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Critique de Petitebijou


Toujours dans la collection « Classica – Répertoire » des Editions Actes Sud, cet ouvrage d'Alain Duault est beaucoup plus conventionnel dans sa démarche que les précédents ouvrages de cette collection que j'ai pu lire à ce jour. Il s'agit d'une biographie chronologique du compositeur, agréable à lire, assez précise, très claire, écrite dans un style classique qui sans être ennuyeux manque un peu de relief.
La vie de Chopin fut très brève, il est mort à 39 ans le 17 octobre 1849 d'une phtisie. Musicien aux dons précoces, ses aptitudes extraordinaires furent tout de suite encouragées par des parents (père français, mère polonaise) mélomanes et attentifs, et son talent fut reconnu par ses contemporains très tôt également. Enfant, le petit Frédéric fut comparé à Mozart (qui fut son compositeur préféré), davantage pour la précocité de ses compositions que pour son talent de pianiste. Il quitta la Pologne assez jeune pour Vienne et accroître son aura (où il rencontre Schumann, du même âge que lui, critique débutant qui aura la formule « Chapeau bas, Messieurs, un génie…), mais eut plus de mal qu'il ne le pensait à trouver des éditeurs pour sa musique. Ainsi, toute sa vie, Chopin donna des leçons de piano (qui lorsqu'il fut célèbre étaient d'un prix exorbitant), au début pour améliorer l'ordinaire puis ensuite pour assurer son train de vie de dandy parisien.
Après Vienne, donc, Paris, où Chopin devint vite le chouchou des salons mondains, mais noua également des amitiés avec des musiciens de son temps : Lizst, Berlioz (chacun n'aimait pas la musique de l'autre mais ils se respectaient et s'encourageaient), Mendelssohn (la star de l'époque), mais aussi avec des artistes comme Delacroix, avant de fréquenter les salons littéraires dès sa rencontre avec George Sand. Les riches familles polonaises habitant Paris lui ont servi de mécènes, et malgré une réputation ternie par le scandale de sa liaison amoureuse avec George Sand, Chopin n'a jamais été un artiste maudit. Seul son décès précoce l'a empêché de donner la pleine mesure de sa créativité.
Alain Duault nous brosse le portrait du compositeur d'une façon assez sentimentale, n'évitant pas parfois (à mon avis) les effets d'une dramatisation un peu facile parce que redondante (à partir du milieu du livre, on retrouve presque à chaque chapitre une formule du style « il ne se doutait pas qu'il ne la reverrait plus », ou « il ne savait pas qu'il n'y retournerait jamais »). Heureusement, l'ensemble reste assez sobre. Sur le plan psychologique, Alain Duault nous présente un Chopin éternel amoureux (souvent platonique), fragile sur le plan santé mais d'un caractère plus affirmé que ce que l'on pourrait croire à cause de certaines idées reçues léguées par la postérité. Sa liaison avec George Sand tient une place assez importante dans le récit sans peser par des détails mélodramatiques comme bien souvent lorsqu'il s'agit d'évoquer l'histoire d'amour entre ces deux artistes (Alain Duault démystifie notamment le séjour à Majorque, plus cauchemardesque en raison de l'état de santé de Chopin qu'idyllique – considéré comme pestiféré par les Majorquins, le retour en fut précipité).
L'analyse des oeuvres de Chopin est assez succincte : l'auteur nous informe de leurs compositions au fur et à mesure du récit, mais ne s'attarde qu'à de très rares exceptions sur ce qui fait leur réel intérêt les unes par rapport aux autres. Pour lui l'oeuvre majeure de Chopin demeure ses « Préludes ». Toutefois, il nous donne des éléments techniques et musicologiques de base pour bien les situer dans le contexte de son époque et apprécier ce que le musicien a apporté de nouveau à la composition, notamment en sortant le piano dit « romantique de salon » d'une mièvrerie convenue (cependant Liszt avait déjà commencé, mais était davantage reconnu comme interprète « démoniaque »).
Au final, cette biographie non dénuée de charme conviendra à un lecteur curieux surtout de la vie du compositeur. Il lui appartiendra de vouloir ou non compléter ses connaissances par d'autres sources plus approfondies. En annexe, Alain Duault conseille quelques interprètes pianistes selon ses préférences : en tout premier lieu, Nikita Magaloff (l'intégrale), puis Claudio Arrau, et « éventuellement » Rubinstein et Pollini. On peut regretter que l'oeuvre non pianistique ne soit que très peu évoquée.


Lien : http://parures-de-petitebijo..
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