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Citations sur Molière Que diable allait-il faire dans cette galère ? (17)

En vérité , Molière avait une manière très personnelle d'interpréter la tragédie : il jouait avec naturel. Cela ne se faisait pas à l'époque, bien au contraire. Même si dans la pièce, il est suggéré que le personnage susurre des mots d'amour à l'oreille de sa bien-aimée, l'acteur venait se planter face au public. Puis il devait "faire ronfler les vers", tonner, glapir, brailler, et même s'arrêter au milieu d'une tirade pour souligner la beauté d'un passage.

Aujourd'hui, vous trouveriez ça ridicule. Mais à l'époque, les spectateurs en redemandaient ! Molière n'a jamais pu les convaincre que la tragédie pouvait se travailler différemment, en jouant avec une diction "naturelle", adaptée au sens du texte.
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ACTE I
Un gamin de Paris.
L'histoire de Jean-Baptiste Poquelin commence dans le quartier des Halles, à Paris. A l'angle de la rue Sauval et de la rue Saint-Honoré, se dresse une maison de poupée, tout en hauteur, si étroite qu'elle ne compte qu'une pièce par étage. C'est à cet emplacement précis que Jean-Baptiste Poquelin a passé les vingt premières années de sa vie. C'est là qu'il est né, a grandi, est devenu un homme. Ne vous laissez pas gagner par l'émotion pour autant : cette maison n'est plus celle où naquit Molière. L'originale a été détruite en 1802 pour être remplacée par ce bâtiment qui en a vaguement gardé la silhouette.
Il faudra donc vous contenter du bâtiment qui vous reste sous les yeux pour planter le décor. Ce sera bien suffisant. Commencez par vous placer sur le trottoir d'en face - la rue est étroite - pour mieux observer la maison. Maintenant, imaginez à la place de la boutique qui occupe aujourd'hui le rez-de-chaussée l'atelier de tapisserie de maître Poquelin.
[incipit]
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Jean-Baptiste a dix ans lorsque sa mère tombe malade. Il assiste à la ronde des médecins appelés à son chevet. Les hommes en noir lui prescrivent des remèdes au nom étrange qui l'affaiblissent plus encore. Ils ordonnent des saignées qui finissent par l'épuiser. Marie Poquelin meurt à l'âge de trente et un an.Jean-Baptiste garde de sa mère le souvenir d'un parfum, de cette main qui caresse ses cheveux, et pour seul objet, un petit livre relié de cuir qu'elle aimait lire au coin du feu.
Parfois, lorsque monsieur Poquelin entrouvre la porte de sa chambre, il découvre son fils aîné plongé dans la lecture du livre de sa mère. Le père observe d'un air pensif ce petit orphelin de onze ans, souvent rêveur, parfois mélancolique, dont le visage s'anime quand il décrit les tragédies jouées au collège ou les farces des saltimbanques du Pont-Neuf.
Soudain, monsieur Poquelin doute. Il se demande s'il parviendra, un jour, à faire de Jean-Baptiste un bon tapissier.
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Comment faire régner l'ordre et le silence dans une classe surpeuplée ?
Les professeurs jésuites ont mis au point une méthode d'une efficacité presque... militaire. La classe est séparée en deux camps rivaux. Chaque camp est lui-même divisé en plusieurs équipes de dix élèves, qu'on appelle les décuries. Les dix élèves occupent un même banc et sont dirigés par le meilleur d'entre eux, le décurion. Ce collégien a un rôle très important, puisqu'il doit veiller à ce que les devoirs soient bien faits, les leçons parfaitement apprises, et la discipline respectée. Si son équipe affiche de bons résultats, elle peut avancer dans le classement et changer de banc. Le premier de chaque camp est nommé "imperator", le deuxième "censeur", le troisième "tribun". A la fin de l'année scolaire, l'imperator du camp vainqueur - celui qui cumule les meilleurs résultats - prend le titre de "dictator".
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Fatigué ou affamé, peu importe, après sa longue journée de cours, Jean-Baptiste ne manque jamais de faire un crochet par le Pont -Neuf.
Ce n'est pas un pont comme les autres que l'on traverse en sifflotant, le nez au vent, pour rejoindre l'autre rive. Le Pont-Neuf est l'endroit le plus fréquenté de Paris. On s'y presse dès la première heure du jour pour y admirer les meilleurs saltimbanques, acrobates, danseurs sur corde de la capitale. Ils sont là pour divertir le passant et surtout appâter le client.
[.......]
Celui-là, c'est le préféré de Jean-Baptiste. Dans sa robe noire de faux médecin, celui qui se fait appeler l'Orviétan agite un flacon vert au nez des passants :
- En Italie, quelques flacons de ce remède ont suffi pour guérir une épidémie de peste, en quinze jours! Vous avez bien entendu, Mesdames et Messieurs, en quinze jours!! Mon remède guérit, par sa rare excellence, plus de maux qu'on n'en peut compter en une année
[.......]
A ses côtés, sur l'estrade, un bouffon joue les malades. Il roule des yeux derrière son masque et tire une langue noire. Il se tord par terre en se tenant le ventre, s'accroupit sur un pot de chambre, fait semblant de pousser, pousser et encore pousser... Il soupire de contentement. Comme délivré, il se relève. Tout en se pinçant le nez, il fait mine d'examiner le contenu du pot. Et voilà qu'il le verse sur l'assistance!
On crie. Mais ce n'est que de l'eau... De l'eau de la Seine, jamais bien claire, mais de l'eau tout de même. Ô grande puissance de l'Orviétan!
Jean-Baptiste poursuit son chemin tout en riant.
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Ah ! si Molière était encore là... Car personne n'est parvenu à le remplacer.
Il était même si important que sa disparition a bouleversé le théâtre parisien. En 1680, les trois troupes officielles se sont réunies pour n'en former qu'une seule : "La Comédie-Française". C'est son titre officiel mais on l'appelle aussi la "Maison de Molière".
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Mais qu'est-ce encore ? Voici que les acteurs quittent la scène alors que la pièce a commencé il y a vingt minutes à peine ! Regardez donc au-dessus de votre tête : les chandelles des lustres sont pratiquement consumées. Il est temps pour les "moucheurs" d'entrer en piste et d'éteindre ces trognons de cire, et pour les "chandeliers" de les remplacer par des chandelles flambant neuves. Voilà pourquoi une pièce est divisée en plusieurs "actes" de chacun vingt minutes : c'est le temps que durent les chandelles.
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Comment Molière, considéré comme le plus grand comédien de son temps, serait-il un mauvais tragédien ?
[.......]
En vérité, Molière avait une manière très personnelle d'interpréter la tragédie : il jouait avec naturel. Cela ne se faisait pas à l'époque, bien au contraire. Même, si dans la pièce, il est suggéré que le personnage susurre des mots d'amour à l'oreille de sa bien-aimée, l'acteur venait se planter face au public. Puis il devait "faire ronfler les vers", tonner, glapir, brailler, et même s’arrêter au milieu d'une tirade pour souligner la beauté d'un passage.
Aujourd'hui, vous trouveriez ça ridicule. Mais à l'époque, les spectateurs en redemandaient ! Molière n'a jamais pu les convaincre que la tragédie pouvait se travailler différemment, en jouant avec une diction "naturelle", adaptée au sens du texte.
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L'Illustre-Théâtre
Vous imaginez peut-être que tous les éléments sont réunis pour que cette histoire se termine rapidement. Grâce à son théâtre et à son génie, Jean-Baptiste va subjuguer les foules, prendre le nom de Molière, devenir célèbre et finir dans vos livres de classe... Pas si vite !
Il faut être bien téméraire pour se lancer dans la création d'un théâtre au début du XVIIe siècle. Paris n'en compte que trois : l'Hôtel de Bourgogne, le Théâtre du Marais et la troupe des Italiens, qui chacun excelle dans sa spécialité. C'est peu, pour une capitale aussi peuplée. Mais c'est bien assez, pour un public limité. Car tout le monde ne court pas au théâtre, loin de là. Ce genre de spectacle est encore réprouvé par les bien-pensants et vivement critiqué par l’Église.
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Il n'est pas question d'ouvrir le collège aux filles, pour la simple et mauvaise raison qu'elles n'ont pas besoin d'éducation, pense-t-on.
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