Citations sur Toute la lumière que nous ne pouvons voir (186)
"Ouvrez les yeux et voyez ce que vous pouvez avant qu'ils se ferment à jamais".
Sous le bruit des pas, elle distingue un grondement profond, presque un bruit blanc. Elle tire son père par la manche.
- Les Allemands ?
- L'océan...
Elle prend un air dubitatif.
- C'est l'océan, Marie. Je te le jure.
Il la porte sur son dos. Maintenant, c'est le cri des mouettes. Odeurs de pierres mouillées, de fientes d'oiseau, de sel, même si elle ignorait que le sel avait une odeur. La mer murmure dans une langue qui voyage à travers les pierres, l'air et le ciel. Que disait le capitaine Nemo ?
La mer n'appartient pas aux tyrans.
— Quand j’ai perdu la vue, on m’a dit que j’étais courageuse. Quand mon père est parti, on a encore dit que j’étais courageuse. Mais ce n’est pas du courage : je n’avais pas le choix. Tous les matins, je me réveille et je vis ma vie. Pas vous?
(Albin Michel, p. 540)
Saint Malo : l’eau cerne la cité de toutes parts. Son rattachement à la France est ténu ; une chaussée surélevée, un pont, une langue de sable. Ils sont :
« Malouins d’abord, Bretons peut-être, Français s’il en reste. »
Il songe à ces mineurs usés par la vie, qu’il voyait dans son enfance, prostrés sur des caisses ou dans des fauteuils, inertes, attendant la mort. Pour eux, le temps était un tonneau qui se vide lentement. Alors qu’en fait, c’est une coupe précieuse ; il faudrait employer toute son énergie à protéger ce qu’elle contient, lutter pour elle. Ne pas en perdre une seule goutte.
"Maman, qu'est-ce qui fait le tour du monde tout en restant dans son coin ?
-Je ne sais pas, Max.
-Un timbre !"
Toutes ces fenêtres dans le noir... C'est comme si la ville était devenue une bibliothèque de livres écrits dans une langue inconnue : et les maisons, des rayonnages de volumes devenus illisibles en l'absence de lumière.
Mais il y a cette machine au grenier, qui fonctionne de nouveau. Une étincelle dans la nuit.
"Saint-Malo : l'eau cerne la cité de toutes parts.
Son rattachement au reste de la France est ténu: une chaussée surélevée, un pont, une langue de sable.....
Ils sont" Malouins d'abord, Bretons peut-être, Français s'il en reste."....
J'étais en permission l'an dernier et je suis allé voir mon père. Il était vieux. Il avait toujours eu l'air vieux, mais là, tout spécialement. Il a mis un temps fou à traverser la cuisine, avec un paquet de biscuits, des petits biscuits aux amandes. Il a mis ce paquet dans une assiette, tout simplement. On n'y a pas touché, ni lui ni moi. Et il m'a dit: "Tu n'es pas forcé de rester. J'aimerais bien que tu restes, mais tu n'es pas forcé. Tu dois avoir à faire. Tu peux sortir avec tes amis, si tu préfères...". Il n'arrêtait pas de répéter ça.
Je suis parti. J'ai descendu l'escalier et je me suis retrouvé dans la rue. Je n'avais personne à voir. Aucun ami dans cette ville. Je m'étais tapé toute une journée en train pour venir le voir. Mais je suis parti. Comme ça.
Tu sais quelle est la plus grande leçon de l'Histoire? C'est qu'elle est toujours écrite par les vainqueurs. La voilà, la leçon. Celui qui juge, c'est le vainqueur. On agit toujours dans notre propre intérêt. Evidemment! Montre-moi quelqu'un qui fait autrement. Le tout est de savoir où est son intérêt...