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Critique de colimasson


Je me demande pourquoi Ève se fait toujours malmener. Cette histoire semble mal partie : elle sent trop le péché qui a perdu en chemin ses raisons d'être. Des millénaires et une subtile variation, le mal décrit avec une gaucherie embarrassante dans un langage qui n'est ni original, ni perturbant.

Pourtant, Ève a un karma qui détonne. Malgré le parasitage de son environnement, elle parvient à irradier autour d'elle et c'est la raison pour laquelle elle suscite sans cesse le désir d'hommes qui ne comprennent pas ce qui leur arrive (il y en a même un qui lui écrit des poèmes, c'est le plus touchant de tous car il essaie d'être personnel et perd du temps dans l'accomplissement d'un acte qui ne changera rien au cours de l'histoire). Si Ève avait eu plus de chance, elle aurait pu être Jésus par exemple, ou quelque chose du même genre, mais c'est une gamine de banlieue alors elle ne peut pas vraiment. On retombe dans le convenu : Ève n'a pas les mots pour se dire ni pour se comprendre et elle ignore les horizons que son karma pourrait lui faire atteindre. Elle croit peut-être se venger de son impuissance lorsqu'elle se livre à des hommes qu'elle n'aime pas (à tous) mais si elle s'écoutait, elle saurait qu'elle aime l'humanité et qu'elle espère l'apaiser globalement en procédant localement, individu par individu.


Perdus dans cette histoire, on découvre Sévita et Clélio, personnages secondaires qui ne servent pas à grand-chose. Ils apparaissent seulement pour figurer l'évolution classique de ceux qui ne connaissent pas l'horizon. Sans eux, le récit se serait envolé beaucoup plus loin que les moyens narratifs d'Ananda Devi ne le permettent. Ici, on se contente d'être triste et malheureux. Eve ne peut pas sauver l'humanité car elle n'a pas compris que la souffrance ultime et rédemptrice ne peut être atteinte qu'en chérissant sa douleur. le jour où elle cessera d'haïr les hommes –ou de se haïr- elle y parviendra enfin.


Ananda Devi ne nous présente pas cette éventualité. Elle divague sur les mots et le pouvoir de l'écriture et conclut son histoire dans une rêverie littéraire aussi cotonneuse qu'insipide.
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