Palimpsestes
MISE A JOUR
un trépan tournique aux gadoues
ça dévente et revente et bous-
cule au bivouac et chantourne
à la découpe hennit
ébroue le crin des bêtes
cornues et tortes
vacarme mou
vin bleu vin noir et Dieu
ce taiseux formidable
au vert à la salure
à l'enclos des morts
à que dalle
où ça pleut
10 juillet2010
p.78
AVIS DE GRAND FRAIS
Extrait 1
Il a le dos au mur
le voyageur il marche à contre-
sens et son œil est rivé-fixé
comme ça vient
aux fuyants frais labours
portiques d’acier sapinaies à layons
pavillons silex et meulière étriqués et fumeux
empans de glaises silos silos silos
lit bourbeux d’un fleuve à tortillons
ray-grass maigres un arbre quelquefois
sec et patibulaire hampes plumées mâts
dégarnis boqueteaux boqueteaux ferrugineux
dans les méconnaissables automnes
rien de neuf somme toute et tout
dans les siècles des siècles
sous l’heureux désordre
l’ombre hercynienne
les massues de suie du ciel nu rompu
...
Arrêts de je
FESTONS ET PAMPILLES
... le bel astre père le feu raréfié
brûleur d'ombre
au ciel fissuré troué dévêtu
enfin se meurt car
qui trop embrase mal éteint
un château flambe
quelqu'un qui dormait peut-être
tombe
c'est maintenant
le corps aimé grâces nouvelles
l'emmêlement broussaillu la fièvre
buissonnière à l'originelle intarie source touffe
d'ombre et d'or aux prés vifs et les canneberges
quand l'herbe bondit
tremble
tempétueuse (…)
p.122
Palimpsestes
a cappella
[…]
l'ordinaire homme raccommode ses rêves :
passer les dernière saisons
dégoiser le lait crépité bourru de la nuit
l'étain mar infusant d'un loch
un pré carré pavoisé d'épilobes
s'engriser bourrique à la fourchue brèche
jouir à fouir la seule chair aimée
entrer pour de bon pour de vrai dans l'île
Gairloch
15 juillet 2011
p.87
AVIS DE GRAND FRAIS
Extrait 2
le petit d’homme que son membre
rigide et l’embrasant désir
inopinément turlupinent
s’enchante à l’amoureux vertige
et pour le fêter vide
un flacon d’âpre vin violet
plus tard il rêve au rivage
il va
tomber très haut
en arrêt tourne
sa face aux souffles et crache
il s’étonne — rien pourtant
n’est jeune il le sait — d’un chien jaune
hirsute jouasse qui jappe au flot
tente mordre la vague
et le vent le rebrousse
l’implacable
la mer rue tousse
nul ici n’ignore
l’importance des petits riens
la fragilité vaguement lumineuse
l’éternité fossile des étoiles
et ce qui reste à rire et chanter
c’est la ténèbre toute crue
5 mars 2009
p.20
Palimpsestes
CATÉGORIQUE
Blessé tenant lieu tu sors
du noir bleu convulsif et le sombre
barrissement dans l'ouest et partout
de l'océan parolier
qu'inlassable sauvagement tu récoutes
et le ban flottant du matin
au noir des souffles
la glace irréductible et le cul finitif
du monde tu y vas trouver
hébétée proie du gel et de l'aposiopèse
les rois les puissants de la terre
enfin tes airs de je
26 avril 2010
p.77
Arrêts de je
FESTONS ET PAMPILLES
le vent taloche heureuse
déjà s'apaise et l'ondée tenace
noirement chuintante
percole et fraîchit
ce petit val moussu
où finit de luire un vague rayon
les oiseaux petits petits
noirs gris bruns très bleus très
corbeaux beaux corbacs encaustiqués
grives à cuicuis craillis
percent becquent pincent
la redoutable mère au front couronné de pavots
à l'œil fertilement clos la ténèbre
mère des sommeils et de l'insaisissable rêve
blanchit s'indécise et
le grand légendaire dragon
jouissivement vaporeux décarcasse
inépuisable les gouffres glauques
et dissymétriques tourneboule éparpille
le profus monde élémentaire (…)
p.121
Arrêts de je
LA NUIT énième
...
et les tourmentantes onglées
l'audible vent buccinateur
trompette aux quatre coins
aux rues sales aux pissoirs
ça roule à la futaie violette
aux dégingandés baliveaux
à la triste mer et la ritournelle
à l'estran jetée du contrarié reflux
justes vertiges songe l'enfant déambulateur
tout fait centre autour des lointains
et devant c'est le bout la fin
de tous les mondes possibles et pas
la matière est inadmissible
la stupeur désormais nous attend
Saint-Georges-du-Bois
11 mai 2013
p.116
Arrêts de je
LA NUIT énième
bonnement puante est la nature
où l'oblique pluie temporéternelle
rayante grise et bénite
retombe aux goitreux spectres
couenne os et flanelle
roucouleurs de miasmes et de chicots
on les rentend distraitement qui déchantent
mais leurs badaboums à la fin
ça nous lasse
et déjà les tic-tac commencent
partout dans tous les a-
zimuts s'évitent se tamponnent
s'enquillent des protons
celui qui qui qui celui
qui fut qui sera
la proie des chignonnants nuages
et des barbues nébuleuses
l'enfant ribotant sabotant dans l'aube
marche à la tournante neige (…)
p.115
Palimpsestes
a cappella
[…]
et moi remoimoi je
fus quand j'étais rocheux mort
à jardiner en cet Éden enclos
on y taillait aux lunaisons la bête rouge
pouque braillante et cornue
— ça suinte et puait —
sac à tripes et sang cuir à bas dépiécé
ossaille à cliquetis chipotailles
où s'affaire à la rage un corbeau goudronné
crave ou freux qui graille et craille
quoi QUOI QUOI ???
[…]
Gairloch
15 juillet 2011
p.86-87