Encore une fois,
de nouveau,
Les vêtements, la peau, l'âme ont en pris un coup.
Même Sarah n'aurait pu faire barrière à la claque,
aux nouvelles insultes de Vincent, Julien et Laurent.
Sa main serrait la sienne comme pour dire je ne te lâcherait pas, t'inquiète pas.
Que faire ?
Son père lui a dit cent fois sur tous les tons comme d'une chose élémentaire et
simple comme bonjour. Tu veux être aimable, tu serres une main, tu veux être
un mâle, tu tapes du poing.
Répondre et s'en prendre une nouvelle dans la figure? Pas de son père, des autres, qui l'attendent dans les couloirs avant les cours, dans les toilettes, sur le terrain de foot.
Vincent lui a écrasé la tête dans le sol jusqu'à ce qu'il est envie de manger l'herbe comme un âne,
une bête qu'il est. Un abruti et un bourricot.
C'est peut-être ce que pense son père qui baisse les yeux et secoue la tête à chaque rentrée de l'école.
Répondre et ne pas savoir trouver de réplique aussi violente que leur mot,
trouver une réplique assez forte pour sortir de sa coquille et faire sa bataille de coq, celle qui rendrait son père fier et remettrait les choses en place, telles qu'elles doivent être.
Entre son père et les autres, son coeur balance et va presque exploser.
Sauf que d'un côté, quelqu'un l'aime et il ne faudrait pas cent mais une fois pour que le dire puisse tout changer.
: Avec «
A copier 100 fois », Antoine Dole pose au travers de ce petit roman sur l'adolescence le problème clairement affirmé de l'homophobie.
le jeune héros raconte à la première personne ces journées de persécution et évoque l'humiliation de ne pas se sentir à la hauteur des situation de crises.
La présence de sa meilleure amie, Sarah, allège certains passages de violence verbales et contextuelle, glissant l'amitié et l'amour comme rempart dès le départ.
A copier cent fois, comme une punition de mauvaise élève, se dit le héros- se montrer plus vindicatif, être capable de se défendre comme un vrai bagarreur dont serait fier son père- le héros raconte sa douleur de décevoir au point qu'il hésite de plus en plus à reprendre le chemin de la maison.
Antoine Dole expose le malaise du jeune héros à se sentir en retrait d'un système viril et institutionnel, d'une norme dont l'écho ne lui parvient pas, où il ne se reconnaît pas et son tourment redouble à chaque incompréhension et absence de communication entre le père et le fils devant l'inéluctable : il ne sera pas aussi courageux ou aussi fort que lui semblerait-il.
Pourtant, la douleur est double et l'abcès est enfin éclaté au moment où la tension monte en crescendo et où la déclaration d'amour ultime et unique suffit à éviter finalement l'irréparable
Les jeunes lecteurs se feront eux-même leur opinion des actes et des mots, de cette agressivité démonstrative et symbolique de force sur autrui.
L'auteur explore aussi une facette de l'adolescence, une jeunesse qui grandit, cherche la reconnaissance de ses pairs, quitte à s'oublier soi-même parfois et goûte à la puissance enivrante des mots qui font mouche, qui rendent amoureux ou détruisent en deux temps trois mouvements.
En peu de pages, sur un ton juste et sans complaisance, Antoine Dole ne donne pas de prénom à son héros, il est il ou elle et il donne cette histoire à tous pour que l'on oublie pas ce qui nous rend le plus humain, nous lie profondément Percutant, très émouvant. A proposer à tous les grands ados qui défendent la loi du coeur, abordent la différence pas à pas, avec intelligence. A recommander aux autres aussi, il n'est jamais trop tard.