Le Paradis caché

Tu aimes rire, tu es solaire, tu es pleine de vie. Tu es comme moi. Nous sommes nées pour voler. Ne l’oublie pas. Ne laisse jamais personne t’arracher les ailes. 

L’Église n’aimait pas l’éducation. Encore moins celle des femmes. Car elle était considérée comme un outil dangereux qui libérait les gens, affirmait Susanna depuis toujours. Comme l’arme terrible qui permettrait aux gens de se forger leurs propres idées, indépendamment des dictats dominants.

« Je ne doute pas que la théorie de Galilée soit correcte. Ce n'est pas le soleil qui tourne autour de nous, mais nous autour du soleil, avait-elle écrit. Et il est juste qu'il en soit ainsi. Que sommes-nous, après tout ? De petits êtres qui cherchent un sens à tout ce qui est lumineux par nature. Le soleil, Dieu, l'humanité, la liberté, la justice, la vérité. Nous nous cherchons nous-mêmes, confiants d'être éclairés sur notre chemin incertain. Guidés par la lumière, nous espérons trouver le paradis caché dans chacune de nos vies. Car je sais, j'ai toujours su, j'ai toujours senti qu'il y a un paradis caché en nous. Ici, sur terre. Et il ne tient qu’à nous de fouiller notre confiance pour le trouver, pour en profiter. »
(p. 121)

« Tu crois que tu avances, mais en vérité tu tournes en rond », dit-il à haute voix, s'affalant sur un muret de pierre et suscitant la curiosité d'un villageois qui passait par là. Mais Daniele ne le remarqua même pas : « Tu tournes en rond. Comme l'âne du moulin. À la fin de la journée, il a fait des dizaines de lieues. Mais il est toujours là. Et toi… tu es toujours là. » (p. 506)
« La vie est comme un manège, Daniele. Que le tour soit rapide ou lent, qu’il dure un instant, un mois ou des années, nous revenons toujours au même point, nous affrontons les mêmes spectres. Mais n’oublie pas que nous ne sommes plus ceux que nous étions lors du tour précédent ! Et toi aussi, tu es différent de l'enfant, de l'adolescent et du jeune homme que tu as été. Tu es un autre ». Il prit sa main dans la sienne : « Alors, accueille ce retour au point de départ comme un cadeau ! Le manège sert à te montrer, chaque fois, d’où tu es parti. Et il sert à te donner une nouvelle chance.»
(p. 507)

—  Quelle est ta plus grande faiblesse ? lui demanda Daniele, sourcils toujours froncés, comme s’il suivait ses propres pensées.
— Une attraction irrésistible pour la liberté, répondit Susanna avec franchise.
— Et ton plus grand atout ?
— Une attraction irrésistible pour la liberté. 

Mais ce que Daniele, surtout, ne pouvait pas comprendre, c’était ce que signifiait être une femme dans ce monde. Les femmes n’étaient rien dans cette société. Elles ne comptaient pour rien. Et ça, seule une femme pouvait le comprendre. Ou plutôt, le savoir. 

Alors je vous demande, Votre Excellence, reprit Susanna, si Dieu n'aimerait pas mieux que l'obéissance à ses préceptes soit obtenue librement par la voie de l'amour, plutôt qu'inculquée de force par la peur? Dieu n'est certainement pas un tyran mais un père.

Je ne fais pas confiance aux femmes qui en savent plus que les hommes. Et je comprends pourquoi les prêtres les prennent pour des sorcières, rétorqua-t-il. 

C'est l'homme qui croit que le monde a été créé pour lui. Et c'est toujours l'homme...en vertu de cet orgueil qui est le sien...qui attribue à la nature, selon la façon dont il l'exploite,une signification bonne ou mauvaise.

Ne laisse jamais personne t'arracher les ailes.