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Critique de Brooklyn_by_the_sea


C'est le roman de la réconciliation entre Philippe Djian et moi. Les trois derniers m'avaient déçue, au point que j'avais décidé de ne plus le lire. Mais 37 ans de djianisme ne s'effacent pas aussi facilement, alors j'ai encore une fois cédé, et bien m'en a pris.
Luc est écrivain et aimerait bien terminer son dernier livre. Il vient de quitter Edith, première femme à avoir intégré les forces spéciales, et sympathise avec son nouveau voisin Marc. Mais Edith réapparaît sans prévenir -et en piteux état, rompant la tranquillité de Luc. Et comme toujours avec les bonnes femmes, les ennuis (re-)commencent.

Il n'y a toujours pas de tirets ni de points d'interrogation dans ce roman, ce qui nécessite un petit effort d'attention supplémentaire, mais confère également un charme un peu tordu à la lecture. Charme accentué par l'utilisation dans les dialogues d'expressions un peu désuètes comme "mon vieux", ou l'emploi d'un titre pour chaque chapitre ; cela m'a ravie. Et j'ai encore succombé à l'ambiance Djian, sa façon de planter un décor en trois phrases et de donner l'impression qu'on y est rien qu'en lisant. J'adore, et j'y vois la démonstration de l'immense écrivain qu'il est, inlassable manipulateur de mots en quête de beauté et d'équilibre.
Quant à l'histoire, elle est étonnamment rocambolesque, et plaisante à découvrir et deviner. Car Djian multiplie encore les ellipses, et j'aime cette façon un peu désinvolte de ne pas se préoccuper de l'intrigue, de laisser le lecteur croiser les informations, relier les faits, et imaginer ce qui a bien pu se passer entre deux paragraphes.
Enfin, si Djian cultive toujours cette manie de créer des personnages féminins au corps parfait et vêtu de lingerie raffinée (pitié !), il ponctue toutefois son roman de réflexions d'une grande justesse sur les femmes : " On finit toujours par les rendre malheureuses, enfin la plupart du temps, d'une manière ou d'une autre. C'est rare qu'on soit à la hauteur sur le long terme." (quelle lucidité remarquable !) J'ai également été touchée par ses observations sur le vieillissement, le temps qui passe etc., et j'ai ressenti toute la sagesse de l'homme de 73 ans.

On est donc sur un très bon cru. J'ai retrouvé mon Djian préféré et ça fait un bien fou. C'est le genre de livre qui me comble et me laisse penser que tout ne va pas si mal en ce bas monde, puisque de tels écrivains continuent de nous enchanter. Un conseil : laissez-vous enchanter à votre tour.
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