Les Ombres du Styx, Tome 2 : Vox Populi

La grande amoureuse de l'Antiquité qu'est Isabelle Dethan convoque les mânes de la Rome antique avec cette série intitulée "Les Ombres du Styx", qui constitue un très joli polar historique en 3 tomes se déroulant au Haut Empire à l'époque sévérienne.

Rome, an 195 avant Jésus Christ.
Libre penseur pris au piège d'un mariage arrangé, le noble Aquila Terentius a rempli ses devoirs conjugaux et familiaux avant de devenir bigame. Il nage dans le bonheur avec la famille qu'il a choisi : Henouttanebet, la belle roturière égyptienne, leurs filles Khaty et Tiya, et Siamon son beau-frère jovial, bienveillant et beau comme un dieu…
Sauf que le serial killer pédophile sévissait déjà dans les rues de la Ville Éternelle, et que là encore la colère et la soif de vengeance s'est tournée contre les étrangers. Un horrible destin est en marche car SPOILERS !
Retour au présent : quel est le lien entre Aquila Terentius et le tueur en série qu'il a poussé le second à reprendre ses activités dans la cité d'adoption du premier ? à suivre…

Contrairement au tome 1, les graphismes sont ici complètement aboutis pour nous offrir un flashback terrible mais de toute beauté : immersion garantie pour peu qu'on se prête un peu au jeu !

Telle une ombre, l'assassin suit de près Terencia Aquila, le patricien soupçonné de meurtres sur de jeunes garçons. Est-ce-lui, n'est-ce pas lui, ce n'est pas la fin du volume qui nous l'apprend, mais... on progresse. On apprend beaucoup sur la vie d'Aquila, le patricien se confiant à l'enquêteur dès la fin du premier volume. Il s'agit ici de son mariage arrangé avec une jeune fille de bonne société et de ses amours (de sa double vie dirai-je même) avec une belle égyptienne. Tiens une égyptienne ? Ne serait-ce pas le fil qui relie cet épisode au précédent ? Bref, si le premier volume est une mise en bouche, on arrive à l'entrée, et on commence à rêver au plat de résistance.... Dethan sait ménager ses effets tout en distillant ses indices de manière à ce que l'on ait envie de ne rien perdre de l'histoire. Pas de longueurs, un dessin qui colle de plus en plus au récit.... Vivement la suite !

Dans ce deuxième tome, Terentius Aquila, le suspect principal, dévoile tout un pan de son passé à Dento, l'enquêteur dépêché à Leptis Magna par l'empereur. On s'éloigne donc de l'enquête elle-même pour découvrir la vie et les contraintes sociales des riches familles patriciennes de Rome, peu favorables au bonheur personnel, et encore moins aux femmes de cette caste.
En effet, Terentius Aquila y mène une double vie : marié selon les exigences de sa famille à Sabina, une femme qu'il n'aime pas et qu'il délaisse , surtout depuis qu'elle lui a donné un héritier, pour l'Egyptienne Henouttanebet et les deux filles qu'il a eues d'elle, Khaty et Tiya, il passe le plus clair de son temps en compagnie de sa famille de coeur, attisant ainsi le courroux de sa famille de sang.
Sabina, quant à elle, ne peut prétendre à de telles libertés, forcée à la chasteté par la surveillance que sa belle-mère exerce sur elle, condamnée à supporter les infidélités de son époux qui obtiendrait automatiquement la garde de leur fils Caïus en cas de divorce....

Parallèlement, la tension monte dans la capitale romaine suite aux crimes perpétrés sur des enfants d'artisans par un tueur qui en est à sa 5è victime; de ce fait, les altercations se multiplient entre Romains et Egyptiens, qui sont soupçonnés d'enlever les enfants pour les sacrifier à leurs dieux étrangers, menaçant du même coup le bonheur d'Aquila et de sa maîtresse.

Même si l'enquête est momentanément délaissée, j'ai été complètement happée par l'histoire captivante d'Aquila et de sa famille. J'ai adoré la manière dont l'auteure s'y prend pour faire monter progressivement la tension jusqu'au drame final, j'ai adoré sa manière subtile de nourrir son récit de détails réalistes sur la vie des Romains, et plus particulièrement sur celle de Terentius.

Isabelle Dethan nous dresse le déchirant portrait d'un homme puni de ses incartades de la plus cruelle des manières.
On découvre enfin le secret lié à la pièce où Aquila aime tant se retirer, mais le mystère entourant les meurtres reste entier... même si différentes pistes sont suggérées dans ce tome, qui, par le sujet et le traitement même de l'histoire, gagne en intensité et en émotions !

J'ai retrouvé avec un immense plaisir le trait délicat de la dessinatrice (même si les défauts inhérents à la grossièreté des visages persistent, mais cette fois, ils m'ont moins gênée), son sens de la mise en scène, la beauté de ses décors et de ses couleurs aussi chatoyantes que lumineuses !
Bref, j'ai hâte de lire le dénouement dans le 3è et dernier tome à venir, d'autant que j'ai moi-même ma théorie sur le ou les assassins possibles ! :)
Lien : http://parthenia01.eklablog...

J'avais adoré la série "Sur les terres d'Horus" de la même auteur et dessinatrice. Et oui cette femme fait les deux et c'est très réussi ! Les dessins sont agréables et l'hisoire très prometteuse. Dans le deuxième tome on en apprend plus sur le mystérieux Terentius Aquila. Les meurtres d'enfants ne lui semblent pas étrangers. Les personnages sont intrigants et on voudrait déjà tout savoir de l'enquête et des relations entre cette dernière et les personnages, sans oublier celledles personnages entre eux. A quand la suite ?