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C'est une histoire un peu oubliée que raconte Christophe Donner dans La France Goy : la montée de l'antisémitisme au tournant du XIXe siècle et du XXe siècle. Un livre qui ravira les amateurs d'histoire, avec quelques réserves quand même, en particulier dans l'affaire Dreyfus.
Selon le narrateur de la France Goy, Drumont aurait rétribué Esterhazy pour que « il trouve quelque chose sur les juifs » et Esterhazy aurait alors rédigé le fameux bordereau. Vraiment ?
Je ne suis pas assez experte en histoire pour vérifier les autres faits du roman, mais cette constatation a enlevé beaucoup d'intérêt à ma lecture. Une lecture, avec beaucoup de citations, qui me laissait espérer des faits historiques précis.
La lecture est assez difficile, mais ce livre a le mérite de rappeler qu'à cette époque, on pouvait dire tout et n'importe quoi, avec les conséquences qu'on connaît.
Merci à NetGalley et aux éditions Grasset pour cette lecture.

Lien : https://dequoilire.com/la-fr..
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Lorsque j'ai commencé ce roman je ne savais pas si j'irai jusqu'au bout. le sujet m'intéressait, la montée de l'antisémitisme, la violence de l'extrême-droite, les dérives et mensonges de la 3e république mais 507 pages tout de même … S'appuyant sur l'histoire de son grand-père, Henri Gosset, Christophe Donner nous fait un portrait bien peu reluisant de cette époque et des hommes qui étaient prêts aux pires vilenies pour le pouvoir. Une galerie impressionnante de personnages, écrivains, politique et autres donnent un roman qui fourmille d'histoires, appuyé de citations, d'extraits d'articles ou de lettres. C'est passionnant mais c'est aussi des années de violences, de trahisons et de haines. Comment Edouard Drumont, auteur de la France juive en 1886, a pu se focaliser autant sur la détestation du juif. Dans son journal, la Libre parole, en mentant sans scrupule, il ne faisait qu'exacerber la montée du nationalisme. J'ai découvert son ami, Léon Daudet, personnage peu reluisant lui aussi. Drôle d'époque où tout se réglait par des duels, violence, manifestations, propagande. Tout était bon pour pousser les gens dans la rue. Roman qui se lit facilement, tant il est passionnant. Mais épouvantable jusqu'à la nausée, bien évidemment et formidable par ce qu'il amène comme éclairage sur une époque plus que troublée. Et de lire dans ses pages « La France aux français », cela fait frémir tout de même. On ne peut que penser à ce que l'on vit en ce moment en France avec ce candidat haineux qui ne se gêne pas pour dire n'importe quoi et son alter ego ( Guillaume Peltier ) qui utilise les réseaux sociaux comme Drumont utilisait son journal.
Dans ces pages on retrouve tout un tas d'histoires, l'affaire Dreyfus, le scandale du canal de Panama, les bouillons Maggi que Drumont poursuit de sa haine, oubliant un peu les juifs, par une croisade antiallemand, l'affaire Caillaux, la mort de Ravachol, celle de Jean-Jaurès et la guerre toute proche. Je ne suis pas férue de cette époque et là j'ai énormément appris dans ces pages lues à toute allure. Et il y a ce « feuilleton « de la vie de la famille Gosset, qui amène du souffle à l'ensemble. Et la confrontation de deux mondes : les antisémites et les anarchistes par la rencontre d'Henri Gosset avec Marcelle, sa femme.
Vivant, passionnant, effrayant je ne peux que vous conseiller de lire ce roman.

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A partir de l'histoire de sa famille, Christophe Donner plonge avec La France Goy au coeur de la France nationaliste et populiste du milieu du XIXè siècle jusqu'à la fin de la première guerre mondiale. Ce roman est le récit de la transformation de la judéophobie en antisémitisme avec l'importance grandissante d'un Édouard Dumont, personnage assez hideux au talent polémiste hors norme, de son fils spirituel, Léon Daudet, jusqu'au fourbe François Maurras et son journal l'Action française.
Son arrière grand-père, Henri Gosset, découvre ses talents de guérisseur tout à fait fortuitement à l'adolescence. Pour répondre à la volonté de son père, il devient soignant et croise le jeune Léon Daudet. C'est cette proximité tout au long de la Troisième République puis après, que Christophe Donner raconte.
L'aïeul a une vie bien remplie : de palefrenier, il est reconnu à la fin de sa vie comme docteur en psychologie. Il épouse trois femmes, traverse la Commune et la première guerre mondiale et invente un outil pour empêcher les arnaques aux indemnités ! Mais, lui, le provincial se sent toujours à côtés des parisiens qu'ils fréquente. Ainsi son ami Léon l'appelle souvent mon petit et lui parle d'horreurs.
Car Léon est certes le fils du grand écrivain Alphonse Daudet. Mais, autour de son père gravite Édouard Dumont, très dévoué, qui sait répandre sa triste idéologie comme une vague de purin. Les frères Goncourt n'y sont pas insensibles. Mais Zola, ami aussi d'Alphonse, expose sa réprobation mais écrit L'Argent au même moment.
Malgré l'humour souvent présent, la lecture de ce roman, particulièrement bien documenté et agréable dans le style, reste difficile à découvrir tant le sujet est lourd, pesant de toute cette haine véhiculée. A travers la fiction, Christophe Donner livre une étude vivante qui retentit sur notre quotidien en accentuant les failles de notre société. En décodant le rouage de la communication des têtes pensantes de l'antisémitisme, c'est une lecture de notre monde actuel et du populisme ambiant où l'autre devient ennemi et où la vérité est une voix parmi d'autres.
La France goy est un roman sur la création de l'antisémitisme en France. Christophe Donner sait rendre léger, ironique et décalé son propos. Néanmoins, le sujet renvoie à un passé inacceptable reliée malgré tout à notre société et aux politiques de tous bords qui savent manier la peur d'autrui pour mieux imposer la vision déformée de leur idéal ! Un roman qui fera parler de lui !
Chronique avec photos ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/09/06/christophe-donner/

Lien : https://vagabondageautourdes..
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Ce livre est le résultat d'un projet original : à partir et autour d'archives familiales, l'auteur a voulu établir un tableau historique de la France au tournant des XIX et XX emes siècles. le résultat est déconcertant : on aboutit en effet à une sorte d'autofiction familiale à cadre historique, avec un certain nombre de défauts :
L'autofiction tout d'abord. Ce genre permet une certaine liberté, mais le rôle des aïeux de l'auteur dans le mouvement d'idées, les multiples rencontres de personnages historiques qu'ils font, tout cela semble bien exagéré, ce qui est fâcheux lorsque, au-delà de son histoire familiale, on entend raconter une époque
-la narration historique ensuite. Drummond, la montée de l'antisémitisme, l'affaire Dreyfus, le scandale de Panama, la création de l'action française, l'affaire des fiches, les attentats anarchistes, le socialisme.. cela fait beaucoup. Rien n'est vraiment faux, mais tout est sommaire et approximatif.
Ainsi Drummond n'a certainement pas l'importance que lui accorde l'auteur, il n'est pas le créateur de l'antisémitisme, qui a d'autres sources, et n'est nullement une création française, contrairement à la thèse de Sternhell, reprise ou plutôt plagiee dans"l'idéologie française" de Bernard-Henry Lévynt la fausseté a été démontrée.
de même Drumond n'a jamais été aux portes ddu pouvoir et n'en avait ni l'ambition ni les moyens.
En revanche le rôle de Maurras, présenté comme à moitié sénile et comme un un pantin entre les mains de Daudet, est curieusement sous-estime. Et l'antisémitisme de l'Action Française n'est pas celui de Drumond et n'en procède pas.
Plus grave le récit fantaisiste et totalement original (au mauvais sens du terme) des origines de l'affaire Dreyfus. Esterhazy était un traître véritable, il n'a pas fabriqué le bordereau pour faire accuser Dreyfus et rendre service aux antisémites, c'était un vrai compte rendu à l'attention des Allemands. Dreyfus n'a pas été accusé de manière délibérée mais en raison des préjugés, de la bêtise et de l'incurie d'un certain nombre de personnes. S'il y a eu des manoeuvres inqualifiables de la part du Haut Commandement pour faire condamner Dreyfus, ils n'en croyaient pas moins à sa culpabilité dans les premières années et d'ailleurs tout le monde y croyait. Même Jaurès s'était étonné au départ de la clémence du verdict, qu'il attribuait à ce que Dreyfus était un bourgeois, alors que les conseils de guerre condamnaient à mort des soldats issus des classes populaires pour des peccadilles. Et on pourrait continuer.
Enfin la narration est plate et desservie par un usage systématique du présent ( de plus en plus fréquent hélas dans la littérature actuelle).
A côté de cela, il y a des qualités d'exposition et de synthèse indéniables et on sent un travail de recherche considérable
Par exemple le scandale de Panama est présenté de manière claire et synthétique, d'autant que Donner n'y mêle pas sa famille...
Mais finalement on reste sur sa faim
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Voilà, fondée sur la correspondance retrouvée d'Henri Gosset, l'arrière grand-père de l'auteur, une plongée dans la France de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Il se trouve qu'Henri Gosset a été proche des milieux antisémites de l'époque et en particulier de Léon Daudet et donc, par ricochet, d'Edouard Drumont. Henri Gosset deviendra l'un des pionniers de la kinésithérapie et sera mêlé de loin aux activités antisémites, décrites ici par le détail, y compris l'affaire Dreyfus.
Mais Henri tombera finalement amoureux d'une institutrice anarchiste. En contrepoint donc nous verrons agir cette autre France, avec ses meneurs, ses excès, ses rêves et j'avoue que c'est plutôt rafraîchissant.
C'est une fresque impressionnante qui nous livrée là, celle d'une France bouillonnante, écartelée entre monarchisme, nationalisme, antisémitisme virulent, socialisme et pacifisme, un pays en proie à des passions excessives, particulièrement violentes dans leurs expressions, à un point qui serait insupportable aujourd'hui.
La tension avec l'Allemagne s'accroissant, la germanophobie prendra peu à peu le dessus sur l'antisémitisme, jusqu'à la catastrophe que nous savons : 14 – 18.
C'est bien sonné, bien secoué que j'ai refermé ce beau livre informé, vivant, perturbant. Un livre d'histoire et une leçon pour aujourd'hui.
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Quel sujet "délicat" que cette " France goy" dont Christophe Donner a choisi de nous faire un portrait historique peu flatteur. Fin XIXe, nombreux sont les individus à rallier la cause antisémite ; peu importe les moyens utilisés ( violence, outrages, combats ...) , seule compte la haine du juif. Tout l'argument de l'auteur repose sur une base familiale et socio-intellectuelle sectaire. L'auteur manie avec doigté : horreurs, vindicte et autres mesures à l'encontre d'une catégorie sociale dont le seul tort est d'être juive.
Un ouvrage intéressant sur un sujet qui traite, une fois de plus, s'il en était besoin, de la vilénie du comportement humain.
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Le XIXe siècle est un siècle éminemment politique. Il naît dans le bruit et la fureur de la Révolution française pour disparaître sous les bombes et la boue des tranchées.
C'est une époque violente où tous les coups sont permis pour faire émerger une idée forte : il faut vendre, il faut prendre le pouvoir et c'est parce qu'on vend et se vend qu'on prend le pouvoir.

Christophe Donner est le plus fin des romanciers. Il sait mieux que quiconque raconter des histoires. Ici, celle de son arrière-grand-père, Henri Gosset, ami de Léon Daudet. Et par le biais du fils de, Édouard Drumont, auteur de la France juive. Cet ouvrage, best-seller de son temps, a fait naître la notion d'antisémitisme, et n'a qu'un but : attiser la haine dans un pays qui ressemble de plus en plus à une poudrière. Les journaux, nombreux et de tout bords, doivent faire parler d'eux. Une fausse information, un démenti, et c'est déjà deux articles. Peu importe qui l'on bafoue, que cela conduise à des duels, à des vengeance. Il faut se faire connaître, il faut exister.
L'écho avec Illusions perdues est fort. Les journalistes se vendent, les journaux s'achètent et le jeu politique se noue dans les rédactions. Et l'affaire Dreyfus se montre sous un tout autre jour.

Édouard Drumont pourrait n'être qu'un personnage ridicule, enfermé dans sa vision du monde, détestant Juifs et Allemands tout autant. Mais il est terrifiant. Parce qu'il est drôle et malin, qu'il sait comment séduire les foules, qu'il sait écrire. Parce qu'il deviendra député d'Algérie. Parce que même s'il ne réussira pas à atteindre pleinement son objectif personnel, il aura de nombreux alliés qui le suivront aveuglément, avant que d'autres prennent sa place.

C'est un grand roman. Intelligent, nécessaire, passionnant. le ton de Donner n'est jamais pesant, tout en second degré. Il résonne avec d'autant plus d'intensité depuis quelques semaines et la présence de candidats (ou non) aux discours qui n'ont aucun sens si ce n'est celui d'occuper l'espace médiatique. On n'en finit pas de rejouer la comédie humaine.
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La France goy de Christophe Donner raconte dans un style clair et efficace l'histoire de la haine antisémite dans la France de la Belle Époque jusqu'à la Première Guerre Mondiale.

Déjà le titre grince. La France avec cet attribut « goy », terme de mépris qu'une communauté utilise pour qualifier ceux qui ne sont pas des leurs. La communauté en question est celle qui a payé le plus cher l'affirmation de son identité dans l'histoire d'un monde européen façonné par le droit romain et le christianisme : la communauté juive. Car comme toute communauté, cette dernière sait fort bien disqualifier l'autre par un vocabulaire péjoratif : le « barbare » du monde gréco-romain, le gadjo de la communauté Rrom et le youpin et bougnoule des « vrais » français.

La France goy, c'est la France non juive en quelque sorte. Seulement, très rapidement à la lecture du livre de Christophe Donner ce titre apparait comme le reflet, comme en miroir, d'un autre titre, celui d'un livre qui est peut-être le véritable protagoniste de celui-ci : La France juive, d'Édouard Drumont, l'inventeur du mot antisémite et qui a su le mettre à la mode ; en ce temps, ce mot n'était pas honteux. C'est Georges Bernanos qui déclara après la seconde guerre mondiale que "Hitler avait déshonoré l'antisémitisme".

Ce roman démonte la mécanique de l'antisémitisme français, et démontre, archives à l'appui, comme la haine fait bon ménage avec ce que nous appelons aujourd'hui les médias. Ce livre aurait pu n'être pas un roman ; sur ses 500 pages, peut être un bon tiers est constitué de longues citations d'archives et d'extraits de presse. Il est construit sur un solide matériau historique constitué par les archives familiales de l'auteur, par des archives publiques et la production journalistique de cette « Belle époque » dont nous savons tous qu'elle ne fut pas vraiment belle ; une époque où la haine couvait pour éclater en 1914 dans la folie meurtrière de la première guerre mondiale.

Dans la France goy, Léon Daudet est le point de rencontre entre deux fils narratifs rondement menés : d'une part l'histoire politique et sociale de la France entre les années 1880 et 1914 ; d'autre part, l'histoire familiale du narrateur qui se fait historien de son arrière-grand-père dont la correspondance est restée dans les archives familiales de l'auteur. L'histoire de Henri Gosset, ancien palefrenier et masseur doué (il est suivi par une réputation de guérisseur ou rebouteux dont son esprit positiviste réfute le terme) commence alors que, encouragé par cet étrange don de soigner, il décide de monter à Paris pour étudier la médecine. Son histoire a survécu dans les archives familiales de l'auteur en raison de l'attachement d'Henri Gosset à son oncle Hippolyte, resté au pays et avec lequel il entrepris une longue correspondance. Gosset n'est pas devenu médecin mais lors de sa première année de médecine, il rencontre le flamboyant Léon Daudet, étudiant comme lui et qui le prend en amitié. À ce croisement "Léon Daudet" nous entrons dans l'univers de Édouard Drumont que Henri Gosset n'a jamais rencontré. Ce second fil narratif nous fait pénétrer le monde interlope de la presse et de la politique où s'écharpent tribuns en mal d'audience, financiers véreux, journalistes rivalisant d'influence et troupeaux de militants musclés. Cette double perspective permet à l'auteur un habile démontage de la mécanique du travail de la haine par la presse imprimée devenue ce qu'on appelle aujourd'hui, un média de masse avec l'apparition des rotatives.

La maison Grasset qui publie ce livre est coutumière de cette pratique qui qualifie de "roman" ce qui semble relever de l'essai ou du document (l'autobiographie scientifique de Cédric Villani par exemple ; Théorème vivant, roman). D'autres collections d'éditeurs assument cette double valeur fictionnelle et documentaire – citons la collection des éditions du Seuil, Fiction et Cie qui publie tous les livres de Patrick Deville dont la matière historique se mêle à une mise en scène de l'écrivain en situation d'enquête (rejoignant l'étymologie grecque du mot histoire). Tout discours, toute parole est un mixte de factuel et de fictif : il y a du roman dans un documentaire ; il y a du documentaire dans le roman. Il ne s'agit pas de relativiser (« chacun voit midi à sa porte », « à chacun sa vérité ») les discours et les thèses mais d'inviter le lecteur a ne jamais prendre ce qu'on lui dit pour parole d'Evangile. Mais le romancier ne facilite pas la tâche : par exemple, la Libre Parole, le journal de Drumont a lancé l'affaire Dreyfus en diffamant celui-ci avec les conséquences que l'on sait, ceci est un fait historique. Estherazy fut l'auteur du bordereau dont il a ensuite attribué la rédaction à Dreyfus : cela relève désormais de l'histoire. Que Estherazy lui-même fut l'informateur de la Libre Parole pour diffamer Dreyfus, cela est fiction de l'auteur. On peut reprocher à Christophe Donner de ne pas l'avoir signalé. Car il n'ignore pas que les historiens ne disposent d'aucune archive leur permettant de donner un nom au mystérieux informateur du journal de Drumont. Comme romancier, il comble des vides avec son imagination et ses préférences personnelles là où un historien avoue son ignorance. D'ailleurs, en d'autres points du récit, il signale clairement au lecteur ce qui relève de ses hypothèses.

On juge l'arbre à ses fruits et l'on ne devrait pas goûter deux fois un fruit empoisonné. Pour ce qui est des fruits de l'esprit, nous prenons difficilement conscience de la manière dont ceux-ci nous affectent : en flattant notre besoin fondamental d'identité, ils peuvent nous enfermer dans une identité figée. Dans un contexte de profondes transformations politiques et sociales, le sentiment d'appartenance identitaire se sent menacé en permanence. Cette fragilité va jusqu'à endormir notre capacité à sentir cette même fragilité chez ceux qui ne nous ressemblent pas. La communication de masse aura vite fait de transformer ce sentiment en panique lorsque pour exister la presse commence à désigner l'autre, celui qui n'est pas comme nous, comme hostile.

Les lois sur la presse et la liberté d'expression constituent l'un des socles de la Déclaration universelle des droits humains ; en France ces lois sont nées précisément au moment où commence le récit de Christophe Donner. Avec L'affaire Dreyfus un nouveau type d'acteur était entré dans l'histoire ; l'intellectuel. Cette figure s'incarna en la personne d'Émile Zola. La presse peut aujourd'hui, à juste titre, se glorifier avec la publication de son J'accuse d'avoir changé le cours de l'histoire. Mais quand le principal instrument de la haine des juifs était un journal à gros tirages dont le titre était "La libre parole", un regard critique sur la presse en tant qu'elle est une technologie de l'information s'impose. On l'aura compris, La France Goy de Christophe Donner nous met face à notre époque. Une époque pas très belle où Twitter est en train de prendre la place des rotatives, où, aux élections présidentielles, un journaliste a réussi (un temps) à voler la vedette aux héritiers politiques de Drumont et où nous assistons impuissants aux massacres de l'Ukraine.
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La France gy de Christophe Donner

Un roman intéressant et bien documenté mais auquel je ne parviens pas à m'intéresser...! Je lis en pensant à autre chose alors, mieux vaut retourner ce livre à la bibliothèque où je l'ai emprunté, heureux de ne pas avoir déboursé 34 euros pour ça ...
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Un véritable roman feuilleton avec moult anecdotes historiques sur le Paris intellectuel et politique de la belle époque.
Le personnage central est Edouard Drumond, journaliste à sensation et figure de proue de l'antisémitisme français, qui, grâce à Alphonse Daudet, a publié un bestseller : « La France juive ».
Il est impossible de résumer en quelques lignes ce livre croustillant, passionnant et instructif qui réussit à nous immerger dans la France d'avant la grande guerre.
On le referme en ayant l'impression d'avoir repris des cours à la fac.
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