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Critique de CorinneCo


"Voili-voilà" comme dirait Iakov Pétrovitch Goliadkine «conseiller titulaire» d'une administration russe, vivant à Pétersbourg.
Monsieur Goliadkine "notre héros" comme l'écrit Dostoïevski rencontre son double sur un pont, une nuit. Et ce double va transformer sa vie en ronde infernale.
Très jeune, Dostoïevski écrivit à son frère qu'il avait le projet de devenir fou. C'était en somme un projet de vie. L'aliénation sociale, mentale, émotionnelle, thèmes chers à l'écrivain, se mêlent dans ce roman "de jeunesse" qui reçu un accueil glacial à sa sortie. Dostoïevski tenta de le réécrire sans y parvenir.
Je me suis plongée dans la psychose paranoïaque de Iakov Pétrovitch Goliadkine avec empathie et enthousiasme. Avec cette question : comment ce roman va-t-il se terminer ? Résistant à l'envie de lire les dernières pages, j'ai cheminé dans l'esprit malade de Goliadkine, car ce qui intéresse Dostoïevski n'est pas la description de la maladie, mais son cheminement dans la vie et l'esprit de son héros. Goliadkine est d'abord aliéné par une société codifiée à l'extrême, ou la place, le rang dans la société, le travail, détermine la personnalité du sujet. D'ailleurs Goliadkine s'inquiète toujours d'être à sa place, "dans le bon ton" comme il dit, d'avoir le discours adéquat, bref une aliénation de classe sociale très forte et déshumanisante. Iakov Pétrovitch Goliadkine aspire à rompre les barrières sociales, son échec va déclencher l'apparition du double. Il veut être désormais un "autre". Plus fort, plus sûr de lui, pur et parfait. Mais cet "autre" est aussi son ennemi, son double maléfique et malicieux.
La paranoïa de "notre héros" s'agrandit, tout le monde complote contre lui, tous sont ralliés à son double que l'on trouve plus drôle, plus spirituel, plus à l'aise en société, plus habile, plus intelligent, meilleur travailleur et .... plus jeune. Car l'entourage de Goliadkine, même son domestique voient son double. La réalité elle-même est contaminée. Et plus Monsieur Goliadkine veut s'expliquer, plus il s'enfonce dans les affres de son cauchemar. Il perd aussi peu a peu l'usage correct et courant du langage. Son parlé est aussi désordonné, désarticulé et bousculé que son esprit. Atteint d'une forme de jargonaphasie, Goliadkine perd pied, jusqu'à l'abdication.
Le double est un roman drolatique et désespéré, flou et fou comme Iakov Pétrovitch Goliadkine.
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