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Critique de fbalestas


Calcutta, les bas fonds. Une ruelle. Là où des prostituées accueillent des hommes de passages.
Veena, l'une de celles-ci, met au monde un enfant. C'est une fille. Veena hésite – mais non, elle va la garder, la cacher derrière une mince cloison pendant que les hommes se succèdent à côté. Cette fille n'a même pas de nom. Parfois, lassée par ses cris, Veena lui donne le sein. Mais pas d'amour : trop risqué de s'attacher.

La petite grandit malgré tout. Elle se baptise elle-même : ce sera « Chinti » ce qui signifie fourmi. Insignifiante, justement, Chinti grandit dans la rue. Quelques autres prostituées s'intéressent à elles, et l'accueillent à leurs côtés. Mais c'est surtout une « Hijra » qui va l'accueillir.
Sadhana – c'est son nom - va prendre la parole dans ce récit. C'est elle qui va raconter son histoire – des pages incroyables sur l'évènement de l'émasculation, effectuée à vif, sans anesthésie par exemple – et c'est elle qui va organiser la suite.

Car bien sûr, il y a un problème. Ce problème s'incarne dans un religieux – excellente critique de ces faux prêcheurs que le peuple suit benoitement – qui s'appelle Shivnath et qui fréquente Veena. Mais il s'en lasse très rapidement. Par contre il a aperçu Chinti, qui va alors vers ses 10 ans, et celle-ci l'attire irrésistiblement. Alors il va vouloir en faire « sa chose » et l'emporte avec lui, au grand dam de Veena et de toutes les femmes de la Ruelle – y compris Sadhana et ses amies Hijras qui vont jouer un rôle décisif dans cette histoire qui se déplace alors à Bénarès.

J'avoue avoir un peu de mal au début de cette lecture, devant le caractère caricatural des personnages – jusqu'à ce que je comprenne qu'il faut le comprendre comme un conte.

Un conte qui dénonce la domination masculine en Inde, où les femmes sont forcément inférieures. Ananda Devi vilipende le système où les prostituées sont la lie de la société et où on n'accorde aucune importance à celles qui disparaissent, un système où de pseudo religieux peuvent commettre le pire au nom de leur foi, où les transsexuels sont bafoués – dans ce roman Calcutta, les bas fonds. Une ruelle. Là où des prostituées accueillent des hommes de passages.
Veena, l'une de celles-ci, met au monde un enfant. C'est une fille. Veena hésite – mais non, elle va la garder, la cacher derrière une mince cloison pendant que les hommes se succèdent à côté. Cette fille n'a même pas de nom. Parfois, lassée par ses cris, Veena lui donne le sein. Mais pas d'amour : trop risqué de s'attacher.
La petite grandit malgré tout. Elle se baptise elle-même : ce sera « Chinti » ce qui signifie fourmi. Insignifiante, justement, Chinti grandit dans la rue. Quelques autres prostituées s'intéressent à elles, et l'accueillent à leurs côtés. Mais c'est surtout une « Hijra » qui va l'accueillir.
Sadhana – c'est son nom - va prendre la parole dans ce récit. C'est elle qui va raconter son histoire – des pages incroyables sur l'évènement de l'émasculation, effectuée à vif, sans anesthésie par exemple – et c'est elle qui va organiser la suite.
Car bien sûr, il y a un problème. Ce problème s'incarne dans un religieux – excellente critique de ces faux prêcheurs que le peuple suit benoitement – qui s'appelle Shivnath et qui fréquente Veena. Mais il s'en lasse très rapidement. Par contre il a aperçu Chinti, qui va alors vers ses 10 ans, et celle-ci l'attire irrésistiblement. Alors il va vouloir en faire « sa chose » et l'emporte avec lui, au grand dam de Veena et de toutes les femmes de la Ruelle – y compris Sadhana et ses amies Hijras qui vont jouer un rôle décisif dans cette histoire qui se déplace alors à Bénarès.
J'avoue avoir un peu de mal au début de cette lecture, devant le caractère caricatural des personnages – jusqu'à ce que je comprenne qu'il faut le comprendre comme un conte.
Un conte qui dénonce la domination masculine en Inde, où les femmes sont forcément inférieures. Ananda Devi vilipende le système où les prostituées sont la lie de la société et où on n'accorde aucune importance à celles qui disparaissent, un système où de pseudo religieux peuvent commettre le pire au nom de leur foi, où les transsexuels sont bafoués – dans ce roman Sadhana manque de peut mourir sous les coups d'un homme qui a découvert son émasculation.

Mais c'est pour toutes les femmes qu'Ananda Devi se bat : pour celles de Calcutta, qu'elle a rencontré à l'occasion de l'un de ses voyages, mais aussi toutes les femmes méprisées.
On peut penser aux femmes afghanes, qui sont aujourd'hui la proie des talibans, mais aussi à l'Occident, qui croit avoir réglé la question de la prostitution, mais où la pornographie révèle un monde sordide qui détruit les femmes des Pays de l'Est attirées par de pseudos bienfaiteurs (il y a quelques semaines un reportage du Journal « le Monde » sur le monde ignoble de la pornographie m'a fait frémir).

Ananda Devi pousse ce cri pour toutes ces femmes et elle a bien raison.

Si la fin onirique est un cri de vengeance pour toutes celles qui subissent la violence de ces sociétés inhumaines, Ananda Devi a raison de continuer le combat qu'elle mène depuis ses premiers écrits. On pense par moment à Arundhati Roy et son « Ministère du bonheur suprême » qui parle des transgenres : le combat pour la reconnaissance des droits des LGBT en particulier, et des femmes en général dans de nombreuses sociétés, est loin d'être terminé.
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