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Critique de Lamifranz


« de grandes espérances » (1860) est l'avant-dernier roman complet laissé par Dickens (1812 - 1870) après lui viendra « L'Ami commun » (1864) puis le dernier roman, inachevé celui-là, « le mystère Edwin Drood » (1870). Un roman ‘fin de carrière » donc, mais un des meilleurs (avec « David Copperfield », « Oliver Twist », « Les Aventures de Mr Pickwick » et les « Contes de Noël »).
Ce roman n'est pas sans rappeler « David Copperfield » : les deux romans sont des romans dits « d'apprentissage » : on y suit le destin d'un jeune garçon pendant son enfance et sa jeunesse, jusqu'à sa majorité. Passage obligé par des aventures sentimentales qui laissent des traces, des rencontres plus ou moins importantes avec des personnages qui vont plus ou moins influer sur l'avenir de plus les deux romans sont écrits à la première personne, le narrateur est le héros du roman. En écrivant « de Grandes espérances » Dickens s'est mis à relire « David Copperfield » pour éviter de se plagier lui-même : « Pour être tout à fait sûr de ne pas tomber dans d'inconscientes redites, j'ai relu « David Copperfield »l'autre jour, et j'en ai été affecté à un degré que vous ne sauriez imaginer ».Cela dit, il existe une différence de taille entre les deux romans : ils sont absolument antithétiques : « David est un jeune monsieur qui vient à choir dans le prolétariat citadin, Pip un jeune prolétaire de la campagne qui se voit devenir un monsieur » (Pierre Leyris).
« Se voit devenir ». C'est là le thème principal et l'explication du titre : les grandes espérances sont appelées à être déçues comme les illusions à être …perdues ! A moins que…
Le roman s'articule donc sur trois parties : l'enfance (début des espérances), jeunesse (consolidation des espérances) et maturité (patatras, fin des espérances et retour à la réalité).
L'histoire se passe dans le Kent, sur lieux-mêmes où Dickens a passé son enfance. le jeune orphelin Pip, voit sa vie transformée le jour où il aide un forçat évadé. Il est pris comme garçon de compagnie par Miss Havisham une vieille excentrique dont la fille Estella est aussi belle qu'orgueilleuse et hautaine. Un notaire lui laisse entrevoir « de grandes espérances », une fortune à venir… A Londres où il poursuit ses études, il retrouve Estella qui lui fait bien comprendre qu'ils ne sont pas du même monde, et surtout il apprend que son bienfaiteur anonyme (celui des « grandes espérances ») n'est autre que le bagnard évadé. Il comprend aussi qu'il a tout le temps été le jouet de Miss Havisham qui se vengeait sur lui d'un fiancé qui l'avait abandonnée au pied de l'autel. Petit à petit, et de révélation en révélation Pip reconstitue les pièces du puzzle, comprend les liens qui relient les personnages entre eux, et en tire la leçon. C'est la leçon optimiste que l'on retrouve souvent chez Dickens : « On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux ». Non, ça c'est pas du Dickens, c'est du Saint-Ex. Mais c'est la même chose : « Un homme qui n'est pas un vrai gentleman par le coeur n'a jamais été, depuis que le monde est monde, un vrai gentleman par les manières ». C'est la morale de toute cette histoire : la bonté du coeur vaut mieux que tout le reste, et surtout n'a que faire des classes sociales.
« de grandes espérances » est un livre très agréable à feuilleter, par son histoire, d'abord, prenant et édifiante, et surtout par le ton employé : familier comme dans « David » ou « Olivier », mais enjoué et plein d'humour, comme chez « Pickwick ».
Très souvent adapté outre-Manche au cinéma à la télévision, les aventures de Pip, un chouïa moins populaires que David et Olivier (j'ai failli dire Jonathan), mériteraient bien un retour en pleine lumière.
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