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Critique de PetiteBichette


Hin hin hin ! Ah ben non, zut, je l'ai déjà faite celle-là ! Je recommence, parce que cette fois il s'agit du rire démoniaque d'un homme ! Mouah ha ha ha ! …. Mais pourquoi est-il aussi méchant ? Par ce que !
Voici résumé brièvement un des agacements suscités chez moi par ce livre, à savoir son manque de nuances.
Pour ce qui est du Paradis promis, je ne l'ai malheureusement pas trouvé en tournant les pages de ce roman dont je ne voyais plus le bout…
Comme j'ai quelques lubies en ce moment, je suis repartie au temps de l'Inquisition, dans un récit qui serait une sorte de croisement improbable entre Croix de cendre (pour le décor ecclésiastique), Veiller sur elle (pour l'Italie) et La sorcière de Limbricht (pour le procès en sorcellerie).
Le début était sombre et prometteur avec l'accouchement dans un monastère d'une prostituée, qui décède en mettant au monde une petite fille. Cette enfant, Susanna, va être élevée en cachette par le prieur pendant quelques années (oui oui vous avez bien lu), dont il va aussi confier la responsabilité au petit Daniele qui vient d'être abandonné par son père au couvent.
Les cent premières pages m'ont transportée, j'avais enfin terminé ma série noire de livres décevants ! mais non, hélas, une fois plongée dans le procès en sorcellerie de Susanna, que de longueurs, de formulées toutes faites répétées ad libitum. Ainsi, au fil de la lecture, l'auteur nous serine un nombre incalculable de fois que Paolo a des boucles blondes et des yeux transparents comme de l'aigue-marine délavée, le châle de la mère de Dianele est de velours turquoise, avec trois étoiles dorées cousues sur un côté, comme le manteau d'une madone (cette partie de phrase étant à chaque fois reprise mot pour mot, je l'attendais tremblante, la bave aux lèvres, mais aucune intervention divine n'est venue arrêter ce supplice), Susanna a des yeux limpides comme un ciel de pleine lune, l'inquisiteur a des lèvres serpentines … J'aurais pu faire une petite fiche avec ces expressions récurrentes et les cocher à chaque apparition, tant elles ont fini par m'insupporter !
Je n'ai pas vraiment réussi à rentrer dans l'histoire certains personnages me semblant trop en avance sur leur temps, avec des réflexions contemporaines sur les questions de genre, leur soutien à Galilée, à l'instar de frère Thévet et de l'abbesse, deux êtres un peu trop éclairés, qui décident d'instruire la petite Susanna en totale contradiction avec les pratiques de l'époque. Beaucoup d'invraisemblances, d'anachronismes, avec une histoire d'amour improbable au gout de guimauve caoutchouteuse en plein procès entre Daniele et Susanna à laquelle je n'ai pas pu croire une minute. La motivation de l'Inquisiteur dans cette histoire m'a parue particulièrement tirée les cheveux et pas vraiment crédible.
La vision des femmes de Luca di Fulvio, qui se veut féministe ne m'a pas convaincue, je l'ai trouvée rétrograde et maladroite, ainsi Susanna s'exprime « d'une voix suave d'amoureuse » (ah bon ? elle ne peut parler normalement comme tout le monde ?). Dans trop de passages, des sentiments ou convictions sont dits explicitement et lourdement soulignés sans que Luca di Fulvio ne fasse confiance à l'intelligence de son lecteur, ni le laisse se forger sa propre opinion (ainsi Susanna est béate devant l'intelligence de Daniele alors que je ne trouvais rien de bien ébouriffant dans ses propos). Ou je cite (« Et frère Thévet, lui racontait […] comme elle était intelligente et extraordinaire. D'une certaine manière, le prieur avait ainsi contribué à garder la pensée de Susanna vivante dans l'esprit de Daniele. (p.304) »). Ah bon ouf, heureusement, qu'on me dit ce que je dois penser, hein, je ne suis pas sûre que j'y serais arrivée toute seule sinon…
Et que ce procès est interminable, le roman aurait pu être réduit de moitié ! la psychologie des personnages reste superficielle avec les bons et les méchants d'un côté et la foule des villageois au centre.
Ces bémols ont eu raison de mon enthousiasme initial. J'ai d'autres romans de cet auteur dans ma PAL, je vais laisser passer un certain temps avant de m'y plonger…
Et pour finir sur les anachronismes, je n'ai pas compris cette couverture (très belle et incitative au demeurant), avec cette femme les bras levés face à la montagne (qui ne fait d'ailleurs écho à aucune scène du livre), mais surtout qui porte une robe à fines bretelles très contemporaine…
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