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EAN : 9782072948947
88 pages
Gallimard (10/03/2022)
4/5   3 notes
Résumé :
Le plus remarquable chez Henri Droguet, c'est l'ampleur du souffle (un peu comme les vents à Saint-Malo), l'inventivité et la puissance de la voix. Des textes de ce style se prêteraient admirablement à la récitation à voix haute. On y perçoit d'emblée le fracas de la mer contre les rochers, la césure des lames glacées, la ruée des vents dans les voiles dont les poèmes en vers libres épousent le mouvement ; on y hume l'odeur d'iode aussi bien que le pestilence des "e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le titre du dernier ouvrage d'Henri Droguet laisse à penser qu'arrivé à cet âge de la vie, il y a comme une urgence à dire, à chercher des réponses aux questions existentielles. Mais s'il y a urgence, il ne doit pas y avoir précipitation et Henri Droguet est un de ces ciseleurs de vers qui prennent le temps de choisir le seul mot qui puisse convenir à son propos. Tel le joaillier, il assemble les mots pour les unir en un bijou d'inventivité dans les délices du désordre, des divagations, désarticulations, dislocations, devinettes, et autres tambouilles et ratatouilles, kyrielle ribambelle, rébus, prismes et miroirs. Les mots, le vocabulaire si riche de l'auteur. Nommer, préciser, tout ce que peu d'écrivains font désormais, dans le désordre des mots si bien arrangés (on pourrait aussi parler de jardins anglais), pour souligner l'incohérence du monde et s'interroger sur sa propre place dans cette époque opaque.

On retrouve dans ce nouvel ouvrage tous les
éléments indissociables de l'auteur normand de naissance et breton d'adoption : la mer, le vent, la pluie, et donc la météo marine, "les souffles tempestifs des bourrasques", les oiseaux ("la dérive accablée des corneilles, la rousserolle effarvatte s'effare et se carapate"), les végétaux ("arpents de seigle matricaires & potentilles") etc. Henri Droguet nous invite à l'accompagner, "Toutes affaires cessantes" donc, dans une promenade centrée sur l'observation du monde, tous sens en éveil, en conservant le regard affûté d'un Petit Poucet rêveur.

Et toujours aussi la malice d'Henri Droguet à tirer la langue hors de ses retranchements.
Aux lecteurs aimant être emmenés dans des chemins foisonnants, quasi impénétrables, où l'on bute régulièrement sur une expression disparue, une référence cachée, aux lecteurs ne craignant pas d'ouvrir le dictionnaire régulièrement, découvrez la poésie d'Henri Droguet. Une poésie qui demande autant d'exigence au lecteur qu'à l'auteur lui-même, mais aussi et surtout une poésie avec l'humour et le détachement qui font de sa lecture un plaisir.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
IMPROMPTU



miroir mon beau duplicateur mouroir
qui te déplisse mire et remire
démultiplie dédouble et
démire qui mire quoi
reflet de reflet de reflet de
rien mirage et leurre
à l'abyme à l'estran terraqué
pâli dépoli où le flot
va vient s'étale
on la connaît pourtant cette écume
carcasse opaque fourmillante
ses locaux et laiteux avatars
l'astre oublié surgelé
interdit de séjour
non lieu confus
creux vacant lieu
commun vague amas
mat et froid flottement
d'ombres dans les ombres
dé /logement dis/location

                                                  6 janvier 2020
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CHRONIQUE



puceron non conforme étonné
taciturne de tous ses yeux il s’émerveille
et regarde l’eau la lande et les bourrasques
la gueule aux ombres prête à d’une goulée
l’avaler il demande encore et encore
et encore à l’océan la forêt sac à feuilles
plus ou moins rouges à l’automne caduques
                                       à Dieu à qui quoi quoi ?
à la fin qu’on lui dise
ce qu’il fait – sinon soit aimer –
ici tout bas    mais (...)
à la perte on n’entend que
le naturel fracas de la nature
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Vertige

Un merle albinos œil d'or et bec d'or
jaquette demi-deuil
salue le jour de plus
La femme au salon démêle et decrepe
ses
cheveux mousseux qui crépitent
elle dit "la pluie revient"
on attend
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Ô SAISONS
  
  
  
  
1
pour l’été
n’importe où
l’archipel

2
pour l’automne
l’or
à bout portant

3
pour l’hiver
un rêve
un placard
où la souris chicote

4
pour le printemps
(s’il vient)
ce qu’il reste …
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