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EAN : 9782246817130
512 pages
Grasset (01/09/2021)
3.93/5   74 notes
Résumé :
« Trente ans après L’Esprit de vengeance, qui évoquait mes sentiments envers mon grand-père, Jean Gosset, le temps était venu de chercher à savoir pourquoi cet homme s’était engagé dans la Résistance, qui le conduirait au camp de concentration de Neuengamme où il allait mourir. Les réponses, c’était son père qui allait me les fournir. »
C.D.

L’enquête s’emballe quand un trésor est découvert dans les archives familiales : lettres, journaux inti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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C'est une histoire un peu oubliée que raconte Christophe Donner dans La France Goy : la montée de l'antisémitisme au tournant du XIXe siècle et du XXe siècle. Un livre qui ravira les amateurs d'histoire, avec quelques réserves quand même, en particulier dans l'affaire Dreyfus.
Selon le narrateur de la France Goy, Drumont aurait rétribué Esterhazy pour que « il trouve quelque chose sur les juifs » et Esterhazy aurait alors rédigé le fameux bordereau. Vraiment ?
Je ne suis pas assez experte en histoire pour vérifier les autres faits du roman, mais cette constatation a enlevé beaucoup d'intérêt à ma lecture. Une lecture, avec beaucoup de citations, qui me laissait espérer des faits historiques précis.
La lecture est assez difficile, mais ce livre a le mérite de rappeler qu'à cette époque, on pouvait dire tout et n'importe quoi, avec les conséquences qu'on connaît.
Merci à NetGalley et aux éditions Grasset pour cette lecture.

Lien : https://dequoilire.com/la-fr..
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La France goy de Christophe Donner raconte dans un style clair et efficace l'histoire de la haine antisémite dans la France de la Belle Époque jusqu'à la Première Guerre Mondiale.

Déjà le titre grince. La France avec cet attribut « goy », terme de mépris qu'une communauté utilise pour qualifier ceux qui ne sont pas des leurs. La communauté en question est celle qui a payé le plus cher l'affirmation de son identité dans l'histoire d'un monde européen façonné par le droit romain et le christianisme : la communauté juive. Car comme toute communauté, cette dernière sait fort bien disqualifier l'autre par un vocabulaire péjoratif : le « barbare » du monde gréco-romain, le gadjo de la communauté Rrom et le youpin et bougnoule des « vrais » français.

La France goy, c'est la France non juive en quelque sorte. Seulement, très rapidement à la lecture du livre de Christophe Donner ce titre apparait comme le reflet, comme en miroir, d'un autre titre, celui d'un livre qui est peut-être le véritable protagoniste de celui-ci : La France juive, d'Édouard Drumont, l'inventeur du mot antisémite et qui a su le mettre à la mode ; en ce temps, ce mot n'était pas honteux. C'est Georges Bernanos qui déclara après la seconde guerre mondiale que "Hitler avait déshonoré l'antisémitisme".

Ce roman démonte la mécanique de l'antisémitisme français, et démontre, archives à l'appui, comme la haine fait bon ménage avec ce que nous appelons aujourd'hui les médias. Ce livre aurait pu n'être pas un roman ; sur ses 500 pages, peut être un bon tiers est constitué de longues citations d'archives et d'extraits de presse. Il est construit sur un solide matériau historique constitué par les archives familiales de l'auteur, par des archives publiques et la production journalistique de cette « Belle époque » dont nous savons tous qu'elle ne fut pas vraiment belle ; une époque où la haine couvait pour éclater en 1914 dans la folie meurtrière de la première guerre mondiale.

Dans la France goy, Léon Daudet est le point de rencontre entre deux fils narratifs rondement menés : d'une part l'histoire politique et sociale de la France entre les années 1880 et 1914 ; d'autre part, l'histoire familiale du narrateur qui se fait historien de son arrière-grand-père dont la correspondance est restée dans les archives familiales de l'auteur. L'histoire de Henri Gosset, ancien palefrenier et masseur doué (il est suivi par une réputation de guérisseur ou rebouteux dont son esprit positiviste réfute le terme) commence alors que, encouragé par cet étrange don de soigner, il décide de monter à Paris pour étudier la médecine. Son histoire a survécu dans les archives familiales de l'auteur en raison de l'attachement d'Henri Gosset à son oncle Hippolyte, resté au pays et avec lequel il entrepris une longue correspondance. Gosset n'est pas devenu médecin mais lors de sa première année de médecine, il rencontre le flamboyant Léon Daudet, étudiant comme lui et qui le prend en amitié. À ce croisement "Léon Daudet" nous entrons dans l'univers de Édouard Drumont que Henri Gosset n'a jamais rencontré. Ce second fil narratif nous fait pénétrer le monde interlope de la presse et de la politique où s'écharpent tribuns en mal d'audience, financiers véreux, journalistes rivalisant d'influence et troupeaux de militants musclés. Cette double perspective permet à l'auteur un habile démontage de la mécanique du travail de la haine par la presse imprimée devenue ce qu'on appelle aujourd'hui, un média de masse avec l'apparition des rotatives.

La maison Grasset qui publie ce livre est coutumière de cette pratique qui qualifie de "roman" ce qui semble relever de l'essai ou du document (l'autobiographie scientifique de Cédric Villani par exemple ; Théorème vivant, roman). D'autres collections d'éditeurs assument cette double valeur fictionnelle et documentaire – citons la collection des éditions du Seuil, Fiction et Cie qui publie tous les livres de Patrick Deville dont la matière historique se mêle à une mise en scène de l'écrivain en situation d'enquête (rejoignant l'étymologie grecque du mot histoire). Tout discours, toute parole est un mixte de factuel et de fictif : il y a du roman dans un documentaire ; il y a du documentaire dans le roman. Il ne s'agit pas de relativiser (« chacun voit midi à sa porte », « à chacun sa vérité ») les discours et les thèses mais d'inviter le lecteur a ne jamais prendre ce qu'on lui dit pour parole d'Evangile. Mais le romancier ne facilite pas la tâche : par exemple, la Libre Parole, le journal de Drumont a lancé l'affaire Dreyfus en diffamant celui-ci avec les conséquences que l'on sait, ceci est un fait historique. Estherazy fut l'auteur du bordereau dont il a ensuite attribué la rédaction à Dreyfus : cela relève désormais de l'histoire. Que Estherazy lui-même fut l'informateur de la Libre Parole pour diffamer Dreyfus, cela est fiction de l'auteur. On peut reprocher à Christophe Donner de ne pas l'avoir signalé. Car il n'ignore pas que les historiens ne disposent d'aucune archive leur permettant de donner un nom au mystérieux informateur du journal de Drumont. Comme romancier, il comble des vides avec son imagination et ses préférences personnelles là où un historien avoue son ignorance. D'ailleurs, en d'autres points du récit, il signale clairement au lecteur ce qui relève de ses hypothèses.

On juge l'arbre à ses fruits et l'on ne devrait pas goûter deux fois un fruit empoisonné. Pour ce qui est des fruits de l'esprit, nous prenons difficilement conscience de la manière dont ceux-ci nous affectent : en flattant notre besoin fondamental d'identité, ils peuvent nous enfermer dans une identité figée. Dans un contexte de profondes transformations politiques et sociales, le sentiment d'appartenance identitaire se sent menacé en permanence. Cette fragilité va jusqu'à endormir notre capacité à sentir cette même fragilité chez ceux qui ne nous ressemblent pas. La communication de masse aura vite fait de transformer ce sentiment en panique lorsque pour exister la presse commence à désigner l'autre, celui qui n'est pas comme nous, comme hostile.

Les lois sur la presse et la liberté d'expression constituent l'un des socles de la Déclaration universelle des droits humains ; en France ces lois sont nées précisément au moment où commence le récit de Christophe Donner. Avec L'affaire Dreyfus un nouveau type d'acteur était entré dans l'histoire ; l'intellectuel. Cette figure s'incarna en la personne d'Émile Zola. La presse peut aujourd'hui, à juste titre, se glorifier avec la publication de son J'accuse d'avoir changé le cours de l'histoire. Mais quand le principal instrument de la haine des juifs était un journal à gros tirages dont le titre était "La libre parole", un regard critique sur la presse en tant qu'elle est une technologie de l'information s'impose. On l'aura compris, La France Goy de Christophe Donner nous met face à notre époque. Une époque pas très belle où Twitter est en train de prendre la place des rotatives, où, aux élections présidentielles, un journaliste a réussi (un temps) à voler la vedette aux héritiers politiques de Drumont et où nous assistons impuissants aux massacres de l'Ukraine.
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Lorsque j'ai commencé ce roman je ne savais pas si j'irai jusqu'au bout. le sujet m'intéressait, la montée de l'antisémitisme, la violence de l'extrême-droite, les dérives et mensonges de la 3e république mais 507 pages tout de même … S'appuyant sur l'histoire de son grand-père, Henri Gosset, Christophe Donner nous fait un portrait bien peu reluisant de cette époque et des hommes qui étaient prêts aux pires vilenies pour le pouvoir. Une galerie impressionnante de personnages, écrivains, politique et autres donnent un roman qui fourmille d'histoires, appuyé de citations, d'extraits d'articles ou de lettres. C'est passionnant mais c'est aussi des années de violences, de trahisons et de haines. Comment Edouard Drumont, auteur de la France juive en 1886, a pu se focaliser autant sur la détestation du juif. Dans son journal, la Libre parole, en mentant sans scrupule, il ne faisait qu'exacerber la montée du nationalisme. J'ai découvert son ami, Léon Daudet, personnage peu reluisant lui aussi. Drôle d'époque où tout se réglait par des duels, violence, manifestations, propagande. Tout était bon pour pousser les gens dans la rue. Roman qui se lit facilement, tant il est passionnant. Mais épouvantable jusqu'à la nausée, bien évidemment et formidable par ce qu'il amène comme éclairage sur une époque plus que troublée. Et de lire dans ses pages « La France aux français », cela fait frémir tout de même. On ne peut que penser à ce que l'on vit en ce moment en France avec ce candidat haineux qui ne se gêne pas pour dire n'importe quoi et son alter ego ( Guillaume Peltier ) qui utilise les réseaux sociaux comme Drumont utilisait son journal.
Dans ces pages on retrouve tout un tas d'histoires, l'affaire Dreyfus, le scandale du canal de Panama, les bouillons Maggi que Drumont poursuit de sa haine, oubliant un peu les juifs, par une croisade antiallemand, l'affaire Caillaux, la mort de Ravachol, celle de Jean-Jaurès et la guerre toute proche. Je ne suis pas férue de cette époque et là j'ai énormément appris dans ces pages lues à toute allure. Et il y a ce « feuilleton « de la vie de la famille Gosset, qui amène du souffle à l'ensemble. Et la confrontation de deux mondes : les antisémites et les anarchistes par la rencontre d'Henri Gosset avec Marcelle, sa femme.
Vivant, passionnant, effrayant je ne peux que vous conseiller de lire ce roman.

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Ce livre est le résultat d'un projet original : à partir et autour d'archives familiales, l'auteur a voulu établir un tableau historique de la France au tournant des XIX et XX emes siècles. le résultat est déconcertant : on aboutit en effet à une sorte d'autofiction familiale à cadre historique, avec un certain nombre de défauts :
L'autofiction tout d'abord. Ce genre permet une certaine liberté, mais le rôle des aïeux de l'auteur dans le mouvement d'idées, les multiples rencontres de personnages historiques qu'ils font, tout cela semble bien exagéré, ce qui est fâcheux lorsque, au-delà de son histoire familiale, on entend raconter une époque
-la narration historique ensuite. Drummond, la montée de l'antisémitisme, l'affaire Dreyfus, le scandale de Panama, la création de l'action française, l'affaire des fiches, les attentats anarchistes, le socialisme.. cela fait beaucoup. Rien n'est vraiment faux, mais tout est sommaire et approximatif.
Ainsi Drummond n'a certainement pas l'importance que lui accorde l'auteur, il n'est pas le créateur de l'antisémitisme, qui a d'autres sources, et n'est nullement une création française, contrairement à la thèse de Sternhell, reprise ou plutôt plagiee dans"l'idéologie française" de Bernard-Henry Lévynt la fausseté a été démontrée.
de même Drumond n'a jamais été aux portes ddu pouvoir et n'en avait ni l'ambition ni les moyens.
En revanche le rôle de Maurras, présenté comme à moitié sénile et comme un un pantin entre les mains de Daudet, est curieusement sous-estime. Et l'antisémitisme de l'Action Française n'est pas celui de Drumond et n'en procède pas.
Plus grave le récit fantaisiste et totalement original (au mauvais sens du terme) des origines de l'affaire Dreyfus. Esterhazy était un traître véritable, il n'a pas fabriqué le bordereau pour faire accuser Dreyfus et rendre service aux antisémites, c'était un vrai compte rendu à l'attention des Allemands. Dreyfus n'a pas été accusé de manière délibérée mais en raison des préjugés, de la bêtise et de l'incurie d'un certain nombre de personnes. S'il y a eu des manoeuvres inqualifiables de la part du Haut Commandement pour faire condamner Dreyfus, ils n'en croyaient pas moins à sa culpabilité dans les premières années et d'ailleurs tout le monde y croyait. Même Jaurès s'était étonné au départ de la clémence du verdict, qu'il attribuait à ce que Dreyfus était un bourgeois, alors que les conseils de guerre condamnaient à mort des soldats issus des classes populaires pour des peccadilles. Et on pourrait continuer.
Enfin la narration est plate et desservie par un usage systématique du présent ( de plus en plus fréquent hélas dans la littérature actuelle).
A côté de cela, il y a des qualités d'exposition et de synthèse indéniables et on sent un travail de recherche considérable
Par exemple le scandale de Panama est présenté de manière claire et synthétique, d'autant que Donner n'y mêle pas sa famille...
Mais finalement on reste sur sa faim
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A partir de l'histoire de sa famille, Christophe Donner plonge avec La France Goy au coeur de la France nationaliste et populiste du milieu du XIXè siècle jusqu'à la fin de la première guerre mondiale. Ce roman est le récit de la transformation de la judéophobie en antisémitisme avec l'importance grandissante d'un Édouard Dumont, personnage assez hideux au talent polémiste hors norme, de son fils spirituel, Léon Daudet, jusqu'au fourbe François Maurras et son journal l'Action française.
Son arrière grand-père, Henri Gosset, découvre ses talents de guérisseur tout à fait fortuitement à l'adolescence. Pour répondre à la volonté de son père, il devient soignant et croise le jeune Léon Daudet. C'est cette proximité tout au long de la Troisième République puis après, que Christophe Donner raconte.
L'aïeul a une vie bien remplie : de palefrenier, il est reconnu à la fin de sa vie comme docteur en psychologie. Il épouse trois femmes, traverse la Commune et la première guerre mondiale et invente un outil pour empêcher les arnaques aux indemnités ! Mais, lui, le provincial se sent toujours à côtés des parisiens qu'ils fréquente. Ainsi son ami Léon l'appelle souvent mon petit et lui parle d'horreurs.
Car Léon est certes le fils du grand écrivain Alphonse Daudet. Mais, autour de son père gravite Édouard Dumont, très dévoué, qui sait répandre sa triste idéologie comme une vague de purin. Les frères Goncourt n'y sont pas insensibles. Mais Zola, ami aussi d'Alphonse, expose sa réprobation mais écrit L'Argent au même moment.
Malgré l'humour souvent présent, la lecture de ce roman, particulièrement bien documenté et agréable dans le style, reste difficile à découvrir tant le sujet est lourd, pesant de toute cette haine véhiculée. A travers la fiction, Christophe Donner livre une étude vivante qui retentit sur notre quotidien en accentuant les failles de notre société. En décodant le rouage de la communication des têtes pensantes de l'antisémitisme, c'est une lecture de notre monde actuel et du populisme ambiant où l'autre devient ennemi et où la vérité est une voix parmi d'autres.
La France goy est un roman sur la création de l'antisémitisme en France. Christophe Donner sait rendre léger, ironique et décalé son propos. Néanmoins, le sujet renvoie à un passé inacceptable reliée malgré tout à notre société et aux politiques de tous bords qui savent manier la peur d'autrui pour mieux imposer la vision déformée de leur idéal ! Un roman qui fera parler de lui !
Chronique avec photos ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/09/06/christophe-donner/

Lien : https://vagabondageautourdes..
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critiques presse (3)
LaTribuneDeGeneve
17 janvier 2022
L’écrivain Christophe Donner raconte l’époque où le polémiste d’extrême droite Léon Daudet accusait la société Maggi d’espionnage. Une histoire folle.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LesInrocks
09 janvier 2022
Dans une fresque historique glaçante – roman événement de l’automne et finaliste de notre Prix Littéraire des Inrocks –, Christophe Donner met au jour les dérives, les violences et les fractures de la France de la IIIe République.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LesInrocks
08 septembre 2021
Une fresque implacable qui raconte la construction de l’antisémitisme en France à la fin du XIXe siècle, et ses relents aujourd’hui.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
A propos du livre "La France juive"

Pour Zola, les choses sont claires, ce texte est un tissu d'imbécilités, d'enflures et lieux communs. Tout est tellement faux et haineux que ça mériterait d'être vrai et que les juifs lui prennent tout, à ce scribouillard, et qu'ils le soumettent à l'esclavage, c'est tout ce qu'il mérite ! C'est une chose de ne pas aimer les juifs, et il ne les aime pas non plus, mais leur cracher dessus comme ça, et vouloir les chasser, c'est autre chose. Le plus douloureux pour lui, c'est de voir sourire les Daudet, ses amis chers, en écoutant les inepties de ce Gnafron. Il manque vingt fois de se lever et partir en claquant la porte pour ne plus plus jamais revenir.
"C'est un pamphlet, tempère Alphonse.
- Ou une prophétie", tempête un Goncourt, enthousiaste.
Ce qui inquiète aussi beaucoup Zola, c'est que cette ignoble chose pourrait se vendre. Car le diable a du talent, son brulôt se lit comme un roman. D'ailleurs, c'est un roman, il en emprunte le rythme, la tension, le tragique des personnages, il sait de quoi il parle, Zola, lui le maître, le gardien, le garant de la marque. Si cette France juive se pose en concurrente du prochain Rougon-Macquart, c'est à désespérer de la littérature. N'importe qui peut écrire n'importe quelles horeurs.
Pour Léon qui n'a pas encore vingt ans, le bouqin de Drumont est une révélation. Il considère La France juive comme aussi important que L'introduction à la médecine expérimentale de Claude Bernad. Aussi nécessaire que le Traité de l'auscultation médiate de Laënnec : "Drumont opère sur la société comme un chiurgien, un biologiste."
Le mot de la fin pour Alphonse : "Personne n'oubliera les phrases redoutables de cette fresque ! Il y a comme ça des livres qui écrasent les autres. La France juive fait partie de ces raretés, cruelles pour ceux qui n'en sont pas les auteurs. J'ai connu cette mésaventure, il y a trois ans : j'étais en train d'écrire un grand romain, sans me vanter, mon chef-d'oeuvre. Enfin, ça me plaisait beaucoup, j'y étais presque, quand j'ai reçu la traduction du roman de cet écrivain russe que je ne connaissais pas, Féodor Dostoïevski. Après avoir lu son Crime et Châtiment, je me suis arrêté de l'écrire. A quoi bon ? Mais en ce moment, j'écris une pièce de théâtre dont les personnages ont lu et se souviennent d'avoir lu Crime et Châtiment. De la même façon, on ne pourra plus écrire un livre politique sans faire référence à celui de notre ami Drumont. Voilà ce que je pense."
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N'empêche que c'est sous la présidence de Léon Gambetta que l'Assemblée vote, le 29 juillet 1881, la nouvelle loi sur la presse.
Ce vote historique qui fera la fortune de Drumont, est commenté le lendemain dans Le siècle : "On ne pourra plus dire désormais : Silence aux pauvres ! Tout citoyen peut, à ses risques et périls fonder un journal, défendre et propager ses idées. (...) La République dit aujourd'hui à ses adversaires : Je vous donne la liberté de la presse et la liberté de réunion ; discutez, outragez, calomniez même. Le bon sens national fera justice de vos attaques et de vos injures. C'est la pleine liberté que se démontrent certaines impuissances."
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Le problème, c’est qu’il ne sait toujours pas vers quel bord, il penche. Un jour, son billet emprunte le méchant discours d’un anarchiste, aspirant à une “révolution totale”, un autre jour il ne parle que de démocratie, et entre-temps, il écrit un conte antisémite. Il faut dire qu’il change aussi très souvent d’alcool.
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Les causes d'une guerre ne se trouvent jamais ailleurs que dans la précédente. Et la paix n'est qu'une succession de difficiles et discrètes victoires sur la guerre. A partir de là, la nouvelle histoire à écrire serait celle des freins, des empêchements, des résistances qui parviennent à retarder l'inévitable déclenchement des hostilités. Il faudrait célébrer les héros de ces procrastinations vertueuses, trop méconnus, car leur souvenir est recouvert par la gloire des guerriers, enseveli sous l'ingratitude des masses.
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C'est le moment sacré où, entre deux êtres, la confiance se noue ou s'évapore. Elle ne tient qu'à une seule chose, qui n'est pas autre chose, pas même un concept, pas même un principe, c'est un sentiment, un élan, un désir de vérité. Et rien n'est plus subjectif, volatil, ça passe par le regard, ça s'installe dans les viscères, quand naît la certitude que l'autre ne ment pas, alors tout est possible.
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Vidéo de Christophe Donner
Christophe Donner vous présente son ouvrage "La France goy" aux éditions Grasset. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2549013/christophe-donner-la-france-goy
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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