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Critique de Acerola13


J'ai entamé ce roman d'un auteur malien avec curiosité ; cela fait quelques temps que je m'intéresse de plus en plus à la littérature francophone et africaine.

La route des clameurs est le récit d'un jeune homme qui voit son monde s'écrouler lorsque des djihadistes s'installent dans sa région pour y instaurer la charia. Trop hébétés pour réagir, les habitants de la région se font peu à peu à cette nouvelle loi, excepté le père du jeune homme, qui clame sa liberté de penser en poursuivant son travail de peintre, et qui refuse de se soumettre aux injonctions des djihadistes.

Le ton du récit à la première personne m'a surpris : les phrases sont répétées ; le protagoniste principal n'a que des certitudes, qu'il exprime avec force et sans détour ; cette dimension orale ne manquera pas de perturber le lecteur, ce qui est dommage, car l'intrigue pose elle des questions clefs, notamment celle de la peur pour ses proches, qui pousse à subir les pires sévices et à accepter, du moins de façade, une situation que l'on exècre.

La route des clameurs ne manque pas de souligner le chaos ambiant et les paradoxes de cette mainmise des djihadistes sur la population, ce qui complexifie le rapport du lecteur au personnage principal, très en colère contre son frère et ceux qui retiennent son père, mais en même temps passionné par son enseignement au maniement des armes et à la théologie, et excité à l'idée de faire ses preuves dans la bataille...

Finalement, on retient surtout le caractère intime du conflit : opposition entre deux anciens camarades d'école, retournement de voisins amicaux envieux, conversion forcée par la destruction du mariage et du noyau familial, et bien sûr ce qu'une personne est prête à faire subir à ses proches au nom de son égo, de ses valeurs.

Mon avis est mitigé : si je n'ai pas du tout apprécié le style d'écriture et trouvé l'histoire un tantinet fugace, cet ouvrage n'en demeure pas moins très éclairant sur les mécanismes de radicalisation d'une région, et sur l'impact psychologique pour ses habitants, loin d'être systématiquement des victimes.
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