Autour d'Honor, tome 1 : Autour d'Honor

Toute trousse à outils avait besoin d'un couteau aiguisé. Si l'on se coupait avec, il ne fallait s'en prendre qu'à soi-même, pas à l'outil.

Les enfants n'étaient pas indestructibles mais ils s'en approchaient bien plus que la plupart des adultes n'étaient prêts à le reconnaître, et un certain nombre de bosses, de griffures, de contusions, de bleus, voire de fractures faisaient partie des rites inévitables de l'enfance, que cela plût ou non aux parents.

Elle ne dansait d'ordinaire que par obligation sociale : les rituels d'accouplement, abstraits ou concrets, ne comptaient pas au nombre de ses centres d'intérêt.

Quand on chevauche un tigre, on ne peut pas mettre pied à terre.

Ce qu'elle ignorait – et que ni Marjorie ni Richard n'avaient l'intention de lui révéler pour le moment – était que ses résultats la plaçaient dans le millième le plus élevé de l'espèce humaine. Même aujourd'hui, les tests se révélaient peu fiables lorsqu'on atteignait la stratosphère de l'intelligence, ce qui interdisait de classer plus précisément la fillette, mais Marjorie savait par expérience quelle difficulté il y avait à l'emporter dans une discussion avec elle. Confrontés à une suite interminable et inventive d'objections logiques (au moins de son point de vue), ses parents se retrouvaient parfois contraints de déclarer : « C'est comme ça parce qu'on le dit ! ».

Une structure décisionnaire centralisée à l’extrême comporte des avantages et des inconvénients. Et l'un des inconvénients venait de soulever sa vilaine tête pour mordre le comité de salut public dans le gras de ses tristes fesses.