Il pleure comme les hommes le font. Poing sur la bouche, partagé entre la honte, la nécessité de ravaler sa peine, et la violence d'un sentiment qui s'exprime malgré tout.
Et il sait exactement ce qu il fera en sortant .
Il rappellera à lui ce don qu à l instar de Mary ann il a toujours porté, celui de donner la mort . Puis il tuera une à une les sentinelles, manipulant et sacrifiant jusqu’au dernier des enfants du volcan s il le faut , pour venger sa sœur bien -aimée . Sa poitrine rachitique est agitée de spasmes désordonnés et il éclate d un rire malsain , ses yeux blanc rivés sur le néant qui l entoure
-j arrive Mary ann , je viens vers toi
Et quelque part au tréfonds de lui même , il croit l entendre répondre
Parce qu on ne peut ressortir que fou de quatre cent ans d enfermement …
- ne reviens jamais , même si je t appelle . Où tu le regrettera
Les mots sont durs . Elle demeure interdite , ne comprend plus rien . Il lui demande de partir , lui signifie qu elle ne compte pas . La menace même . Alors elle obéit et ramasse ses vêtements sans rien dire , pourtant elle sait déjà qu elle ne pourra pas s empêcher de revenir ….
Un grand froid envahit le jeune homme . Non ! Ça ne peut pas se terminer Comme ça , pas maintenant qu ils se sont retrouver
- s il te plait , ne dis pas ça ! Laisse moi t expliquer , je …. Mais Kaleb stoppe net son explication .
Son père lui lance maintenant un regard chargé de haine . Le froid se transforme en glace . La seule personne à l avoir vraiment aimé sur cette terre est en train de l abandonné. Orphelin de mère et renié par son père , il n aura plus d amour dans lequel puiser pour survivre à son don , pour s en défendre et ne pas se laisser engloutir par ses tendances mortifères . Son père l assassine .
La peur est une mauvaise conseillère, elle brouille la pensée et engendre la colère
Pousser le corps dans ses retranchements pour dépasser ses propres limites est l’un de ses nombreux principes de vie. « Un esprit affûté dans un corps discipliné. »
C’est facile de séduire, pour Kaleb. Presque une seconde nature. Un regard un peu insistant, qui déshabille et vous pénètre, des doigts qui effleurent une mèche de cheveux, la voix qui devient grave et chuchote pour que la fille s’approche, le bassin qui s’avance et magnétise les hanches fines… Tout ça, Kaleb le fait naturellement. Il sait instinctivement ce que la fille attend. Il se met au diapason du désir de l’autre, et met le sien en veilleuse, qu’il sent pourtant impétueux, impatient.
Chaque fois qu'il dépouille un être de ses émotions, il doit abandonner un peu plus les siennes pour leur faire de la place. Il finira par n'être plus qu'un zombie sans âme, obligé, pour survivre, d'en aspirer toujours d'avantage, au hasard de ses errances.
La terre, tout en contrastes, célèbre quotidiennement le mariage du feu et de la glace, et s'étire , craque, explose dans une profusion de couleurs