13 à table ! 2020

J'avais eu le sentiment qu'il m'avait aimée pour que je ne l'oublie pas, que je n'oublie pas qu'il était le seul à caresser mon corps de cette manière.

Tandis que j'avale une cobb salad, je remarque un couple, il est plus jeune qu'elle, nettement plus jeune, il caresse sa main posée sur la table en lui souriant, autour les gens leur jettent des coups d'oeil, qu'est-ce qui les choque ? l'amour qui se montre ou la différence d'âge ? Les amoureux s'en moquent, ils continuent à se dévorer des yeux, ainsi il est possible de s'aimer au grand jour et de croire que ça va durer toujours.

"Elle porte une chemise de nuit en coton et a sur les genoux une couverture rouge qui fait ressortir la pâleur de ses mains tordues qu'elle tient serrées l'une contre l'autre. Elle a des gestes enfantins, des façons adorables de baisser les yeux, de se tenir tranquille. Son visage n'est plus qu'une plissure, un entremêlement de sillons, et Marie se demande combien de secrets vont disparaître avec elle. Combien de souvenirs, désormais muets, la traversent jour après jour [...]"

"Je t'emmène" de Leïla SLIMANI

"J'étais consterné de ne taper dans l’œil d'aucune dulcinée potentielle. pour me consoler, Ikhlef me disait que ma beauté à moi était intérieure. Je lui rétorquais que ça ne me botterait guère de m'éventrer sur la place publique pour qu'on la voie, cette foutue beauté intérieure. Je voulais qu'on m'aime tel que j'étais, un Cadet renfrogné au crâne constamment rasé, pas fringuant certes, mais sincère et loyal, capable d'aimer comme seuls les poètes savent le faire"

"Le beignet" de Yasmina Khadra

Chères lectrices, Chers lecteurs,

C'est la sixième édition de "13 à table !", six années de liens forts avec toute la chaîne du livre, de la plume à l'encre, très engagée et qui nous accompagne sur les routes de la vie, de l'entraide et de la solidarité auprès des personnes les plus démunies. Depuis le début de cette opération, près de 5 millions de repas supplémentaires ont pu être distribués aux personnes accueillies par les Restos du Cœur, grâce à eux, grâce à vous !

Le voyage est le thème de cette édition, partons sur les routes de l'évasion et des rêves, si nécessaires.

Merci à toutes et tous d'être à nos côtés !
Belle lecture.

Les Restos du Cœur

Je n'étais pas retournée à Big Sur depuis des années. En fait, je n'y étais pas retournée depuis le jour ou Josh m'avait dit : "Je crois que les choses ne seront pas possibles entre nous." Et pendant toutes ces années, je m'étais efforcée de m'inventer une existence et, d'une certaine manière, j'y étais arrivée : parfois on n'a pas le choix et on réussit à continuer à vivre. Alors pourquoi ai-je soudain éprouvé le besoin irrésistible de biscornu de revenir sur les lieux de mon bannissement? Je ne saurais pas vraiment l'expliquer. Il ne s'est produit aucun incident, les circonstances ne s'y prêtaient pas, non, ça s'est simplement imposé comme une évidence. J'ai dû penser : Le temps s'est écoulé, et il guérit de tout, paraît-il, alors sans doute que maintenant j'en suis capable, sans doute que maintenant le mal est apaisé.
Philippe Besson - La fin de l'été.

Je savais pourtant que la mémoire embellit tout et qu'il ne faut jamais risquer de se confronter à l'enfant qu'on était.

Philippe Besson

Les gens prétendent que c'est curieux de vivre sur un littoral quand on recherche l'immobilité. Mais les gens ne savent pas tout. J'ai appris à résister à l'appel du large. Au désir d'ailleurs.

Philippe Besson

Et pendant toutes ces années, je m'étais efforcée de m'inventer une existence et, d'une certaine manière, j'y étais arrivée : parfois on n'a pas le choix et on réussit à continuer de vivre.

Philippe Besson

Quand on est dépossédé de tout, un rien nous comble - et je n’étais pas exigeant.

Yasmina Kadra