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Peut-on rire de tout ? Si je pose la question, ce n'est pas que je repasse l'épreuve du bac de philo, mais c'est parce que je me demande s'il est possible de rire, ou tout du moins, de trouver amusant, un livre portant sur la montée de l'intégrisme dans un pays, évoquant aussi bien l'enrôlement d'enfants soldats, la perte des repères familiaux, sociétaux, et bien sur religieux, mais aussi la perte de la liberté et du libre arbitre, l'absurdité des combats, des viols et violences qui s'ensuivent.
En tout cas, La route des clameurs, qui traite un peu de ces sujets et de bien d'autres, n'est pas un livre triste ! Ousmane Diarra a choisi la voix d'un enfant (dont on ne connait pas l'âge), pour raconter la prise de pouvoir des intégristes au Mali, enfant dont le grand frère est général des armées du Calife, dont la mère et les soeurs sont retenues comme otage par le même calife, et dont le père est a peu près le seul à résister à la folie intégriste ambiante, continuant son art (il est peintre et internationalement reconnu) en guise de contestation !
Nous découvrons au travers du regard gentiment naïf de notre narrateur les exactions, l'hypocrisie, la violence, la passivité d'un peuple également, et cet angle de vue nous scotche à notre lecture, qui donne à la fois envie de sourire, se révolter, et bien sur, s'indigner.
Notre narrateur étant jeune et naïf, le style du roman est souvent enlevé et rythmé, à la limite du langage parlé.
Pour ma part, si l'ensemble m'a beaucoup amusé au départ, je me suis un peu lassée sur la fin... D'abord, de lire le nom du Calife en entier à chaque fois qu'il était évoqué (très très souvent), Mabu Maba dit Fieffé Ranson Kattar Ibn Ahmad Almordibonne. de même, j'ai eu l'impression que la naïveté du narrateur était parfois un peu forcée. Enfin, au vu de toutes les horreurs évoquées, je me dis qu'on aurait pu se passer des relations forcées évoquées à la fin du roman.
Ceci dit, j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce livre qui porte bien son nom : la route des clameurs est celle des supplices éternels. Et je plains sincèrement tout pays soumis à la dictature intégriste !
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Une vraie claque, ce livre ! Et pourtant, j'ai eu du mal à rentrer dedans.
Au Mali, ce jeune garçon qui pleure sur sa famille brisée son père et lui d'un côté, sa mère, son frère ainé et ses deux soeurs de l'autre. Un nouveau régime islamiste monte, un qui n'autorise presque rien, le frère se laisse embrigader, la mère et les soeurs sont prises en otage. le jeune garçon, lui, reste avec son père, sinon il sera tout seul, il doit le protéger. Ce qu'il veut plus que tout c'est réunir sa famille et sauver son père.
Le garçon est d'une grande intégrité et pourtant, sous les menaces, il plie doucement au calife, Mabu Maba dit Fieffé Ranson Kattar Ibn Ahmad Almordibonne. Il fait des choses contre son gré mais reste lui-même dans sa tête. Dur de rester de marbre face à tous ces massacres, ces viols, ces horreurs. Comment peut-on se servir de la religion pour justifier tant d'horreur ? le trait est peut-être exagéré à certains moments mais il est nécessaire de dénoncer ce genre de régime extrémiste. Bravo à Ousman Diarra pour son roman.
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"Les djihadistes ont envahi les deux tiers du territoire malien, menaçant Bamako, et installé une situation chaotique dans tout le pays depuis le nord. Nous étions menacés de mort en tant que nation." le troisième roman d'Ousmane Diarra, La route des clameurs, a été écrit dans l'urgence, courant 2013, pour dénoncer la barbarie et les forces de l'obscurantisme, déguisées sous la forme d'un Islam soi disant pur et venu pour chasser les pratiques impies. le livre de Diarra est l'oeuvre d'un conteur qui use de toutes les armes à sa disposition, en premier lieu l'ironie et la dérision. Son narrateur est un enfant qui avec ses mots naïfs découvre simultanément l'oppression et la révolte au côté d'un père dont la résistance passive tourne en ridicule l'imposture et l'hypocrisie des fanatiques. La prose de l'auteur est moqueuse, sertie de trouvailles stylistiques y compris pour évoquer les pires horreurs. Un rythme à part, vif et débordant de toutes parts qui égare parfois quand on est habitué à un langage plus sage et posé. Mais c'est avant tout le livre d'un homme en colère qui se bat avec l'énergie du désespoir. Un roman à rapprocher du magnifique film Timbuktu qui sera sur les écrans en décembre.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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J'ai entamé ce roman d'un auteur malien avec curiosité ; cela fait quelques temps que je m'intéresse de plus en plus à la littérature francophone et africaine.

La route des clameurs est le récit d'un jeune homme qui voit son monde s'écrouler lorsque des djihadistes s'installent dans sa région pour y instaurer la charia. Trop hébétés pour réagir, les habitants de la région se font peu à peu à cette nouvelle loi, excepté le père du jeune homme, qui clame sa liberté de penser en poursuivant son travail de peintre, et qui refuse de se soumettre aux injonctions des djihadistes.

Le ton du récit à la première personne m'a surpris : les phrases sont répétées ; le protagoniste principal n'a que des certitudes, qu'il exprime avec force et sans détour ; cette dimension orale ne manquera pas de perturber le lecteur, ce qui est dommage, car l'intrigue pose elle des questions clefs, notamment celle de la peur pour ses proches, qui pousse à subir les pires sévices et à accepter, du moins de façade, une situation que l'on exècre.

La route des clameurs ne manque pas de souligner le chaos ambiant et les paradoxes de cette mainmise des djihadistes sur la population, ce qui complexifie le rapport du lecteur au personnage principal, très en colère contre son frère et ceux qui retiennent son père, mais en même temps passionné par son enseignement au maniement des armes et à la théologie, et excité à l'idée de faire ses preuves dans la bataille...

Finalement, on retient surtout le caractère intime du conflit : opposition entre deux anciens camarades d'école, retournement de voisins amicaux envieux, conversion forcée par la destruction du mariage et du noyau familial, et bien sûr ce qu'une personne est prête à faire subir à ses proches au nom de son égo, de ses valeurs.

Mon avis est mitigé : si je n'ai pas du tout apprécié le style d'écriture et trouvé l'histoire un tantinet fugace, cet ouvrage n'en demeure pas moins très éclairant sur les mécanismes de radicalisation d'une région, et sur l'impact psychologique pour ses habitants, loin d'être systématiquement des victimes.
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En 2013 Ousmane Diarra voit son pays le Mali à feu et à sang. Il décide alors d'abandonner tout travaux pour écrire sur le Djihadisme qui pullule dans sont pays. C'est dans ces conditions que né « La route des clameurs ». le roman raconte à travers les yeux d'un enfant les terreurs de l'obscurantisme. Il observe sont environnement et les rouages des dirigeants Djihadiste pour convertir le peuple. Il voit les personnes de son entourage changer à cause de la peur de l'enfer qu'on injecte en eux. Ce livre est essentiel. D'autant plus qu'il a été écrit par un malien. Très réussi.

Challenge Multi-défis 2021.
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Le narrateur de ce roman ne se dénomme pas. Il s'est dépouillé du nom à rallonge que ses exploits sur le terrain militaire et sa proximité avec les puissants lui octroyaient. C'est un gamin devenu adulte par la force des choses. Il raconte son immersion dans le mouvement djihadiste des Morbidonnes bien décidé à conquérir le pouvoir de Bamako. Mais sa narration n'est point linéaire.

Quand commence le roman, le jeune homme, le grand gamin fuit avec son père. Ils s'extirpent ensemble d'une révolution de palais. le jeune homme, le grand gamin parle. Il a ce discours déjà entendu de ces enfants qui ont fait la guerre, qui ont vu et compris certaines choses trop tôt, qui ont subit les vicissitudes d'une Afrique qui les malmène et les fait grandir trop vite. Il parle et raconte son parcours. Il parle de son père. Cet artiste reconnu, obtus, têtu, déterminé à ne point concéder une once de sa liberté au pouvoir islamiste qui a fini par s'imposer dans son pays sous la férule du Calife Mabou Maba dit Fiéffé Ranson Kattar Ibn Ahmad Almorbidonne.

Ousmane Diarra propose une reconstitution des faits. Pourquoi une famille se retrouve écartelée par l'entrain d'une histoire qui semble avancer à reculons. Pour cela, Bassy, le narrateur conte son père. Un artiste. Ce potomitan, cette figure qui l'empêche de basculer. L'homme avec lequel il fuit, sans être son modèle, lui inspire un respect total. La renommée internationale de son travail d'artiste plasticien lui a permis d'être un soutien pour son entourage, son quartier. Une figure respectée. Cependant, la montée en puissance de ceux qu'il définit comme des « gamins imams » le bouleverse et le contraint à un positionnement tout aussi radical, lui qui refuse toute conversion, toute abdication, toute abjuration de sa philosophie de vie. Dans le terme lourd de sens de « gamins imams », Ousmane Diarra y transpose une idée d'immaturité que la puissance financière dont ces derniers sont investis ces jeunes prédicateurs, pallie largement.
Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
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Quand l'enfer est sur terre, il ne reste que peu de solutions: lutter et résister pour assurer la paix ou s'abandonner à l'horreur en espérant la clémence dans un au-delà que l'on espère mérité. Ce roman évoque le pire en toute légèreté. Il n'oppresse pas, n'opprime pas. Il donne à voir et percevoir un monde sombre, pauvre, sans âme et sans beauté; un monde sans spiritualité; un monde qui ne donne envie qu'aux fous, idiots, immondes personnages qui font leur bonheur sur le malheur des autres. Ousmane Diarra raconte d'une voix d'enfant tout ce contre toi ailleurs de vaillant(e)s combattant(e)s luttent: des imposteurs qui font de la religion une arme de guerre, un poison pour les coeurs et les esprits appauvris. C'est un roman qu'il convient de lire même s'il n'est pas, je le consens, un chef d'oeuvre littéraire.
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C'est l'histoire de la montée de l'intégrisme au Mali en 2013.

L'arrivée et l'emprise des djihadistes est racontée par un enfant. Avec humour, il raconte la résistance de sa famille, surtout de son père sculpteur à la renommée internationale. Mais bientôt l'embrigadement s'installe et l'ennemi n'est pas toujours celui qui vient de loin.
Le Calife est un imposteur, un bouffon mais la fureur est bien réelle.
L'inévitable se produit : violence, enfant-soldat, emprise et domination au nom de Dieu ...
Comment se sortir de cette main-mise, comment s'échapper de cette folie meurtrière ?
Ce livre est un cri face à l'horreur.
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L'enfant raconte, parle, voit, sans jamais donner son nom. Celui-ci, trop transformé par les nouveaux maîtres religieux, pourrait le priver de son identité, de l'essence même de ses racines. Son papa peint, sans fin, prend des risques, se rebelle et résiste ainsi. Tous deux seuls contre tous. C'est une épopée, celle de l'enfant et de son père contre la barbarie d'une religion trahie par la violence et la bêtise, par la convoitise. Contée d'une si belle manière, douce, limpide, adroite, percutante. Magnifique.
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