Son interlocuteur est un homme de quarante ans, la voix nasillarde, il carbure au demi. Le monsieur porte une paire de lunettes de vue à double foyer type Boursinhac, sapé en Kasso One, proportionné comme un Ken Loach, les cheveux en bataille genre Cassavetes, un sourire de Fejtö et des doigts plus bagués que Tarantino. Réal sans paillettes ni sucettes, il porte sur son visage les traits de l'artiste pondu par la flamme de sa propre étincelle.
La France nous baise
sans jamais nous dire je t'aime.
Pourquoi quand elle a ses règles,
c'est moi qui saigne ?
Samir fait quelques étirements. Son corps de roseau a la souplesse d'un kamasoutra, sous sa capuche on devine une boulette à zéro ayant gommé ses bouclettes. Il a un visage en forme d'olive Son regard a le pétillant d'une Selecto, boisson officielle de tous les blédards.
Ici les rats portent des combinaisons en Téflon. Les cafards font du smurf sur le dos des mollards. Les pits sniffent des rails de coke avant de chiquer des têtards. Le béton a de l'herpès soigné au Kärcher, les barbelés le sida, et la Déclaration universelle des droits de l'homme est une blague qui circule sous le manteau.