Jouant avec une branchette de houx, le regard perdu dans la friche, il se disait qu’il faudrait bien un jour se rendre à l’évidence, l’homme est identique à ce qu’il était à l’aurore de l’humanité. Il n’a accompli aucun progrès, c’est-à-dire autre que technique.
Il avait soif de reconnaissance, cette forme socialisée, a minima, de l’amour. D’aucuns la guettent dans le regard admiratif et redevable de disciples, d’autres, à l’inverse, dans la gratitude d’un maître satisfait. Certains vont au plus court et multiplient les conquêtes dans ce but unique. L’ego, tyran caché, nous manipule comme des marionnettes.
La concurrence et la compétition sont les avatars civilisés des rivalités bestiales pour l’accès aux femelles, visant à s’approprier les biens au détriment des plus faibles, leur déniant le droit d’exister, de se perpétuer.
Et, puisqu'elle savait tout cela, sans doute avait-elle appris cette ultime leçon, à n'en pas douter connue également de Britov, qui est que nous mourons seuls, sans au fond avoir tenu ferme notre destin... ni nous être bien figuré les choses !
Nous nous débattons contre ce vide asphyxiant. L'agitation de nos vies donne un volume, anime, confère un semblant d'épaisseur, de forme, au néant implacable. A force de gesticulations, elle aboutit à un sentiment, ou plutôt une illusion, d'existence qui nous rend tolérable l'écoulement du temps.
L'Égalité devait être garantie pour tous les citoyens. Sans exception. Ainsi que les autres droits. (pages 31-32)
Loin de veiller sur eux comme à des rouages essentiels de l'immense mécanisme, la République les livrait à eux-mêmes. Son rêve d'une fraternité universelle et centralisée s'écroulait. (page 112)
L'étendue du territoire étourdit et sa diversité étonne. (page 9)
La mort a le dernier mot. Elle emporte l'histoire d'une vie comme un souffle, la gomme. Très tôt il n'en demeure rien. " Quand la neige fond, où va le blanc ? " ; quand un être meurt, où va l'étoffe de ses jours ?
Une vision sociologique et philosophique émergeait de ses lectures acharnées : unir les habitants de Lurna grâce à un projet commun, fût-il celui de construire des digues. Là était le but suprême, dans l'apparition d'un esprit communautaire porté par une réalisation collective, dans celle d'une fierté partagée et fédérative.