Gisèle Halimi : Une jeunesse tunisienne

Quand je serai grande, moi aussi je serai une guerrière !

[ Tunisie, 1932 ]
- Tu es né quand, papa ?
- Tu sais, ma fille, nous les Berbères on n'inscrivait pas notre date de naissance. Ce sont les Français qui ont marqué sur mes papiers 'Né présumé en 1898'.
- Mais alors, tu ne sais pas ton âge ?
- Quelle importance ? Une année de plus ou de moins... En tout cas, c'était le 18 avril ! Ma mère se souvient très bien qu'il faisait beau, ni sirocco, ni air humide... Le printemps donc...

Ceux qui vivent sont ceux qui luttent.

Tu verras, toi aussi tu subiras la loi de Dieu !! Pour nous, les femmes, c'est notre destin de subir.

- Un pays est composé de plusieurs communautés…
- eh bien je suis tout à la fois.

• 1937
- La fille : Ce qui m'étonne, c'est qu'il y a encore moins d'Arabes au lycée qu'en primaire...*
- La mère : Bah... les Arabes n'ont pas besoin de faire d'études et les filles encore moins. Pour ce qu'ils travaillent...
- La fille : Et nous les Juifs ? Au lycée, ce sont surtout des Européennes...
- Le fils aîné : Comme si tu savais pas que la Tunisie est un protectorat français... Diviser pour mieux régner : dans ce pays, toutes les communautés sont dressées les unes contre les autres. Et en Algérie, c'est pire...

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* elle a 11 ans, donc équivalent du collège

Tant pis, les livres, eux me donnent la force !

-Un pays est composé de plusieurs communautés…
-Eh bien, je suis de toutes à la fois.

A partir de maintenant, je fais la grève de la faim tant que vous me demanderez de faire la servante !

Marx a dit : « ce n’est pas la conscience qui détermine la vie mais la vie qui détermine la conscience. »