Le temps des cerises : Les contestations sociales de 1870 à nos jours

Le Kamishibaï est un art de conter d'origine japonaise, qui consiste à faire défiler des images dans un théâtre en bois nommé butaï . C'est à travers lui que Joëlle Dubin a choisi de dire plus d'un siècle de contestions sociales, entre images d'archives et photographies contemporaines et dessins personnels, à l'aide d'une pochette de 15 planches illustrées.
C'est avec étonnement que je déploie le Temps des cerises, reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique, qui permet au conteur d'introduire les planches dans le butaï, d'en ouvrir les volets, et de raconter les luttes sociales, de Louise Michel aux Gilets Jaunes. Aux spectateurs de poursuivre la réflexion.

Ce théâtre d'images est une surprenante découverte, insolite et pédagogique à la fois, qui prouve que la chanson le Temps des cerises, associée à la Commune de Paris, dont les paroles ont été écrites en 1866 par Jean Baptiste Clément et la musique composée par Antoine Renard, est fortement ancrée dans notre histoire sociale, tant par la force des paroles que par la nostalgie qui en émane.
Je remercie les éditions Callicéphale pour l'envoi de ce Kamishibaï ainsi que pour le petit mot et le marque-page. En consultant leur site, c'est tout un univers consacré à l'art de conter que je viens de découvrir.

Un kamishibaï ? J'y suis allée un peu à l'aveuglette sur ce coup-là. En réalité il ne s'agit pas exactement d'un livre, mais d'une collection de quatorze images grand format. Elles sont à dévoiler successivement sur un théâtre en carton dont un conteur lit à haute voix les commentaires. Je me suis prêtée au jeu pour vivre l'expérience de cet art oratoire japonais, et côté public !
Je dois dire que j'ai beaucoup apprécié cette narration atypique. le thème s'y prêtait d'ailleurs bien : les contestations sociales depuis 1870, sujet foisonnant aux multiples facettes dont l'auteure a choisi comme fil rouge le Temps des cerises, célèbre chanson d'amour réappropriée comme hymne de la Commune de Paris.

Nous explorons ainsi divers événements historiques reliés entre eux par un questionnement : quels liens peut-on trouver entre deux mouvements de contestation parfois si éloignés en temps, en distance et en situation ?
Certaines images d'archive sont complétées par une moitié dessinée faisant référence à un tout autre contexte, immisçant ainsi les événements historiques lointains au sein de notre époque contemporaine. J'ai beaucoup aimé cette idée originale qui appuie ce questionnement.

J'ai quelques réserves toutefois, et elles portent surtout sur l'exécution de ces idées pourtant intéressantes sur le papier.
Le style du dessin notamment ne m'a pas tout à fait convaincue. Les documents d'archives bien choisis m'ont paru plus pertinents en comparaison.
Sur le fond, avec certaines transitions il est parfois un peu difficile de saisir où se trouve le lien avec la page précédente.

Ensuite, avec un format aussi court, la tâche est difficile d'aborder des sujets complexes aussi variés que la Commune, les gilets jaunes, les premières grèves du XIXème siècle, l'esclavage moderne, la responsabilité du consommateur, les bombardements contre les civils, les droits des femmes, des personnes de couleur aux États-Unis, etc.
Je me dis souvent que lorsque l'on n'entre pas dans la profondeur, on peut toujours trouver des rapprochements superficiels entre n'importe quel phénomène. J'aurais apprécié qu'il y ait des points de comparaison précis qui soient proposés, car ici je n'ai pas vraiment été convaincue par le rapprochement entre certains mouvements, notamment entre la Commune et les gilets jaunes.
En revanche, ce qui est très intéressant dans ce format kamishibaï, c'est qu'il est tout à fait propice pour ouvrir le dialogue et échanger des points de vue divergents sur ces questions. J'imagine d'ailleurs très bien cet ouvrage utilisé comme support en classe pour lancer un échange guidé avec des élèves.

En conclusion, ce fut très agréable de découvrir ce format méconnu. Les idées de fond étaient prometteuses, et je regrette que l'exécution ait de mon point de vue manqué de finition. Cette lecture m'aura en tout cas donné l'envie de me renseigner davantage sur les sujets évoqués.
Je remercie la maison d'édition pour l'envoi de cette ouvrage dans le cadre d'une masse critique Babelio.

Bon, un ouvrage que je ne m'attendais pas à recevoir et le premier du jour : un kamishiba ou l'art de présenter à la japonaise avec un théâtre en bois. Je connaissais de loin mais j'aurais jamais pensé devoir me mettre derrière. Honnêtement quand j'ai choisi cette oeuvre, c'était pour le boulot.

L'image de couverture est magnifique, mêlant ancien avec une police d'écriture plutôt sophistiquée, légère. Il a attiré mon attention entre ce mélange de dessin en noir et blanc et la couleur qui s'y ajoute.

Les images à l'intérieur sont tout aussi magnifique, variant entre dessins, peinture, photographie. Chaque image est accompagné d'un texte explicatif sur l'image d'avant, permettant la fluidité dans le jeu du kamishiba.

Le titre vient d'une magnifique chanson dont les paroles sont inscrit dans la dernière des 15 planches, le texte s'harmonisant avec les évènements de l'époque, transmettant une idée.

Cependant, bien que magnifique et un haut potentiel, je vais avoir du mal à travailler avec, n'ayant jamais fait de théâtre japonais. de plus, il faudrait que j'organise moi-même les images dans une lecture plus adapté que celle donné par l'éditeur. Surtout pour la logique de passer des manifestations entre deux guerres ou gilets jaunes. Même avec le texte, je ne projette pas dans l'utilisation de suite au travail, avec des élèves.