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Hiver 1535, les guerres de religions commencent seulement à ensanglanter l’Europe toute entière : on va se battre frère contre frère, ami contre ami, ville contre ville, royaume contre royaume… Dans le Haut-Jura, aux pieds des Alpes, c’est à la frontière du Royaume de France et des Cantons Suisses que le sort du continent va se jouer !
http://www.babelio.com/auteur/Xavier-Dorison/2412/citations/800950
Entre cape et d’épée classique et survival moderne, nous suivons la cavale de Casper, un jeune homme plein d’illusions, et d’Hans Stalhoffer, un vieil homme plein de désillusions, ancien maître d’armes de François Ier, tous les deux dépositaires des dernières volontés de leur ami commun Gauvin, un médecin humaniste qui voulait éditer la Bible en français pour que tout le monde puisque y avoir accès…

Nous sommes dans une œuvre antisystème, presque une lutte des classes vue d’en bas, puisque nos deux héros sont alternativement traqués par les sbires du système menés par Giancarlo Massimo Alessandro di Maleztraza (qui souhaite plus que tout prouver à la face du monde qu’il est plus fort qu’Hans Stalhoffer), et les dupes du système menés par le simple mais rude Thimoléon… Et tous sont victimes de la peur et l’ignorance, qui ne sont que des outils permettant aux zélites de diviser pour mieux régner… Monde De Merde !
Tout n’est qu’allégorie dans cette œuvre puissante voire envoûtante : Moyen-Âge contre Renaissance, épée contre rapière, noblesse contre bourgeoisie, ancien contre nouveau, honneur contre argent, travail contre rente, Côté Clair contre Côté Obscur de le Force, toujours plus facile et toujours plus rapide…
Chaque personnage, évolue durant ces 100 pages de bruits et de fureur, et ce qu’il soit bon ou méchant… C’est suffisamment rare pour le signaler ! Casper mûrit en étant contaminé par le réalisme de Hans et Hans rajeunit en étant contaminé par l’idéalisme de Casper… Nous sommes donc quelque part dans un formidable buddy movie, mais il s’agit d’abord et avant tout d’une aventure humaine sombre, violente et cruelle ! Mais comme vous le savez, au fond de la Boîte de Pandore se cache l’Espoir (ici d’un monde meilleur pour des hommes meilleurs). Suivez l’actualité : fondamentalement, rien n’a changé en 500 ans… « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. » (Martin Luther King)

Xavier Dorison est un top scénariste dont la culture cinématographique n’est plus à démontrer : ici cela se sent, et les clins d’œil aux films de genre sont légion… Je me contenterai de citer les hommages à "La Vallée perdue" de James Clavell (1971), à "Les Duettistes" de Ridley Scott (1977) à au "Rob Roy" de Michael Caton-Jones (1995)… Que des saines références quoi ! ^^
Les dessins de Joël Parnotte sont d’excellente facture. Son style est assez proche de celui d’Yves Swolfs, et on sent l’ambition de faire du réalisme sergio leonien… Pour ne rien gâcher le découpage est d’une belle efficacité : bref que de bonheur que cela soit en gros plan ou en panoramique et on nous régale d’une galerie de tronches comme de beaux paysages !

Pour terminer, une pensée pour tous les amateurs de fantasy, qui s’ils ont quelques affinités avec les œuvres de David Gemmell vont kiffer de bout en bout : tous les personnages de cette bande dessinée semblent être issus de l’imaginaire du défunt maître anglais de l’heroic fantasy… Parfois, la vie est belle !


PS: est-il besoin de préciser que cela ferait un film du tonnerre ? blink
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1531. Massacres et batailles se succèdent partout en Europe entre les tenants de la Réforme de l'église et les catholiques papistes. En France, un autre duel se joue entre Hans Stalhoffer, le maître d'armes du roi François 1er depuis des années qui remet en jeu sa charge tous les ans, et le comte Maleztraza. L'épée contre la ravière. Tandis que le premier voit sa gorge percée sur la largeur, le second voit l'épée de son adversaire lui transpercer les joues. Aucun ne sort vainqueur de ce combat et le Roi choisira la rapière comme seule arme pour les duels royaux. Stalhoffer renoncera alors à sa charge, laissant Maleztraza furieux et revanchard.
Quatre ans plus tard, Stalhoffer reçoit la visite de Gauvin, l'ancien chirurgien du Roi qui l'a soigné. Ce dernier veut faire imprimer la Bible en français chez un imprimeur à Genève. Mais le collège de la Sorbonne, avec à sa tête Maleztraza, veut l'en empêcher et mettre la main sur lui et son manuscrit...

C'est dans une Europe divisée qui opposent les tenants de la Réforme (les futurs Protestants ou Huguenots) et les Papistes que Dorison plante son décor. Hans Stalhoffer, vieil homme résigné qui s'est éloigné de tout, va devoir venir en aide à Gauvin et Casper, tous les deux plus que jamais résignés à faire traduire la Bible en français. A leur trousse, Maleztraza, sûr de pouvoir se venger de l'affront qu'il a subi 4 ans auparavant et une congrégation protégée par la Vierge Noire. Moult rebondissements ponctuent ce récit foisonnant, intelligent et captivant habité par des personnages charismatiques, au fort caractère et qui en imposent. le dessin de Joël Parnotte en impose tout autant: un trait précis et tout en finesse, des visages très expressifs, des paysages de montagnes enneigées de toute beauté, des scènes de combat réalistes, une mise en page dynamique et de multiples cadrages.
Un duo qui fonctionne parfaitement et qui nous livre un album original et maîtrisé.
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Je m'attendais à un récit de pure baston du début à la fin histoire de me détendre l'ultime cellule grise encore fidèle.
C'était sans compter sur la petite touche émotionnelle qui vient vous sécher sans crier gare.
Petit coquinou de Dorison va !

A ma gauche, Hans Stalhoffer, tenant de la charge de maître d'armes envers son souverain François 1er.
A ma droite, le comte Maleztraza, prétendant à cette fonction et bien décidé à défaire l'actuel officiant.
D'entrée de jeu, le ton est donné. Le fer est croisé. Le sang rougit cette terre du Jura délavée par une pluie torrentielle.
Stalhoffer, sans démériter et au terme d'un combat à l'âpreté sans égale, renonce finalement à sa charge, privant alors son adversaire du sacre annoncé. Frustration maximale. Rancoeur éternelle.
Stalhoffer disparaît alors des radars. Une page est tournée.

Gauvin de Brême, accompagné de son jeune et fidèle Casper, poursuivent un but suicidaire: se rendre en Suisse pour y faire imprimer la traduction du nouveau testament en vulgaire. La Bible en français, la culture pour tous, pas certain que cela plaise au collège de la Sorbonne qui préfère de loin l'ignorance des masses dès lors bien plus aisée à contrôler.
Leurs destins sont désormais liés. L'aventure ne fait que commencer...

Grandiose et pis c'est tout.
Une chasse à l'homme monstrueuse d'intensité avec de vrais et beaux moments d'émotion à l'intérieur.
Le mix est parfait, le lecteur que je suis ravi.
Transition d'une époque, héros à la croisée des chemins, jeune apprenti à la foi chevillée au corps forçant l'admiration des plus sceptiques, ennemi héréditaire revanchard, autant d'ingrédients divers qui s'amalgament naturellement pour finalement constituer ce qu'il convient bien d'appeler un moment de lecture mémorable.

Dorison n'est plus à présenter et fait encore montre d'un talent de conteur hors norme.
Joël Parnotte parvient à en tirer la quintessence graphique, preuve d'une fusion pleine et entière sur un projet aussi ambitieux que fascinant.
Grandiose que j'vous dis !
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WAHOW !!! On ne le dira jamais assez : Xavier Dorison est un des meilleurs scénariste de bd français actuel. "WEST", "Sanctuaire", "Long John Silver", le récent "Undertaker" (je passe sur "Ulysse 1781" que j'ai trouvé moyen)," le Troisième Testament"," Prophet", "les Sentinelles"... Bref que du "heavy" comme dirait un pote.

Ce "Maître d'Armes" sera, à coup sur, à classer dans le meilleur de l'auteur. 1531 : Hans Stalhoffer, maître d'arme de François 1er et le comte Maleztraza s'affrontent dans un duel de grande intensité, l'un pour conserver sa charge, l'autre pour la lui prendre. Cette première scène d'anthologie annonce déjà le contexte général de l'histoire : la transition entre deux époques ; l'un (Stalhoffer) se bat avec une épée, l'autre avec une rapière, cette arme nouvelle, plus légère, dont l'apprentissage est plus aisé. L'un est d'origine germanique (du moins le suppose-t-on), issu du "vieux" monde donc, l'autre est "italien", terre d'émergence De La Renaissance qui, dans ce premier tiers du XVI siècle chasse peu à peu un Moyen-Age qui n'a pas encore dit son dernier mot. de plus, les tensions entre huguenots et catholiques papistes sont maintenant une réalité de plus en plus violente. L'affrontement se solde par un "match nul", les deux adversaires s'embrochant mutuellement.
Néanmoins, Stalhoffer, après avoir été sauvé par Gauvin, son ami et chirurgien du roi, décide d'abandonner sa charge et disparait, ce qui provoque la colère de Maleztraza, qui souhaitait une victoire nette et sans bavure. Il fait donc le serment de se venger.
Quatre ans plus tard, Hans, réfugié dans les montagnes du Jura, est devenu "encaisseur" pour un prêtre gras et corrompu et n'est plus que l'ombre de lui-même. Il tombe sur Gauvin, qui a embrassé la foi protestante et tente, accompagné de son jeune assistant Casper, de passer en Suisse, afin d'y faire imprimer un exemplaire du Nouveau Testament en "vulgaire" (en français). Refusant d'abord catégoriquement de les guider, il finit par les rejoindre dans la montagne, sur la dangereuse route du col Gabriel...

Pas de mystère donc, j'ai adoré :

-le personnage de Stalhoffer est magistral : il m'a furieusement fait penser à Druss dans "Légende", un vieux lion sur le retour, véritable légende vivante, habité par une vision de son art et de son devoir et qui, malgré les temps qui changent, n'en démord pas. Il saura, néanmoins, en une grandiose épanadiplose scénaristique, s'adapter pour mieux triompher.

-l'affrontement entre Stalhoffer et Maleztraza, est merveilleusement mis en scène et symbolise le combat des anciens contre les modernes.

-la fuite, puis la traque, de Hans et Casper est tout à fait prenante et m'a (toutes proportions gardées) évoqué Rambo 1 (bien sur, les persos n'ont pas le même charisme)

-les scènes de combat sont absolument bluffantes et mettent en avant tout le potentiel de Hans en la matière. C'est, bien entendu, en grande partie grâce aux sublimes dessins de Joël Parnotte, qui maîtrise de A à Z l'art du cadrage et de la perspective.

Bref cet album est vraiment excellent de bout en bout et j'en recommande chaudement la lecture

PS : je recommande aussi vivement de prendre connaissance de l'excellente critique de messire Alfaric.


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Je suis en train de développer un réflexe pavlovien, quand je vois Dorison sur la couverture d'un livre, il faut que je le lise. Ce n'est pas ma lecture du "Maître d'armes" qui va me guérir de mon addiction Dorisienne.

Dorison a encore pondu un scénario superbe, mêlant action, réflexion et émotion, le tout parfaitement dosé. Ce scénariste a un sens du romanesque assez impressionnant. La course-poursuite dans la montagne est haletante. Cet aspect du récit m'a fait penser à un survival, ici diablement bien mené. Une fois ouvert, impossible de refermer le livre.
Mais "le maître d'armes" n'est pas qu'une excellente histoire d'action. Derrière l'intrigue palpitante et les séquences d'action épiques, il y a un vrai propos humaniste. Pour servir ce propos, Dorison crée des personnages loin de tout manichéisme (à part un peut-être) et concocte des dialogues fins et subtils.

Quant au dessin de Parnotte, il participe pleinement à cette réussite. C'est visuellement très classique et les esprits chagrins regretteront un manque d'originalité (comme si originalité rimait forcément avec qualité) mais ceux-là oublient les qualités du classicisme, beauté et efficacité. Exceller dans ce registre demande une gerande maîtrise et quand c'est bien fait on se régale, ce qui est le cas ici.
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Quel souffle épique ! C'est le duel terrible de l'épée et de la rapière dans la rigueur de l'hiver en Franche comté, une course poursuite dans le froid et la nuit pour empêcher qu'une Bible traduite en Français puisse être imprimée en Suisse.
En commençant cette BD, j'ai été prise dans l'intensité de cet affrontement idéologique et viril entre deux maîtres d'armes qui surpasse l'horreur et la violence de la guerre de religion absurde qui a dévasté l'Europe du 16 eme siècle, dont les auteurs rendent compte avec maestria .
J'ai vraiment aimé cette aventure et ses personnages sombres qui se dévoilent peu à peu dans leur complexité, au cours d'un récit plein de rebondissements, à l'issue totalement imprévisible.
Si Hans est un authentique chevalier, fort et fidèle auquel on confierait sa vie, Casper le jeune apprenti de Maître Gauvin, que rien ne prédestine à devenir un héros se découvre avec courage un destin dans les épreuves. Giancarlo, le rival n'est pas un méchant intégral, Il représente un autre monde. Les ennemis mortels s'estiment mutuellement. Il y a de l'ancien et du nouveau monde dans chacun d'eux.
Des couleurs de deuil, des tâches rouges sang dans la neige, un dessin dynamique qui restitue l'action, et des portraits magnifiques, de vraies gueules de personnages de tragédie . C'est une réussite esthétique.
Il y a 500 ans, en Allemagne, il en a fallu du courage à un homme pour contester l'autorité de l'Eglise toute puissante, et risquer sa tête et le bûcher, le tarif pour l'impertinence et l'hérésie de l'époque. C'était la Réforme et son acte fondateur, l'accès aux écritures, à la lecture, propagée par les progrès de l'imprimerie. Des hectolitres de sang versés n'ont pas pu contenir la force de ce mouvement humaniste d'accès à la connaissance qui a dépassé de beaucoup cet affrontement de chapelles.
Xavier Dorison et Joël Parnotte rendent admirablement compte de cette époque troublée, de son incroyable bouillonnement d'idées et de la fin des certitudes anciennes .
J'ai beaucoup aimé cette BD et son propos original qui résonne juste à notre époque contre tous les terrorismes idéologiques .
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Une superbe bande dessinée fort Gemmellienne, à n'en pas douter, les amateurs reconnaissent et le disent, et ils ont raison ! :-)

Grandes idées clairement réprouvées par les pouvoirs en place, amoralité sous couvert de foi, les bons contre les méchants mais rien n'est aussi tranché (haha !) car la plupart sont influencés et manipulés, guerriers versus philosophes, gros boeufs versus personnages à buts plus élevés, c'est une bande dessinée à divers niveaux de lecture, qui dénonce entre autres l'abus de pouvoir et la volonté d'asservir le peuple par l'ignorance et la peur.

Les personnages clés (Hans/Malestraza (ah non lui non)/Casper/Gauvin/et même un gros bras de Thimoleon!) évoluent au contact les uns des autres, c'est émouvant, assez juste psychologiquement, et superbement servi par des dessins beaux et expressifs. (La tête de Hans quand Casper lui donne une jolie leçon de vie, lol !).

C'est un one-shot très sympa, et je suis plutôt mouquette d'être trop fatiguée par les excès de ces derniers jours, pour écrire quelque chose de plus enthousiaste et fouillé, mais j'y arrive pas, snif. Pour quelque chose dans ce genre, allez voir chez Alfaric, il a tout dit !
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Le duo Xavier DorisonJoël Parnotte nous offre une bande dessinée de fiction historique qui nous fait explorer les bas-fonds du XVIe siècle français.
Le Maître d'armes conte l'affrontement dans la durée de deux bretteurs, Hans Stalhoffer et Malztraza, sur fond de guerres de religion. le scénario de Xavier Dorison se tient parfaitement, par contre dans la bande dessinée avec un tant soit peu d'enjeu le choix des planches qui ornent les pages de droite sont importantes pour conserver le suspense et là à plusieurs reprises les coups de théâtre se retrouvent sur la page de droite, gâchant une partie du plaisir. Avis donc aux lecteurs : méfiance ! Pour autant, le dessin de Joël Parnotte est tranchant et les paysages poignants. L'ensemble est digne de l'esprit de son temps, puisque l'honneur est au centre de l'intrigue : on se poursuit pour l'honneur, on se provoque en duel pour l'honneur, on meurt pour l'honneur ; dès le prélude, les auteurs posent le thème principal : le bris des certitudes, du héros comme du lecteur j'imagine. Intéressant donc !

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Cette bande dessinée avait attiré mon regard dans ma librairie habituelle grâce au nom de son auteur : Xavier Dorison. En effet, j'avais eu un petit coup de coeur pour les deux premiers tomes d'Undertaker. Puis, c'est en furetant ça et là dans les rayons d'une des bibliothèques de ma ville que je suis tombée dessus et je l'ai emprunté. Je ne sais pas pourquoi mais je suis partie sur le postulat de départ que cette bande dessinée s'inscrivait dans le registre de la SFFF. S'il est vrai qu'elle contient un contexte historique, nous ne sommes pas loin non plus d'un petit côté surréaliste…

J'ai été déçue à plus d'un titre par cette bande dessinée. Tout d'abord, je l'ai trouvé violente et dès le début, le lecteur est plongé dans cette atmosphère brutale. En effet, le sang coule à flot lors du duel entre Hans Stalhoffer et son adversaire puis plus loin, quelques scènes de torture bien explicites suffisent à donner quelques haut-le-coeur. Âmes sensibles, s'abstenir…
Ensuite, le contexte historique m'a un peu déçu. Il est vrai que le personnage principal Hans Stahoffer est probablement inspiré d'Hans Talhoffer qui aurait vécu au XVème siècle, en Suisse, et aurait été célèbre pour avoir été l'auteur de plusieurs traités d'escrime. Ce petit clin d'oeil est plutôt sympathique mais le fait que ce personnage soit présenté comme une sorte de « Rambo » surhumain, capable de survivre dans un froid polaire et blessé presque à mort, m'a un peu fait lever les yeux au ciel.
De plus, le scénario patine par son manichéisme : l'idée de méchants catholiques qui veulent conserver leur privilège en maintenant le Peuple dans l'ignorance contre les gentils Protestants qui souhaitent au contraire l'éclairer en leur apportant une Bible en langue vulgaire, me paraît un peu réductrice. L'enjeu principal de la bande dessinée, celle de faire imprimer la dite Bible en Suisse et d'en être empêché, est également un peu surjoué et poussif.
Enfin, la palme revient aux dessins de la Cour de François 1er représentée à la toute fin. Si le costume de François 1er est directement inspiré d'un de ses portraits officiels, ceux de ces courtisans paraissent grotesques du fait de leur anachronisme flagrant. Certains costumes sont plus proches du XVIIème voire du XVIIIème siècle que celui du début du XVIème siècle…

Si les points négatifs dominent l'ensemble de ma chronique, j'aurais néanmoins un point positif à souligner : le suspense. En effet, lorsque Hans, son ami Gauvin et son apprenti sont pris en chasse par les hommes de Thimoleon de Vedres, dans les montagnes jurassiennes, force est de constater que le lecteur est tenu en haleine pour connaître le sort de ces pauvres bougres.

En conclusion, le Maître d'Armes est un one-shot décevant si l'on compare à l'excellent Undertaker qui avait lui aussi un cadre historique. Manichéenne, violente, peu crédible sur le fond historique et possédant un enjeu relativement pauvre, la bande dessinée sera très vite oubliée par mes soins.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Royaume de France. Milieu du XVIe siècle. L'Europe connaît de grands bouleversements d'ordre religieux qui divisent la population : d'un côté les catholiques, respectueux de l'Église et de son autorité séculaire, de l'autre les protestants, partisans d'une vaste réforme qui engendrerait de profonds changements à la fois dans le clergé mais aussi chez les simples pratiquants. C'est dans ce contexte troublé que l'on fait la connaissance d'un certain Hans Stalhoffer, exilé loin de la cour suite à la perte de sa fonction de maître d'armes du roi au profit du vil Maleztraza. Retranché dans un endroit reculé du Jura, notre guerrier n'en a toutefois pas terminé avec son passé qui ne tarde pas à revenir le hanter sous la forme d'un vieil ami cherchant à mener à bien une délicate mission. En dépit de son désintérêt complet pour la cause défendue par son ancien compagnon, le voici donc mêlé à une dangereuse entreprise visant à faire passer en Suisse un exemplaire de la Bible traduite pour la première fois en français. Car s'il y a bien un sujet sur lequel catholiques et protestants ne parviennent pas à s'entendre, c'est celui de la nécessité pour les fidèles de comprendre les paroles saintes jusqu'à présent écrites en latin et donc uniquement accessibles au clergé. Inutile et dangereuse pour les premiers, essentielle pour les autres, l'idée d'une traduction en langue vulgaire fait en tout cas couler autant d'encre que de sang. Vous l'aurez compris, la guerre à laquelle se livrent catholiques et protestants est ici au coeur du récit qui parvient en peu de mots à brosser un portrait plutôt complet du contexte de l'époque.

Mais ce ne sont pas uniquement deux religions qui s'opposent mais aussi deux techniques martiales, et finalement deux époques : « En ces temps indécis, les ténèbres du Moyen Age tentent d'étouffer les premières lueurs de la Renaissance. Un nouveau monde va éclore... ou être brisé dans l'oeuf. Qui triomphera ? La médecine de Vésale, les textes d'Aristote, l'imprimerie de Gutenberg... ou les bûchers des obscurantistes ? » On peut regretter une présentation parfois un peu trop caricaturale des choses mais dans l'ensemble le scénario tient la route et adopte même rapidement un rythme assez soutenu. le principal point fort de l'ouvrage réside cela dit dans ses graphismes. Personnages expressifs, magnifiques décors enneigés, et surtout combats impressionnants : les dessins de Joël Parnotte sont saisissants et la reconstitution là encore très soignée. On n'est d'ailleurs guère surpris de découvrir au début de l'ouvrage que les artistes ont fait appel aux conseils d'un véritable maître d'armes (ou plus précisément d'un « instructeur en arts martiaux historiques européens ») et que le nom du personnage fait référence à l'un des plus célèbres maîtres escrimeurs du XVe (Hanz Talhoffer, auteur de plusieurs traités relatifs aux arts du combat). Car ce sont enfin deux armes qui se font face, l'épée et la rapière : l'une s'obtient « au prix de victoires au champ d'honneur », l'autre « s'achète pour vingt sous et ne sert que celui qui la porte ». Autant vous dire que la confrontation finale opposant Stalhoffer et Maleztraza est assez spectaculaire !

Xavier Dorison et Joël Parnotte signent avec « Le maître d'armes » une bande dessinée visuellement très réussie faisant la part belle aux scènes de combats représentées avec soin et efficacité. le scénario nous offre quant à lui une histoire prenante menée tambour battant qui n'est certes pas exempt de défauts mais que l'on prend plaisir à découvrir.
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