Il s'agit bel et bien d'un mini-roman, puisqu'il ne compte que 56 pages, dans un format très réduit. C'est un roman qui se lit en une petite heure. On a pourtant l'impression qu'il est bien plus long, tant les émotions sont vives. On oublie l'auteur, on a l'impression que ce jeune garçon nous parle réellement. C'est un roman très court, mais qui dit tellement de choses importantes et qui sonnent juste. Et pourtant, une fois refermé, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que j'aurais voulu qu'il soit plus long, que l'émotion puisse monter encore et que l'on puisse fouiller les tenants et les aboutissants de ce mal-être. Je n'ai pas pu m'empêcher d'être un peu frustrée. Néanmoins, je saisis très bien l'idée de ce roman : faire un éclairage sur un moment d'une vie, où les choses basculent. Et c'est très réussi.
Le roman étant court, je vais tenter de vous en dire le moins possible, pour ne pas vous en gâcher la découverte. Disons que le narrateur a deux gros problèmes dans sa vie : d'une part les sévices physiques et moraux de la bande de gros bras du collège, et d'autre part l'attitude de son père dont il a l'impression qu'il ne l'aime pas tel qu'il est. Parmi ces maux, la douleur physique n'est pas la plus gênante, loin de là… le mot « suicide » n'est jamais prononcé, et pourtant, il plane sans cesse dans l'esprit du lecteur, qui reste tendu tout au long de l'histoire dans l'attente d'un geste fatal. de même, l'homosexualité n'est pas traitée directement, mais omniprésente.
Plutôt que d'apprendre à se battre, le narrateur a besoin d'entendre certains mots, ceux qui pourraient enfin lui permettre de s'accepter… Au-delà de la description d'un mal être, ce mini-roman est donc un vibrant hommage à la magie des mots.
Le jeune garçon dépeint par Antoine Dole est criant de vérité. On ne peut qu'être touché par la simplicité avec laquelle il nous raconte ses maux, dont il avoue ses faiblesses. On comprend qu'il a besoin d'être aimé tel qu'il est et tout au long de l'histoire, on espère qu'il trouvera la force, on a peur pour lui, on retient son souffle.
Concernant l'écriture, Antoine Dole est un virtuose de la plume, qui manie les mots comme peu ont la capacité de le faire. Un style travaillé, mais sans maniérisme ni obstacle, tantôt poétique, tantôt plus cru, c'est tout à fait ce que j'aime lire. Je suis restée suspendue à ses mots, osant à peine reprendre ma respiration.
Ainsi, c'est un mini-roman d'une force incroyable que nous livre Antoine Dole, un éclairage sur le mal-être d'un jeune garçon qui souhaite simplement en finir. Un roman coup de poing dans lequel nombre d'adolescents pourront se retrouver et qui pourra peut-être leur montrer une petite lumière au bout du tunnel. Je conseille en tout cas à n'importe qui de prendre une petite heure pour dévorer ce texte, à la hauteur de ce à quoi Antoine Dole nous a habitués.
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