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Critique de Blok


Blok
07 septembre 2021
Ce livre est le résultat d'un projet original : à partir et autour d'archives familiales, l'auteur a voulu établir un tableau historique de la France au tournant des XIX et XX emes siècles. le résultat est déconcertant : on aboutit en effet à une sorte d'autofiction familiale à cadre historique, avec un certain nombre de défauts :
L'autofiction tout d'abord. Ce genre permet une certaine liberté, mais le rôle des aïeux de l'auteur dans le mouvement d'idées, les multiples rencontres de personnages historiques qu'ils font, tout cela semble bien exagéré, ce qui est fâcheux lorsque, au-delà de son histoire familiale, on entend raconter une époque
-la narration historique ensuite. Drummond, la montée de l'antisémitisme, l'affaire Dreyfus, le scandale de Panama, la création de l'action française, l'affaire des fiches, les attentats anarchistes, le socialisme.. cela fait beaucoup. Rien n'est vraiment faux, mais tout est sommaire et approximatif.
Ainsi Drummond n'a certainement pas l'importance que lui accorde l'auteur, il n'est pas le créateur de l'antisémitisme, qui a d'autres sources, et n'est nullement une création française, contrairement à la thèse de Sternhell, reprise ou plutôt plagiee dans"l'idéologie française" de Bernard-Henry Lévynt la fausseté a été démontrée.
de même Drumond n'a jamais été aux portes ddu pouvoir et n'en avait ni l'ambition ni les moyens.
En revanche le rôle de Maurras, présenté comme à moitié sénile et comme un un pantin entre les mains de Daudet, est curieusement sous-estime. Et l'antisémitisme de l'Action Française n'est pas celui de Drumond et n'en procède pas.
Plus grave le récit fantaisiste et totalement original (au mauvais sens du terme) des origines de l'affaire Dreyfus. Esterhazy était un traître véritable, il n'a pas fabriqué le bordereau pour faire accuser Dreyfus et rendre service aux antisémites, c'était un vrai compte rendu à l'attention des Allemands. Dreyfus n'a pas été accusé de manière délibérée mais en raison des préjugés, de la bêtise et de l'incurie d'un certain nombre de personnes. S'il y a eu des manoeuvres inqualifiables de la part du Haut Commandement pour faire condamner Dreyfus, ils n'en croyaient pas moins à sa culpabilité dans les premières années et d'ailleurs tout le monde y croyait. Même Jaurès s'était étonné au départ de la clémence du verdict, qu'il attribuait à ce que Dreyfus était un bourgeois, alors que les conseils de guerre condamnaient à mort des soldats issus des classes populaires pour des peccadilles. Et on pourrait continuer.
Enfin la narration est plate et desservie par un usage systématique du présent ( de plus en plus fréquent hélas dans la littérature actuelle).
A côté de cela, il y a des qualités d'exposition et de synthèse indéniables et on sent un travail de recherche considérable
Par exemple le scandale de Panama est présenté de manière claire et synthétique, d'autant que Donner n'y mêle pas sa famille...
Mais finalement on reste sur sa faim
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