L’ode est très noble, belle, tout ce que vous voulez, mais trop outrée pour mes oreilles sensibles toutefois, que voulez-vous ! La mesure, la vérité en toutes choses, n’est plus appréciée de nos jours.
Pour avoir du succès, il faut écrire des choses suffisamment compréhensibles pour qu’un fiacre puisse les chanter tout de suite, ou tellement incompréhensibles que cela plaît justement parce que personne de sensé ne peut les comprendre.
Wolfgang Amadeus Mozart
— Ne soyez pas naïf, Mozart. Ici, pour réussir, il faut être entreprenant, audacieux, retors, même... Il faut courir aux quatre coins de Paris et s'épuiser à parler, à se montrer.
— Monsieur Grimm, je suis musicien et compositeur. Pas homme du monde.
— Eh bien, Mozart, ici on ne connaît pas la musique. On donne tout au nom, la notoriété fait tout ! Et le mérite de l'ouvrage ne peut être jugé que par un petit nombre. Le public est en ce moment ridiculement partagé entre Piccinni et Gluck, et tous les raisonnements que l'on entend sur la musique font pitié. Vous voyez, mon cher Mozart, dans un pays où tant de musiciens médiocres et détestables ont fait fortune, je crains fort que vous ne vous tiriez pas d'affaire. De l'entregent, Mozart, là est la clef de la réussite. Soyez mon secrétaire et nous reparlerons de cela.
— Encore une fois, monsieur Grimm, je suis un musicien...
— Bien. Je m'occuperai de votre cas le mieux que je peux. Maintenant, je dois prendre congé de vous, jeune homme.
— J'ai rencontré le grand Haydn à Mannheim. Il était étonné de votre situation, Wolfgang, et me dit... Comment Mozart, cet être unique, n'est-il pas appointé dans une cour ?
— Mon père fait des pieds et des mains pour me faire rentrer à Salzbourg. Il pense que mon voyage ici est un fiasco, que je n'ai rien accompli. Je ne suis pas fait pour enseigner. "Ich bin ein Musikus !" Pas un enseignant. Je laisse cela aux gens qui ne savent rien d'autre que jouer du piano.
Mes amis, j'ai tellement envie de m'échapper d'ici... Au pays de Voltaire, rien n'est beau. J'aimerais aller en Italie composer un opéra, je n'ai que cela en tête. Ces Français ne comprennent rien à la musique, leur langue n'est absolument pas faite pour la musique...
De votre musique se dégagent toutes les vertus de nos inspirations maçonniques. Le sentiment de liberté, de courage, d'honnêteté, de patience, de loyauté, d'humanité.
Paris est tellement sale. Ici on marche dans une merde indescriptible.
Quand le jeune prodige rencontre la ville des Lumières.
Mon très cher père, j'ai bien reçu vos lettres du neuf et du quinze. J'ai enfin terminé ma nouvelle symphonie qui fera l'ouverture du concert spirituel. J'en suis tout à fait satisfait. Mais savoir si elle plaira, c'est ce que j'ignore en vérité. Je m'en soucie fort peu, car à qui ne siérait-elle pas ? Pour le petit nombre de français intelligents qui seront là, je suis sûr qu'elle leur plaira. Quant aux sots, ce ne sera pas un grand malheur si elle ne leur convient pas. Mais j'ai encore l'espoir que les ânes y trouvent aussi quelque chose qui puissent les satisfaire. Et puis je ne manquerai pas le premier coup d'archet, et cela suffit ! Ces animaux en font toute une affaire !
Jeune homme, vous jouez merveilleusement. Vous donnez des leçons ?
Eh bien, Mozart, ici on ne connaît pas la musique. On donne tout au nom, la notoriété fait tout. Et le mérite de l'ouvrage ne peut être jugé que par un petit nombre. Le public est en ce moment ridiculement partagé entre Piccinni et Gluck, et tous les raisonnements que l'on entend sur la musique font pitié. Vous voyez mon cher Mozart, dans un pays où tant de musiciens médiocres et détestables ont fait fortune immense, je crains fort que vous ne vous tiriez pas d'affaire.