Frontières : Petit atlas poétique

Pour passer les frontières sans difficulté, quoi de mieux qu'une anthologie poétique ! Ce recueil, façonné par Thierry Renard et Bruno Doucey, « nous invite à lire les lignes de partage du monde comme on regarde les lignes d'une main. Avec un souci de ne pas séparer l'âme et le corps Une liberté d'interprétation. Une attention chiromancienne. »
Comme le dit la poétesse et chanteuse Sapho, « le monde est vaste » et ce recueil nous en offre un échantillonnage d'une grande richesse et variété.
On y suit les frontières tracées par l'homme, celles rendues mouvantes par la guerre. On croise des exilés, des maquisards et des passeurs, On oscille sur la ligne fragile entre vie et mort. Les frontières dressent aussi leurs murs dans l'imaginaire. On y rencontre l'autre et on y trouve aussi la liberté.

Chez Ange Alexandre Oho Bambe, « à l'intersection du réel et du rêve se trouve l'horizon, simple et délicieux »
Huh Su-kyung, poète coréen, nous parle de la tragédie de la guerre
« La guerre a éclaté
Des gens passent la frontière
Des tanks creusent des routes et des avions barrent les routes »
L'Ukraine, bien-sûr, est dans les poèmes et l'on ne peut être qu'ému en lisant les poètes ukrainiens comme Elia Yevtouchenko qui murmure : « Toute l'Ukraine est maison, et là pour chacun sa propre demeure est le coeur de la maison. »
La frontière peut-être aussi en nous, comme le clame Laura Lutard :
« Je suis une frontière et cela me plait
De me savoir abolie par les lois de l'attraction
Et leur indépendance. »

Bien pratique en fin d'ouvrage, une notice biographique de tous les auteurs cités.

Pas besoin de passeport pour franchir ces frontières-là, alors, mettez vos pas dans ceux des cent douze poètes de cette anthologie et … passez la ligne de partage en poésie.

Qu'elles soient géographiques ou symboliques, les frontières évoquent dans notre imaginaire presque toujours un obstacle, une limite, cette" porte fermée en lisière de nos vies". le printemps des poètes 2023 l'a choisi comme thème.

Les frontières géographiques sont douloureusement d'actualité. Les auteurs de cet atlas poétique, qu'ils soient Ukrainiens, Palestiniens ( voix aussi bien israéliennes qu'arabes), Africains ou Coréens, convoquent les mots de la séparation, de la mort, de l'exil aussi, comme le Coréen Mah Chong-gi:

" Entre un pays et un autre,
entre toi et moi,
cet ultime refus,
barbelé aussi glacial que la lueur d'une lame"

le mot " frontière " a évidemment un sens plus large et certaines parties du recueil développent cette ligne de partage entre soi et soi, soi et les autres, entre réel et imaginaire. Albane Gellé, dans un poème court et très juste, porteur d'espoir, englobe tout ce que ce mot évoque, nous appelant à franchir les barrières, à ouvrir nos coeurs:

" Passe à travers les larmes, les murs
enjambe les clôtures
va dans tes nuits, marche dans ta tête
et sur la terre
passe à travers l'hiver, les fous rires, les rivières
tous les miroirs"...

Depuis six ans, le printemps des poètes égrène l'alphabet pour trouver ses thèmes, après les frontières, ce sera la grâce... Un rendez-vous bien tentant aussi!



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J'ai apprécié le recueil de poésie "Frontières" publié par les éditions Bruno Doucey dans le cadre du Printemps des Poètes 2023. Ce recueil a réussi à retenir toute mon attention, contrairement à celui des éditions "Castor Astral" qui ne m'avait pas spécialement enthousiasmé.

Dès l'avant-propos du livre, les objectifs de "Frontières" sont clairement énoncés : explorer différentes zones de tension frontalière telles que l'Ukraine, la Corée du Sud, la Palestine, ainsi que d'autres frontières comme la Libye, la Syrie. de plus, le recueil s'attaque à d'autres types de frontières, qu'elles soient entre les vivants et les morts, entre le réel et l'imaginaire, entre soi et les autres, entre les âges, les langues, etc.

Chaque thème est parfaitement illustré par des textes qui résonnent avec le sujet abordé, sans aucune fausse note.

Je recommande donc vivement ce recueil, car il apporter le baume de la poésie pour soulager toutes sortes de maux aux abords de ces frontières.

Un livre qui invite au voyage mais pas tout à fait au voyage de carte postale.
Dans ce recueil publié dans la très reconnue maison de poésie Bruno Doucey, 112 poètes nous donnent à lire le mot "frontière".
Du Moyen-Orient à l'Ukraine, en passant par la Corée, les auteurs nous interpellent, interrogent notre vision du monde, de l'espace en plaçant l'humain au centre. Des poèmes qui touchent et ne laissent pas indifférents : certains suscitent la colère, d'autres la tristesse... le pouvoir des mots !
Bravo à l'éditeur pour cette belle initiative de réunir ces poètes autour de ce thème au combien d'actualité à l'occasion du Printemps des poètes.

Entre les pointillés tracés sur une carte de géographie et ceux lus sur la carte d'un boucher, il ne semble rien y avoir de commun. Et pourtant, ils délimitent, disent une appartenance ou une hiérarchie, isolent, découpent comme autant de frontières. Celles définies par les hommes et les guerres, celles tissées entre réel et imaginaire, celles qu'on dresse en soi-même, celles qui séparent le royaume des morts de celui des vivants. Des frontières multiples, mouvantes, difficilement franchissables parfois. Celles qui se dépassent aussi par l'humanité, par la poésie, par la rencontre.
Avec ce Petit atlas poétique, c'est à un voyage d'une grande richesse que nous convient Thierry Renard et Bruno Doucey , co-constructeurs de cette anthologie sensible. On y croise des peuples en fuite, la violence qui projette vers des ailleurs espérés. On y côtoie des deuils inconsolables, des sursauts. On aperçoit des horizons qui s'ouvrent, on frôle la douceur, on se fait témoin muet des hésitations et des partages. Lancés des quatre coins de la terre, les mots voguent de part et d'autre de ces frontières mouvantes, abolissent les murs, rassemblent dans un grand tout : la force de l'imaginaire, la puissance de la poésie font entendre les voix chantantes, les voix murmurantes, les voix hurlantes de celles et ceux qui ont la parole en partage. Un concentré de poésie pour abolir les frontières.

"Frontières" est le thème choisi pour le printemps des poètes 2023 qui débutera prochainement. Si le mot résonne douloureusement au regard du conflit lié aux territoires qui sévit en Ukraine, il peut aussi être synonyme de liberté pour d'autres, d'échappée belle. Leur abolition serait un mythe utopique salvateur mais leur présence nous rappelle aussi combien il est nécessaire de les dépasser pour mieux se rassembler.

Les éditions Doucey ont choisi de décliner le thème sous toutes ses acceptions et les poèmes présentés mentionnent aussi bien les lignes, bornes, murs et grilles, que les hommes et femmes qui ont su les dépasser, pour gommer les frontières entre soi et les autres ou entre réel et imaginaire. Quelques poèmes plus spécifiques s'intéressent à l'Ukraine, à la Corée ou encore à la Palestine.

Ce beau recueil permet de découvrir différents poètes souvent moins connus, et nous invite à voyager à travers le monde pour enfin, dépasser les frontières et retrouver notre humanité !
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