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Critique de Patrijob


Aujourd'hui, la température flirte avec 0°...
Peu de monde sur le marché, il fait trop froid et les conditions sanitaires n'encouragent pas à se risquer dehors pour quelques légumes frais que l'on se procurera plus confortablement dans une grande surface.
J'y tiens moi, à mon marché hebdomadaire !
J'aime aller à la rencontre de ces hommes et de ces femmes qui se lèvent à 4h du matin par n'importe quel temps pour vendre leur production.
La leur acheter, c'est respecter leur travail, tout simplement.

Entre deux étals, par ce froid de canard, un homme est assis par terre, emmitouflé et encapuchonné dans une vieille parka, masqué comme il se doit, un gobelet entre les jambes.
Impossible de l'ignorer après ce que je viens de lire...c'est comme si j'avais reçu une gifle.

Ce livre est la confession d'une femme comme les autres, l'aveu d'une culpabilité, celle de l'indifférence humaine face à la misère.
Un livre "coup de poing" qui nous oblige à écarquiller les yeux et à voir.
Voir ce qu'on ne voit plus, ce que nous avons fondu au décors par tranquillité d'esprit, ces pauvres hères qui feraient presque partie du patrimoine de la ville.
Une misère à l'exacte hauteure de nos enfants, qui rase les trottoirs, rampe dans les caniveaux, humains dans leur inhumanité.
Comment dire la misère à l'enfant qui vous tire par la main parce qu'il ne comprend pas, ne conçoit pas ce qu'il voit ?
Vous avez facilement passé votre chemin, pas lui, il n'en est pas encore là...
Mais c'est trop tard pour vous, il a déclenché la prise de conscience, le malaise, la culpabilité et ça vous accompagnera longtemps, même au coeur de la beauté.

Isabelle Desesquelles a mis dans le mille avec ce récit qui ne se raconte pas d'histoires.
Il est le miroir de l'humanité entière, celui dont le reflet coince, gêne, celui qu'on préfère ignorer.
Il fallait nous prendre par la peau du cou et nous forcer à ouvrir les yeux, elle l'a fait sans concession, sans hypocrisie afin de nous mettre face à la nôtre.
En une centaine de pages, elle nous secoue plus sûrement qu'un long discours moralisateur.
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