Citations sur Châtiment (34)
Une lame grince, proche, et le souffle se pose sur la nuque. Après lui, un temps suspendu que ne rompt même plus le tic-tac de l’horloge, parce que les oreilles bourdonnent de terreur.
– … Je… je préfère… le Christ…
Tac. Tac. Tac. Tac. Tac.
– La tête raisonne bien… mais que dit le corps ?
La grande main surgit dans le champ de vision et se pose sur le ventre qui se pétrifie. Les muscles qui se tendent, la peau qui se rétracte, l’abdomen qui se rentre comme pour s’échapper, tout cela ne l’arrête pas. Non. Au contraire, la main n’hésite pas. Elle tire d’un coup sec sur la chemise et se faufile dessous. Quand elle rencontre la peau, elle est étrangement chaude et douce.
– Tu préfères le Christ, vraiment ?… Vérifions ça.
Une lame grince, proche, et le souffle se pose sur la nuque. Après lui, un temps suspendu que ne rompt même plus le tic-tac de l’horloge, parce que les oreilles bourdonnent de terreur.
Plus elle avançait dans son enquête, plus se dessinait le schéma nauséabond d’une famille gravement dysfonctionnelle. Sans être psychologue, elle savait tout de même que la famille est comparable à un système et que chaque individu qui en fait partie constitue un de ses rouages et participe à son fonctionnement par son rôle actif ou par son retrait passif.
Depuis la mort de maman, depuis qu’un fou furieux de taré de psychopathe l’a tuée, lui a rasé la chatte et l’a déposée à poil au pied d’une croix, la rage est sortie de ses gonds… D’ailleurs, je la sens, là, qui enfle, gronde, bouillonne. Elle ressemble à on monstre qui me soulève le ventre. Un monstre qui, si je le laissais faire, pourrait tuer ce père qui me terrifie et que je déteste.
– Major, je vais être claire, si je vous confie l’enquête, votre équipe et vous devrez vous faire les plus discrets possible, vous tenir loin des médias. S’ils vous approchent, esquivez, fuyez les questions, restez vagues.
– J’entends bien.
– Par ailleurs, s’il advenait que vous établissiez un lien entre quelqu’un de l’entourage de Bellegarde et une source proche du dossier, je veux en être la première informée, ajouta Berton.
– Oui, madame.
– Toutes mes recommandations valent pour vous et vos équipiers.
– Bien entendu, et je réponds d’eux.
– Parfait, major. Alors, vous voilà désignée responsable de l’enquête sur le meurtre de Marie-France Bellegarde. Le capitaine Nicolas Flaubert reste sur place toute la journée pour vous transmettre les éléments utiles au démarrage de vos investigations.
– Sauf votre respect, madame la juge, le meurtre remonte à deux mois, l’affaire est froide ! Cette configuration est vraiment… foireuse, osa-t-elle du bout des lèvres.
– Foireuse, vous dites ?
– Ce que j’essaie…
– Excusez-moi, major, mais « foireuse » n’est pas le mot approprié. En réalité, si je devais moi-même qualifier la situation, je dirais sans détour qu’elle est « merdique ».
Louise avait le prêt-à-penser en horreur. La nuance, le détail, la dissonance, le lapsus, la couleur d’une émotion, l’écho d’un mot, la vibration d’un silence, l’éclat d’un regard… Toutes ces choses mises bout à bout, voilà ce qui faisait une vérité : unique, non duplicable, relative.
Depuis qu’un fou furieux a tué maman, la rage qui couvait au fond de moi est sortie de ses gonds. Je la sens, là, qui enfle, gronde, bouillonne. Elle ressemble à un monstre qui me soulève le ventre.
Il est aussi saisissable qu'une anguille lustrée à la paraffine...
Pour en lire énormément, Philippe savait que les polars évoquent peu l'aspect rébarbatif et décourageant du métier d'enquêteur. En réalité, une grosse partie de ce métier consistait à récolter des informations qui se révélaient inutiles. Et la récolte desdites informations passait, elle, par un travail-de terrain des plus ennuyeux : le porte-à-porte.