Il savait que la pièce avait le pouvoir d’éveiller la panique chez les personnes les plus innocentes. Ça avait quelque chose à voir avec son étroitesse, la façon dont les murs insonorisés absorbaient tous les bruits. La voix en était transformée, semblait émaner d’une autre personne, et il est difficile de ne pas perdre pied quand on perd le contrôle de sa propre voix.
Mieux valait avoir l’air idiot et ne rien dire, ne rien faire qui puisse attirer l’attention des autorités.
La direction voulait d’un nom étranger à la tête des crimes de haine, et elle tenait à ce que l’intéressé soit un « immigré » de troisième génération. Quelqu’un juste ce qu’il faut de différent.
Zigic remarqua quelques hommes en costume parmi les habitués, des anglais sans doute, qui s’arrêtaient un instant boire un verre et se faire tailler une pipe avant de rentrer à la maison. Mais dans le brouhaha des conversations dominait un mélange de polonais, de lituanien et de letton, et les autochtones semblaient savoir qu’ici, ils n’étaient pas vraiment chez eux.