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EAN : 9782203178618
98 pages
Casterman (26/09/2018)
3.34/5   37 notes
Résumé :
Wolfgang Amadeus Mozart. Un nom mondialement connu… aujourd'hui synonyme de génie artistique. Pourtant Mozart est mal connu et pauvre quand il quitte Salzbourg. À vingt-deux ans, il fuit cette ville trop étroite pour son talent et l’emprise étouffante de son père. Arrivé à Paris en 1778, Wolfgang tente de gagner sa vie en donnant des leçons de piano et cherche à faire jouer sa propre musique.
Mais le génie et la spontanéité de l’ex-enfant prodige lui attiren... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Je remercie Masse Critique et les éditions Casterman pour l'envoi de cet ouvrage.
Je ne suis pas une grande connaisseuse en bandes dessinées mais je m'intéresse particulièrement à celles qui traitent des faits historiques ou dédiées aux personnalités.

J'ai d'abord été aimantée par la grande diversité dans le style des dessins. Certaines séquences narratives ont un style glané dans l'architecture classique avec une profusion de détails incroyablement précis, notamment des paysages parisiens. Une profusion de couleurs côtoie des monochromes pour indiquer les flash-backs. Des passages un peu farfelus qui jouent avec la temporalité rythment le récit.

Certains passages décalés et fantasques qui font penser à Alice au pays des merveilles rajoutent une note d'humour bienvenue.

Frantz Duchazeau nous fait découvrir la virtuosité, le génie, la maîtrise parfaite et l'oreille absolue de Mozart. Mais aussi son arrogance, son indiscipline, son côté orgueilleux, et son franc-parler qui ne lui a pas fait que des amis.

Evoquer un fait peu connu du passage de Mozart à Paris à travers cette forme d'expression artistique d'un style un peu alternatif et d'une grande recherche graphique est un très bel hommage.


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En 1778, fuyant la médiocrité de la Cour de l'Archevêque de Salzbourg - où, comme tous les musiciens, il est considéré comme un domestique - mais aussi, et pour la première fois, l'autorité tyrannique de son père, Mozart s'installe pour quelques mois à Paris, avec sa mère. Il a vingt-deux ans.

Survolté, parfois frivole et toujours passionné, il court le cachet, multiplie les leçons particulières et les exhibitions dans les salons de la haute société, compose à tour de bras et s'efforce avec l'aide (problématique) de Grimm – critique musical ami de son père – et de Legros – Directeur du Concert Spirituel – de se faire une place parmi les musiciens et les compositeurs de la Cour.

Mais avec son caractère susceptible, intransigeant et indocile, son franc-parler, son inconscience, son arrogance et son humour douteux, il ne se fait pas que des amis dans ce milieu très fermé pollué par l'ambition, la jalousie, les intrigues et les coups bas et où les compositeurs italiens, alors très en vogue et en lutte ouverte avec les compositeurs allemands, tiennent le haut du pavé. L'argent manque, le quotidien est difficile, et surtout sa mère, victime de fièvres, meurt brutalement – ce dont son père le rend responsable. Méconnu, méprisé et sans le sou, c'est sur un constat d'échec amer et douloureux qu'il rentre chez lui…

Le dessin de Frantz Duchazeau est tantôt aérien, onirique, léger et plein d'impertinence, tantôt extrêmement fouillé, avec un grand souci du détail : certaines cases, notamment celles consacrées aux rues et aux quartiers de Paris, sont de petits bijoux de précision et de raffinement, et il fait merveille dans cette très belle bande dessinée qui nous restitue un Mozart touchant, complexe, plein de doutes et d'humanité. le scénario, quant à lui, par son approche sensible et nuancée, rend particulièrement bien compte du poids permanent de culpabilité et de reproches que Léopold –présent en « voix off » tout au long de l'album – fit peser toute sa vie sur la conscience de Wolfgang. Habilement monté et bien documenté, il est par ailleurs fidèle à la vérité historique (telle qu'elle transparaît dans les documents d'époque et les correspondances) d'un homme hors du commun et d'un génie que nulle biographie ne saura néanmoins jamais totalement cerner.

Une très belle BD, avec laquelle je me suis régalée, et un très bel hommage à Mozart.
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"Mozart à Paris" : quel beau programme ! Malgré son sujet pour lequel j'ai une affection sans bornes, j'ai longuement hésité avant de me procurer cette BD. À chaque fois que je la feuilletais en librairie, j'étais rebuté par le style graphique de Frantz Duchazeau. Pourtant l'auteur (que je ne connaissais pas du tout jusqu'à présent) sait dessiner : il nous gratifie çà et là de très belles cases, il excelle notamment dans la représentation des décors, des bâtiments, de l'architecture de ce Paris d'avant Haussmann, quasi médiéval. En revanche, que dire des personnages... Certes, Mozart n'était pas le plus bel homme de son temps, mais quelle idée de le représenter sous la forme d'un être minuscule, un gnome ridicule et difforme, d'une laideur repoussante ! Je pense comprendre l'intention de l'auteur : montrer que lors de son séjour à Paris, Mozart était encore considéré comme un enfant, un être inachevé, qui ne deviendra véritablement adulte qu'à son départ pour Vienne à l'âge de vingt-cinq ans. Mais impossible pour moi d'adhérer à ce parti pris, d'autant que les autres personnages ne valent guère mieux dans leur esthétique, quoi qu'ils apparaissent plus humains. Les spécialistes me corrigeront peut-être, mais j'ai l'impression que pour avoir le privilège d'être estampillé "roman graphique", mieux vaut ne pas trop se soucier du dessin, un trait faussement négligé doit paraître cool et branché... Bref, le même genre de snobisme qu'on retrouve en littérature où seul compte le style et non l'histoire.

Pour ce qui est de l'histoire, justement : je ne suis pas le dernier à pester contre le format traditionnel de la BD qui, souvent, empêche un développement satisfaisant de l'intrigue ou des personnages, mais à l'inverse, j'ai trouvé que celle-ci, avec près de cent pages, aurait pu être raccourcie. Sur la fin, l'album déborde de son sujet puisque notre héros quitte Paris pour de bon, et les étapes à Strasbourg, Mannheim, Munich, puis le retour au bercail précédant le départ définitif pour Vienne, prennent l'allure d'un interminable épilogue. Il y a néanmoins dans ce scénario des choses intéressantes, ne serait-ce que parce que Frantz Duchazeau a eu la bonne idée de se focaliser sur une période charnière dans la vie passionnante de Mozart, un moment de crise qui a eu une importance capitale dans son parcours créatif. La France avait réservé un triomphe à l'enfant prodige ; une décennie plus tard, elle fut terriblement ingrate avec le jeune homme de vingt-deux ans. La famille Mozart n'aimait pas Paris, qui le lui rendit bien. La BD rend parfaitement compte des difficultés rencontrées par le compositeur durant les six mois de son séjour parisien, le dédain avec lequel il a été traité, l'état d'esprit détestable de l'intelligentsia : le baron Grimm le dit sans ambages, ce qui compte pour percer à Paris, c'est d'avoir des relations, le talent est accessoire. Pourtant, malgré l'incompréhension qu'il a trouvée en France, Mozart ne s'est jamais découragé, il est demeuré égal à lui-même : indocile, droit dans ses bottes, refusant toute compromission, sûr de son génie sans pour autant tomber dans la vanité. Si le lecteur connaissant mal la personnalité de Mozart se dit "ce jeune homme était sacrément orgueilleux, mais il avait toutes les raisons de l'être", alors c'est réussi.

Certaines choses m'ont fait tiquer, m'ont gêné ou déplu, et je n'avais pas l'intention d'écrire une critique sur cette BD que je croyais vite oublier... Mais il se trouve que je continue d'y songer quelques jours après et, même si c'est pour me dire "ça, je l'aurais traité d'une autre manière", c'est toujours mieux qu'une lecture qui laisse indifférent. Je pense que plus globalement, ça m'aura fait du bien de relire un livre sur Mozart : mine de rien, le bougre m'avait manqué.
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Ce que je veux… ? Composer un opéra !
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. La première édition de cet ouvrage date de 2018. Elle a été réalisée par Frantz Duchazeau pour le scénario, les dessins, et l'encrage. La mise en couleurs a été réalisée par Walter. Il s'agit d'une bande dessinée de 186 pages.

Leopold Mozart est en train de donner une leçon de piano à sa fille Nannerl (Maria Anna). Il met fin à la leçon. Elle indique qu'elle va prier à l'église et prier pour leur mère, et pour Wolfgang. le père se souvient de l'enfance de son fils : en particulier d'avoir constaté son génie musical précoce. Il se rappelle également le Grand Tour effectué avec cet enfant prodige entre 1762 et 1766, ainsi que sa démission de son poste de maître de concert à Salzbourg. En avril 1778, Mozart est à Paris et il se rend dans une riche demeure pour jouer du piano lors d'une réception. La riche noble le fait installer au piano : il fait observer que trois touches sont bloquées sur le clavier. Elle lui répond que ça ne devrait pas être trop compliqué pour lui. Il joue au piano et tout le monde continue à parler sans prêter attention à lui. Il est abordé par la duchesse de Castries qui lui demande de lui donner des leçons à partir du lendemain, ce qu'il accepte. Il retourne dans le petit appartement qu'il occupe avec sa mère en lui disant qu'il faut qu'il s'achète une nouvelle veste. Sa mère lui fait remarquer qu'il n'a pas d'argent.

Mozart ressort pour aller se promener dans les rues de Paris. Il se rend chez le coiffeur et en profite pour se faire raser pour la première fois de sa vie. Il se trouve beau. Ensuite il va donner la leçon promise à la duchesse. Quand il arrive, il a surprise de constater qu'il y a de nombreux invités. Elle lui explique que ce sont des amis qui sont passés à l'improviste, mais que cela n'empêche pas qu'il lui donne une leçon. Elle se lasse très vite, n'arrivant pas à jouer correctement. Il s'installe à côté d'elle et joue : tout le monde s'arrête de papoter et écoute. Quand il s'arrête, Joseph Legros s'approche de lui et se présente, en tant que directeur du concert spirituel. Il a reconnu l'enfant prodige. En réponse aux questions, Mozart indique qu'il a maintenant 22 ans. Legros lui commande une symphonie. Mozart rentre chez lui et évoque ce qu'il vient de se passer avec sa mère. Elle lui demande s'il a été payé : il répond que non, qu'on lui a donné une tabatière pour sa composition de choeurs. Il ajoute qu'il lui tarde de composer un opéra qu'il n'a aucune envie de retourner à Salzbourg ou à Mannheim où il n'est rien. Il s'énerve en découvrant que la troisième lettre écrite par son père cette semaine, en sachant déjà ce qu'elle contient : il doit trouver une situation stable, il doit oublier Aloysia Weber, il faut qu'il pense à son père qui s'est endetté pour que son fils puisse faire ce voyage. le lendemain, il va rendre visite à Friedrich Melchior Grimm, un bienfaiteur, sur les conseils de son père.

Le titre est très explicite : cette bande dessinée se focalise sur les semaines passées à Paris, par Mozart de mars 1778 à octobre de la même année. L'introduction de 3 pages évoque très rapidement les années d'enfance de Wolfgang, essentiellement le Grand Tour et le besoin d'affection de l'enfant. Il vaut mieux que le lecteur soit un peu familier de l'histoire du compositeur pour comprendre cette phase de sa vie. En effet, le comportement, le ressenti de Mozart et la réaction des personnes autour de lui forment le prolongement logique de ce Grand Tour. Au cours de cet ouvrage, la compréhension du lecteur varie fortement en fonction de sa familiarité avec la vie Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Il est fait mention de manière incidente, sans développement particulier, du métier du père de Wolfgang, d'Aloysia Weber (1760-1839, soprano allemande), du Grand Tour, de sa taille, de ses amis musiciens de Mannheim, du contexte de composition des opéras et de la musique, en particulier par Christoph Willibald Gluck (1714-1787) et Niccolò Piccinni (1728-1800), de son poste de Konzertmeister à Salzbourg. L'ouvrage s'adresse donc à un lecteur qui a déjà eu la curiosité de s'intéresser à la vie du musicien et qui en connaît les grandes phases. Un lecteur néophyte éprouve des difficultés à saisir les enjeux quand ils ne sont exprimés qu'à demi-mots, ou même l'attitude de Mozart et les réactions qu'elle provoque, faute d'avoir déjà une idée au préalable de son caractère et de sa réputation.

En découvrant la première page, le lecteur constate que l'artiste ne souhaite pas s'inscrire dans un registre réaliste pour certains éléments de ses dessins. Cela se voit en particulier dans les visages qu'il représente plus ronds que la normale, le nez de Mozart un peu trop long et trop arrondi, sa silhouette avec une taille d'enfant, les yeux souvent représentés sous la forme d'un simple point, des petits traits un peu légers à l'intérieur des formes détourées pour les plis et les textures, comme s'il s'agissait de traits de crayons préliminaires, des contours qui semblent un peu lâches, pas assez précis. Cette apparence peut sembler s'apparenter à des dessins à l'économie, mais cette impression disparaît dès la page 9. L'artiste investit beaucoup de temps pour représenter certains décors : une vue de l'Île de la Cité, la cour intérieure d'une immense demeure où il ne manque pas un seul carreau aux fenêtres, les rues de Paris avec des bâtiments reconnaissables (par exemple les arcades de la Place des Vosges), une vue du ciel de l'Île de la Cité, les pianos ouvragés des riches bourgeois, plusieurs ponts de Paris, l'Hôtel de Ville, la Fontaine des Innocents et sa place, les jardins des Tuileries, le magnifique parc autour de la demeure du comte Karl Heinrich Joseph von Sickingen, l'ambassadeur du Palatinat. (1737-1791), Notre Dame de Paris, etc. Les accessoires et les détails sont également représentés avec une grande attention, par exemple un magnifique papillon en page 59. le lecteur en déduit que le choix de l'artiste est de donner plus de légèreté aux personnages.

Wolfgang Mozart bénéficie d'une représentation plus singulière que celle des autres personnages. Pour commencer, Duchazeau le dessine vraiment plus petit que tous les autres, de la taille d'un enfant d'une dizaine d'années, soit plus petit que 1,52m, sa taille réelle vraisemblable. Là aussi, s'il n'est pas familier de cette caractéristique du compositeur, le lecteur se demande bien ce qu'il en est. L'exagération de sa petite taille sert à montrer que ses hôtes ne voient en lui que le petit prodige dont ils ont entendu parler ou qu'ils ont peut-être vu à l'occasion du Grand Tour, encore un enfant. Elle sert peut-être également à se figurer comment Mozart se voit lui-même, et à insister sur son caractère encore enfantin par certains aspects. Son nez à la longueur exagérée et ses grands yeux lui donne un visage intense, à la fois pour des émotions non filtrées, à la fois pour le génie qui l'habite. L'auteur met en oeuvre une narration visuelle assez dense, avec souvent des pages comprenant 10 à 12 cases, soit plus que dans une bande dessinée habituelle. Il conçoit des prises de vues adaptées à chaque séquence, avec des plans plus larges lors des déplacements de Mozart dans Paris, et des cadrages prenant souvent les personnages en pied pour les dialogues. Dès la deuxième séquence, l'impression de dessins légers ou rapides a abandonné le lecteur qui peut se projeter dans chaque environnement, et qui se tient aux côtés des interlocuteurs comme s'il était présent pour écouter à la conversation.

Porté par une narration visuelle solide, le lecteur suit donc Wolfgang Mozart pendant ces quelques mois. Il sait bien sûr qu'il s'agit d'un compositeur de génie ainsi que d'un musicien virtuose, dont les oeuvres ont traversé les époques et ont résisté à l'épreuve du temps. Sous réserve qu'il dispose d'un peu de culture sur sa vie, il sait aussi qu'il fut un enfant prodige exhibé dans les grandes cours d'Europe durant son enfance. Il ressent alors autant de frustration que le musicien n'arrivant pas être pris au sérieux, n'arrivant pas à gagner sa vie. La situation est encore aggravée par le manque de tact de Mozart et par son franc parler, dans une société fonctionnant sur le principe d'une cour. Il enrage de voir que l'évidence n'est pas reconnue. de ce point de vue, l'auteur atteint parfaitement son objectif de montrer un jeune adulte surdoué dans une société qui s'avère incapable de l'entendre. En creux, il présente également le besoin affectif insatisfait du jeune adulte. En filigrane apparait également le pouvoir de la musique, langage universel des émotions. le ressenti du lecteur oscille entre une forme d'énervement à voir un jeune homme aussi talentueux se heurter aux limites des adultes, mais aussi incapable de s'adapter pour gagner la faveur de deux ou trois d'entre eux. Il n'y a ni justice, ni intelligence dans cette situation.

Frantz Duchazeau focalise son récit sur une dizaine de mois de la vie de Mozart, essentiellement son séjour à Paris en 1778. Passé une page ou deux, le lecteur se rend compte de la qualité de la narration visuelle, des partis prix effectués sciemment par l'artiste pour être en phase avec la nature du récit. Il suit les déboires d'un génie incapable de s'adapter aux coutumes sociales du milieu dans lequel il essaye de réussir, ainsi que l'aveuglement des adultes incapables de percevoir, et même de ressentir le génie de ce petit homme. Tout le récit s'articule autour de cette frustration permanente qui finit également par gagner le lecteur. Ce dernier ne parvient pas à ressentir assez de sympathie pour ce jeune homme brillant et intransigeant, sans arriver à condamner totalement les adultes qui le reçoivent en le traitant comme un enfant. Il est difficile d'accepter que l'auteur décrive un constat d'échec dans lequel aucune des parties concernées n'ait appris quoi que ce soit, les adultes étant enfermés dans les conventions sociales, le jeune homme dans sa haute estime de lui-même.
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Mozart et Paris.
Deux noms propres qui sonnent comme un opéra à mes oreilles, qui donnent une folle envie de printemps, de gaité, de notes de musique et d'air mutin.

Mozart à Paris.
Une BD qui m'a vite fait redescendre sur terre et retrouver un air plus noir et troublé. Paris y est sombre. Comme son époque. Mozart, en compositeur et musicien surdoué manque d'humilité et de reconnaissance. Il y apparaît déprimé et ligoté tout au long de l'ouvrage.
On en oublie les cabrioles de ses triolets et on plonge en mode mineur dans le tragique.

On continue d'espérer pourtant…

Je vous l'ai souvent dit, je n'apprécie pas particulièrement le 9ème art, passant régulièrement à côté des scénarios et des dessins, frustrée de ne pas arriver à contempler pleinement les planches tout en appréciant les dialogues simultanément.

Le trait du dessin de Frantz Duchazeau est fin, vif et percutant. Il ravira certains adeptes de ce genre d'ouvrages par son énergie et ses mouvements. Il en déconcertera d'autres par une sorte d'agressivité visuelle piquante qui nous rappelle que les temps étaient durs à Paris à l'époque de Mozart.

Je continuerai d'explorer de temps à autres le monde de la BD et des romans graphiques pour ne pas mourir idiote. Mais je sais que je vais devoir redoubler d'efforts pour y trouver un coup de coeur inoubliable.
Je garderai une pensée pour ce livre ce dimanche de Pâques quand je chanterai la Missa brevis D-dur KV 194 de notre cher Wolfgangerl.
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critiques presse (3)
BoDoi
17 décembre 2018
Une touche d’humour piquant, un érotisme sous-jacent qui fait un peu penser à celui de Christophe Blain (dans Gus ou Isaac), un ton singulier. Voilà les grands atouts de ce Mozart à Paris, belle vision d’auteur d’un immense artiste.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Telerama
10 décembre 2018
Difficile d’être Mozart à Paris en 1777, alors qu’on célèbre Gluck et Piccini et qu’on peine à donner sa chance à un Allemand, certes génial, mais trop jeune et confiant… Frantz Duchazeau conte avec une jolie subtilité un (grand) destin souvent contrarié dans Mozart à Paris.
Lire la critique sur le site : Telerama
BDGest
05 octobre 2018
L’artiste dépeint la capitale au XVIIIe siècle, celle des rues étroites et crasseuses, rendues de belle façon par des couleurs qu’il salit en déposant une fine couche grisâtre ; certaines vues aériennes de l’île de la Cité sont particulièrement impressionnantes.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
L’ode est très noble, belle, tout ce que vous voulez, mais trop outrée pour mes oreilles sensibles toutefois, que voulez-vous ! La mesure, la vérité en toutes choses, n’est plus appréciée de nos jours.
Pour avoir du succès, il faut écrire des choses suffisamment compréhensibles pour qu’un fiacre puisse les chanter tout de suite, ou tellement incompréhensibles que cela plaît justement parce que personne de sensé ne peut les comprendre.

Wolfgang Amadeus Mozart
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— Ne soyez pas naïf, Mozart. Ici, pour réussir, il faut être entreprenant, audacieux, retors, même... Il faut courir aux quatre coins de Paris et s'épuiser à parler, à se montrer.
— Monsieur Grimm, je suis musicien et compositeur. Pas homme du monde.
— Eh bien, Mozart, ici on ne connaît pas la musique. On donne tout au nom, la notoriété fait tout ! Et le mérite de l'ouvrage ne peut être jugé que par un petit nombre. Le public est en ce moment ridiculement partagé entre Piccinni et Gluck, et tous les raisonnements que l'on entend sur la musique font pitié. Vous voyez, mon cher Mozart, dans un pays où tant de musiciens médiocres et détestables ont fait fortune, je crains fort que vous ne vous tiriez pas d'affaire. De l'entregent, Mozart, là est la clef de la réussite. Soyez mon secrétaire et nous reparlerons de cela.
— Encore une fois, monsieur Grimm, je suis un musicien...
— Bien. Je m'occuperai de votre cas le mieux que je peux. Maintenant, je dois prendre congé de vous, jeune homme.
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— J'ai rencontré le grand Haydn à Mannheim. Il était étonné de votre situation, Wolfgang, et me dit... Comment Mozart, cet être unique, n'est-il pas appointé dans une cour ?
— Mon père fait des pieds et des mains pour me faire rentrer à Salzbourg. Il pense que mon voyage ici est un fiasco, que je n'ai rien accompli. Je ne suis pas fait pour enseigner. "Ich bin ein Musikus !" Pas un enseignant. Je laisse cela aux gens qui ne savent rien d'autre que jouer du piano.
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Mon très cher père, j'ai bien reçu vos lettres du neuf et du quinze. J'ai enfin terminé ma nouvelle symphonie qui fera l'ouverture du concert spirituel. J'en suis tout à fait satisfait. Mais savoir si elle plaira, c'est ce que j'ignore en vérité. Je m'en soucie fort peu, car à qui ne siérait-elle pas ? Pour le petit nombre de français intelligents qui seront là, je suis sûr qu'elle leur plaira. Quant aux sots, ce ne sera pas un grand malheur si elle ne leur convient pas. Mais j'ai encore l'espoir que les ânes y trouvent aussi quelque chose qui puissent les satisfaire. Et puis je ne manquerai pas le premier coup d'archet, et cela suffit ! Ces animaux en font toute une affaire !
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Mon très cher fils, je me réjouis de tout cœur que tu aies déjà du travail, mais je regrette que tu aies dû te précipiter pour la composition des chœurs. C'est un travail qui prend du temps si on veut se faire honneur. Pour ce qui est d'un opéra, tu devras bien d'orienter d'après le goût des français. Pourvu qu'on ait du succès et qu'on soit bien payé, au diable le reste ! Si ton opéra plaît ! On en lira bientôt quelque chose dans les journaux, c'est ce que je finis par souhaiter pour narguer l'archevêque. Avant de commencer à écrire, écoute et réfléchis au goût de la nation… Écoute et vois leurs opéras… je te connais, tu es capable d'imiter tous les styles. Écris sans hâte, aucune personne raisonnable ne le fait. Fais des esquisses et fais-les entendre. Tout le monde agit ainsi, Voltaire lit ses poèmes à ses amis. Écoute leurs jugements et fais des modifications. Je t'ai donné une liste de nos connaissances à Paris, la personne la plus importante est toujours monsieur Grimm…
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