"Le Bien et le Mal ne sont pas si différents. Ce sont des frères jumeaux qui s'épanouissent différemment. Le Bien peut aussi devenir le Mal."
[...] les sentiments les plus purs sont ceux qui viennent sans qu'on les force.
Le Bien et le Mal ne sont pas si différents. Ce sont des frères jumeaux qui s’épanouissent différemment. Il suffit parfois d’un minuscule grain de sable pour enrayer la machine et inverser la tendance de chacun. Et si le Mal peut devenir le Bien, c’est que tout est possible…
— Je… je suis désolé… j’aurais dû te prévenir… Je suis végétarien.
Il est sous le choc de ce qu’il vient d’articuler. Ce n’est pourtant pas un énième mensonge pour séduire Mathilde, mais l’aboutissement logique d’une série d’écœurements qu’il ressent depuis quelques jours, chaque fois qu’on lui propose de la viande, et sur lesquels il a fini par mettre un mot. Là où son hôtesse voit de banals ingrédients, une image bien moins appétissante se substitue dans l’esprit de Kaleb. Il visualise les cochons emprisonnés depuis leur naissance, engraissés, empêchés dans leurs mouvements par des cages trop petites. Il voit la lumière constante de l’usine à viande, la puanteur dans laquelle on les oblige à vivre, les maladies, la peur, la douleur… le transport des bêtes, entassées et effrayées, dans un camion les conduisant vers un lieu de mort qu’elles flairent de loin. Et la peur, encore, les insultes et les coups pour les faire entrer dans l’abattoir, l’incompréhension des animaux terrifiés. La terreur lors de l’étourdissement raté. La douleur d’être tracté par une seule patte, tête en bas. L’horreur de la lame qui s’enfonce dans la gorge, le cerveau qui panique, le corps qui s’agite, comme celui des autres, à la chaîne… Puis la mort. Indigne. Cruelle. Le terminus d’une vie sacrifiée. L’erreur d’être né animal, l’horreur d’être nié, de n’être qu’une marchandise instrumentalisée pour finir débité en petits morceaux, qui donneront bon goût à un vulgaire plat de pâtes… Voilà ce que Kaleb voit quand il regarde les lardons, éparpillés sur le sol. Voilà pourquoi il n’arrive plus à manger de ces cadavres. Et voilà comment, en le verbalisant, il a réussi à chasser la nausée et les visions d’horreurs qui défilaient dans sa tête.
— Oui, affirme-t-il avec assurance. Je suis végétarien.
Si elle joue tant avec le feu, c'est parce qu’elle s'est déjà brûlée. Et que, malgré la douleur, elle a aimé la danse de la flamme dans son cœur.
La terre, tout en contrastes, célèbre quotidiennement le mariage du feu et de la glace, et s'étire , craque, explose dans une profusion de couleurs
"Elle lui rend son baiser comme aucune fille ne l'avait jamais embrassé. Il sait instantanément que la nuit sera torride, comme nulle autre jusqu'alors.
Ce qu'il ignore, c'est que le lendemain, il sera mort."
Mais que se passerait-il si SENTINEL n'était plus fiable ? Si, par exemple, une faille dans la sécurité permettait à des rats d'envahir le bâtiment ?
Des rats d'égout imprégnés d'eaux souillées, portant mille germes dégueulasses. Des rats énormes qui déferleraient en colonie dans sa chambre, telle une vague vivante, inquiétante, prête à le dévorer. Des rats énormes au pelage sale, aux yeux brillants, partout sous ses pieds, couinant à le rendre fou à lier, grimpant sur ses jambes, se servant de leurs griffes infectées comme d'autant de minuscules piolets s'agrippant dans sa chair, l'escaladant par dizaines jusqu'à le faire tomber, le reniflant de leur museau humide pour finalement forcer le barrage de sa bouche et piétiner sa langue, grignoter ses joues de l'intérieur et s'introduire les uns après les autres dans le tunnel de sa gorge pour festoyer de ses tripes et le tuer à petit feu, sans s'inquièter de ses hurlements de terreur.
Il est grand, carré, baraqué. Le genre de mec qui a l'air vraiment viril sans devoir en faire des tonnes. Il a quelque chose de nonchalant et affiche une assurance qu'elle lui envie immédiatement. Comme si ce bus lui appartenait, comme si Paris était son royaume.
Il pleure comme les hommes le font. Poing sur la bouche, partagé entre la honte, la nécessité de ravaler sa peine, et la violence d'un sentiment qui s'exprime malgré tout.