’y a que la neige et le vent, le vent et la neige… Et tout là-haut, dans les vastes montagnes, des visages en colère se sont changés en pierre. La nuit, dans la pénombre, ils se penchent au-dessus des maisons et hantent les rêves des pauvres gens.
Si l'origine des contes demeure difficile à déterminer, c'est qu'hier comme aujourd'hui, les légendes traversent les pays et le temps.