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Critique de belette2911


Voilà une lecture dont je ressors mitigée tellement j'ai eu du mal à en venir à bout de ce pavé... Je sens que je vais faire grincer des dents, tant pis, ce ne sont pas mes dents et je suis ici pour donner mon avis, ce qui n'engage que moi.

Ayant fait, dernièrement, une superbe découverte avec les romans noirs et puisque les critiques dithyrambiques de ce livre le cataloguaient dans les noirs de chez noir et autres thrillers psychologiques, j'ai décidé de franchir le pas et de me pencher sur ce pavé littéraire.

"Crime et châtiment", pour ceux qui reviennent de Mars, c'est une "odyssée" sur le thème du salut par la souffrance.

Le roman dépeint l'assassinat d'une vieille prêteuse sur gage et de sa soeur cadette par Raskolnikov, un ancien étudiant de Saint-Pétersbourg, et de ses conséquences émotionnelles, mentales et physiques sur le meurtrier.

Raskolnikov avait une théorie particulière : selon lui, il existe des êtres supérieurs pour lesquels la notion de mal habituelle ne s'applique pas.

Cette élite est au-dessus des gens inférieurs et si pour atteindre un objectif noble, une de ces personnes se voit obligée de commettre un crime, elle peut le faire et a même le droit de passer outre les lois et les scrupules. Est-ce qu'on accuse Napoléon d'être un criminel ? Que nenni ! On lui élève même des statues.

Et puis, la fin ne justifie pas t-elle les moyens lorsqu'il s'agit d'améliorer la justice sociale ?

Tuer cette vieille usurière afin de lui voler son argent pour faire le bien, selon lui, c'est moralement tolérable. Son plan de bataille foirera puisque, surpris par la soeur de sa victime, il lui donnera aussi l'extrême onction par la hache.

Commettre un crime est une chose, l'assumer en est une autre et Raskolnikov n'assume pas. Il est rongé par les remords et la culpabilité, torturé par des dilemmes moraux et sa raison commence à défaillir, le rendant paranoïaque.

Fièvre, délire, visions, sa plongée dans l'enfer va aller crescendo. Notre homme arrivera même à rejeter sa mère et sa soeur.

L'atmosphère du livre est oppressante, étouffante, dérangeante. Tout cela est représentatif de ce que notre criminel ressent lorsqu'il est bouffé par la culpabilité.

Enfermé dans sa petite chambre, la chaleur plombant la ville, tout cela ne l'aide pas, plongé qu'il est dans son huis-clos lugubre. Il en est de même pour la ville de Saint-Pétersbourg : superbe et cruelle, certaines de ses rues suintant de misère qui grouille dans les taudis.

Ici, nous sommes aux côtés du criminel, on s'attache, non pas à la résolution du crime, mais à la manière dont Raskolnikov va pouvoir vivre avec son crime sur la conscience. Croyez-moi, ça le ronge comme de l'acide, surtout que notre homme a échoué dans son projet de vie.

Comment vous faire part de mon ressenti de lecture ? Pas facile... Parce que je ne sais pas trop où ça a coincé chez moi.

Le "message" du livre m'a bien plu, il m'a parlé, je l'ai compris; les personnages étaient tous bien travaillés, torturés; la misère noire dépeinte Dostoïevski était plus que réaliste et on peut dire qu'il a eu un regard acide sur la société russe de son époque.

Son écriture n'est pas plate mais plutôt frénétique, un peu folle, enflammée, les mots sont puissants, tout est décrit avec force et justesse. Bref, un grand auteur, cet homme.

Malgré tout, j'ai failli très souvent piquer du nez sur les pages durant ma lecture... Arrêtez de faire grincer vos dents, ce n'est pas bon pour l'émail ! de plus, cela me fait râler de ne pas avoir su entrer dans le livre pour l'apprécier, parce qu'il avait tout pour me plaire.

Tenez, les personnages, par exemple... Que du bon : ils sont tous taillés sur mesure, profonds, torturés.

Marmeladov, fonctionnaire désespéré et au chômage, un alcoolo qui en a été réduit à accepter que sa fille Sonia se prostitue afin d'aider sa famille. Marmeladov qui, entre autre, mourra en laissant sa famille dans la misère totale.

Sa fille Sonia, justement, qui a dû vendre son corps et ses charmes pour aider sa famille et qui se dévoue ensuite corps et âme pour notre meurtrier. Magnifique.

Le juge d'instruction, qui utilise des méthodes psychologiques et qui joue avec Raskalnikov au jeu du chat et de la souris. Il est aussi terrible et tout aussi patient que le félin lorsqu'il serre une proie dans ses griffes. Un personnage terrible et bien travaillé.

Svidrigaïlov, qui a sombré dans le côté obscur de la force (représentant la part sombre de Raskolonikov) qui ne trouvera pas la voie de la rédemption; Loujine, un être machiavélique, cruel, bref, un personnage horrible mais superbement bien travaillé, comme tous les autres.

Rien à dire de plus sur les autres personnages, ils tous fascinants, excessifs, outranciers, travaillés. "What'else ?" me direz vous.

"Crime et châtiment" est une oeuvre majeure, phénoménale, dans laquelle l'auteur décrit avec force et justesse ce que peut être la nature humaine dans ce quelle a de plus terrible. C'est une peinture au vitriol de la misère et de la lâcheté, sans parler de la condition humaine.

Malheureusement, je suis passée à côté. Dommage... J'aurais peut-être dû fractionner la lecture de cette oeuvre car je manquais de concentration.

En tout cas, je m'en serais voulue de ne pas vous en parler avec emphase parce que ce n'est pas la faute du livre si je suis passée outre. Tout était bien fait, bien écrit, travaillé, et tout s'emboîtait à la perfection. Il avait tout ce qu'il fallait dans le récit, la psychologie, les personnages, la trame de fond. Voilà pourquoi je lui accorde ses 4 étoiles et que je ne le descend pas en flamme.

Ce n'est pas parce que je l'ai loupé mon rencart avec lui que vous devez passer outre. Je compte revenir vers lui, plus tard, en fractionnant ma lecture.

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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