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Critique de Renod


Cet été, j'ai découvert Montolieu, un village médiéval situé au nord de Carcassonne, sur les contreforts de la Montagne Noire. Le bourg a une particularité qui vous plaira : on y trouve une quinzaine de librairies. Ces commerces offraient un asile idéal pour se soustraire au cagnard du Midi. Autre refuge, la terrasse d'un salon de thé où j'ai pu débuter la lecture de «Bouche d'ombre» acquis un peu plus tôt. Me voilà plongé dès les premières lignes dans une ambiance sordide et violente qui contrastait avec mon séjour audois. L'histoire se déroule à Toulouse. La ville est submergée sous une pluie battante. Elvire, Julia et Simon se retrouvent dans le cabinet d'un notaire qui va ouvrir la succession de Daniel. Elvire, la soeur du défunt, dont on devine la grossesse avancée, découvre la nouvelle clause du testament. Elle ne pourra hériter de la fortune de Daniel qu'à une seule condition : elle ne doit pas avoir d'enfant... Dans les chapitres suivants, Elvire, Julia et Simon prendront successivement la parole pour nous relater les événements terribles qui ont précédés la mort de Daniel. Ces récits morcelés vont reconstituer le huis-clos pervers qui étouffait ces personnages. Simon, un marginal, se retrouve - comme les deux femmes – asservi aux caprices de Daniel. Tous trois semblent pris dans une toile d'araignée. Mais attention, certaines proies peuvent cacher des ressources de cruauté.... Manipulation, assassinats, relations ambigües, inceste… le roman est si sombre que j'ai parfois eu l'impression de m'enfoncer dans un bain de goudron. Un engrenage monstrueux de 240 pages heureusement servi par un style précis et travaillé. Le romancier nous plonge aux frontières de la folie pour fouiller au plus profond de la noirceur J'ai fermé le livre et j'ai poursuivi ma promenade dans le village pour retrouver mon souffle et profiter du panorama. Et retrouver la beauté du monde après une lecture éprouvante.
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