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Critique de Ziliz


Ziliz
26 février 2023
« Fritna est l'explication de toute ma démarche. J'ai voulu que les femmes ne lui ressemblent pas. »
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Gisèle Halimi (Zeiza Gisèle Élise TAïEB), née en Tunisie de parents juifs en 1927, semble s'être construite en opposition à Fritna, sa mère. Cette femme était le modèle à ne pas suivre : cantonnée aux tâches domestiques, fatiguée et aigrie d'élever tant d'enfants, et par-dessus tout de parfois donner naissance à des filles. Elle les maudit autant qu'elle les plaint d'être vouées au même sort qu'elle : « Tu verras, toi aussi tu subiras la loi de Dieu ! Pour nous, les femmes, c'est notre destin de subir. »
Très tôt, Gisèle s'est opposée (à juste titre), se rebiffant contre les privilèges de ses frères, et a voulu combattre les injustices & les rôles assignés par la société selon le genre, la religion, la 'race'.
Malgré les revenus modestes de la famille, et grâce au soutien d'un papa à l'écoute, Gisèle a pu faire des études, celles envisagées pour le frère aîné que le père destinait à un bel avenir d'avocat.
On ne peut que s'en réjouir, égoïstement : un homme n'aurait pas fait tout cela pour les femmes, en France !
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Ce bel album est aussi instructif qu'agréable à lire - tons chauds aux couleurs du Maghreb, et visages expressifs (regardez sur la 1e de couv' l'air déterminé de la petite fille). Les auteurs nous racontent la jeunesse de cette célèbre avocate, au milieu des événements qui agitèrent la Tunisie (alors protectorat français) et le monde à partir des années 1930.
Les pages dessinées s'arrêtent sur le départ de Gisèle pour Paris ; elle a dix-huit ans. Une postface de quatre pages retrace à grands traits sa vie de femme, ses engagements et combats en tant qu'avocate, son passage en politique aux côtés de Mitterrand...
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Jeunes gens, lisez cette belle biographie illustrée, et retenez que rien n'est jamais acquis dans une société ; les retours en arrière sont possibles, regardez l'actu. Cramponnez-vous ! Descendez avec Môman dans la rue, au lieu de vous moquer d'elle... 😰😉
Et comme le disait madame Halimi en juillet 2020 aux jeunes filles/femmes : « Soyez indépendantes économiquement, c'est une règle de base [...] Ensuite soyez égoïstes ! Rebellez-vous ! Pensez enfin à vous. A ce qui vous plaît. Envoyez balader les conventions, les traditions et le qu'en dira-t-on. Vous êtes importantes. »
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Pour mémoire, quelques unes de ses actions (merci Wiki) :
• À partir de l'année 1960, elle assure la défense de l'activiste et militante Djamila Boupacha, accusée de tentative d'assassinat puis torturée et violée, en détention, par des soldats français. Aux côtés de Simone de Beauvoir, elle médiatise ce procès afin de mettre en lumière les méthodes de l'armée française au moment de la guerre d'Algérie.
• Figure du féminisme en France, elle est la seule avocate signataire du manifeste des 343 de 1971 réunissant des femmes qui déclarent avoir déjà avorté et réclament le libre accès à l'avortement, alors réprimé en France.
• En 1972, lors du procès de Bobigny, son action en tant qu'avocate de femmes accusées d'avortement illégal permet l'acquittement de trois des accusées ainsi qu'un sursis pour la quatrième, et contribue à l'évolution vers la loi Veil sur l'interruption volontaire de grossesse, en 1975.
• Aux côtés de Robert Badinter, en 1981, elle est à l'origine de la loi abrogeant la distinction de la majorité sexuelle pour les rapports homosexuels.
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Merci Mesdames Halimi, Veil, Beauvoir... 😘 ♥
... et merci à Babelio & Delcourt pour ce bel album.
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