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Critique de thedoc


thedoc
25 septembre 2022
Le 7 novembre 2022, Julien Liberat se suicide en direct sur Facebook. Qu'est-ce qui a mené cet obscur jeune professeur de piano à ce geste désespéré ? Et pourquoi partager ses derniers instants avec des milliers d'Internaut ? Pour le savoir, il faut remonter quelques semaines en arrière. Julien, 28 ans, ancien surdoué du conservatoire, mène une vie décevante à ses yeux . Ses cours particuliers de piano ne sont pas à la mesure de ses compétences et son boulot ne lui apporte aucune satisfaction. Enfermé dans un rythme social digne d'un étudiant, il occupe un petit studio à Rungis, ville sans intérêt, et rumine sur sa rupture amoureuse avec May, la seule femme avec qui il aurait pu construite quelque chose. Fan de Bach et de Gainsbourg, il rêve de publier un album depuis des années mais là encore, les refus et les déceptions s'enchaînent. Au début de l'été, désoeuvré et déprimé, il se connecte à un nouveau jeu en ligne, l'Antimonde. Ce jeu, créé par Adrien Sterner, promet à chaque joueur, sous couvert d'anonymat, d'accéder à une autre existence et d'obtenir une quête d'évasion jamais égalée. Julien se connecte. C'est le début d'une nouvelle vie sous les traits de son avatar Vangel.

Nathan Devers, avec « Les liens artificiels », exploite un sujet d'actualité très à la mode : le métavers. Ou comment les déçus du réel peuvent se glisser dans la peau d'un autre et vivre autrement dans un monde virtuel. Julien illustre ces personnes qui s'immergent totalement dans un monde fictif mais ô combien plus passionnant, jusqu'à oublier leur vie réelle. C'est le personnage principal – avec son avatar Vangel bien entendu, mais pas le plus intéressant. Celui qui a suscité le plus mon intérêt reste Adrien Sterner, mélange de Zuckerberg, Musk, Bezos et de Dieu bien sûr, sorte de génie narcissique, mégalo et paranoïaque. Autour de ces deux personnages gravite donc un monde totalement virtuel où les morts ressuscitent et où le pognon se gagne très facilement à coup de likes et smileys. Un monde où bien évidemment on vit un rêve éveillé et où au final, on ne fait que reproduire le monde réel. Triste bilan.
Mais une fois qu'on a dit cela, cela tourne un peu en rond cette histoire. Il y a de l'imagination, c'est sûr, mais pas d'originalité. Cela devient même parfois un peu un fourre-tout de tout ce qui se dit et s'entend sur les risques et dangers des réseaux virtuels et sociaux depuis déjà un certain temps. On a droit aussi à quelques tirades sur les autres maux de la société actuelle. L'intervention de vraies personnes dans l'histoire, comme Beigbeder ou Anne-Sophie Lapix par exemple, c'est également du déjà vu chez d'autres auteurs. Quant au style, rien de bien original non plus. En même temps, l'humour est de mise alors on ne va pas faire des ronds de jambe à chaque phrase. Mais quand même.
Nathan Devers a mis tout ce qu'il aime dans cette histoire : les références religieuses - #cnews, Bach, Gainsbourg. Aucun avis négatif là-dessus, c'était toujours bien amené dans l'intrigue. Mais alors, que retenir de ce livre ? Et bien pas grand-chose pour ma part.
Au final, je ne dirais pas que je n'ai pas aimé ni que j'ai aimé. « Les liens artificiels » est un roman qui se lit relativement bien -quelques longueurs tout de même, qui propose de l'action et des rebondissements mais qui n'apporte rien de nouveau sur le genre utilisé et la thématique exploitée. Car toutes les analyses – mystiques ou modernes, qui sont faites sur la conception de ce monde virtuel et réel où les gens vivent leur vie à côté des autres – le fameux leitmotiv du « ensemble et séparés », on en parle déjà depuis très longtemps…
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