Se souvenant de sa jeunesse en Russie, la comtesse de Ségur narrera, dans Les Bons Enfants -un de ses livres les moins connus-, l'histoire d'un Russe et de sa famille assiégés par une meute de loups dans une grange où ils se sont réfugiés pour la nuit.
[Mme Fichini] fouette Sophie comme les Arabes battent leur femme, en pensant que, si elle ne sait pas pourquoi, Sophie, elle, le sait.
Très significatifs sont à cet égard certains de ses livres qui paraissent composés en deux temps. La première partie, toute de violence et de passion, semble écrite par la fille du comte Rostopchine alors que la seconde, inondée du "lait de l'humaine tendresse", est due à la mère de Mgr de Ségur.
A la fin du XVIIIe siècle existe en Europe, au Septentrion, un pays fabuleux dont les voyageurs qui s'y sont aventurés rapportent des récits où l'émerveillement le dispute à l'effroi. Là-bas, disent-ils, tout est singulier et la Nature elle-même échappe à l'ordre habituel des choses. (...)
L'hiver, le silence impressionnant de ces solitudes infinis est troublé seulement par les hurlements de loups criant famine.
On ne peut qu'admirer la puissance de travail de la comtesse de Ségur car si elle écrit vite, ignorant l'angoisse de la page blanche, elle écrit beaucoup, vraisemblablement pendant des journées entières.
Parcourant au mois de juillet 1812 ces vastes étendues, si monotones, Mme de Stael est impressionnée par ce vide et ce silence, écrivant qu'on croit traverser un pays dont la nation vient de s'en aller.