Quand se taire devient
ce qui blesse dans la distance
pour quelques secondes
avec les mots c’est un peu de la vie
qui s’éloigne
et cela suffit pour rouvrir la solitude
Toutes les raisons d’aimer
de continuer ce court trajet
toutes les raisons
de ressentir la durée des heures
mais cela n’arrive pas.
Mémoire comme une paroi
une image se heurte à une autre
le jour creuse en lui-même
il y a toujours quelque chose
qui ébranle et bouleverse la vie
comme une mémoire du monde
jamais défroissée
Où est la gravité
des choses qui nous amarrent
au bruissement d’un instant?
Comment reconduire mon âme
jusqu’à toi? Mes yeux
s’éveillent en tes yeux
retrouvent soudain ce qu’on a perdu
au fond des grottes.
Le temps pose des éternités, puis, sans rien dire, les reprend.
Vers où, vers où irai-je alors?
Quel chant m’arrachera au vide
qui recommencera à cogner
dans ma poitrine?
Parfois je trouve un espace minuscule, si minuscule qu’il m’est possible de m’y replier entièrement. Je reste ainsi pendant des heures, fuyant la gravité du réel.
Les heures, comme des ombres
tracent le contour de mes pas.