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Critique de si-bemol


En 1778, fuyant la médiocrité de la Cour de l'Archevêque de Salzbourg - où, comme tous les musiciens, il est considéré comme un domestique - mais aussi, et pour la première fois, l'autorité tyrannique de son père, Mozart s'installe pour quelques mois à Paris, avec sa mère. Il a vingt-deux ans.

Survolté, parfois frivole et toujours passionné, il court le cachet, multiplie les leçons particulières et les exhibitions dans les salons de la haute société, compose à tour de bras et s'efforce avec l'aide (problématique) de Grimm – critique musical ami de son père – et de Legros – Directeur du Concert Spirituel – de se faire une place parmi les musiciens et les compositeurs de la Cour.

Mais avec son caractère susceptible, intransigeant et indocile, son franc-parler, son inconscience, son arrogance et son humour douteux, il ne se fait pas que des amis dans ce milieu très fermé pollué par l'ambition, la jalousie, les intrigues et les coups bas et où les compositeurs italiens, alors très en vogue et en lutte ouverte avec les compositeurs allemands, tiennent le haut du pavé. L'argent manque, le quotidien est difficile, et surtout sa mère, victime de fièvres, meurt brutalement – ce dont son père le rend responsable. Méconnu, méprisé et sans le sou, c'est sur un constat d'échec amer et douloureux qu'il rentre chez lui…

Le dessin de Frantz Duchazeau est tantôt aérien, onirique, léger et plein d'impertinence, tantôt extrêmement fouillé, avec un grand souci du détail : certaines cases, notamment celles consacrées aux rues et aux quartiers de Paris, sont de petits bijoux de précision et de raffinement, et il fait merveille dans cette très belle bande dessinée qui nous restitue un Mozart touchant, complexe, plein de doutes et d'humanité. le scénario, quant à lui, par son approche sensible et nuancée, rend particulièrement bien compte du poids permanent de culpabilité et de reproches que Léopold –présent en « voix off » tout au long de l'album – fit peser toute sa vie sur la conscience de Wolfgang. Habilement monté et bien documenté, il est par ailleurs fidèle à la vérité historique (telle qu'elle transparaît dans les documents d'époque et les correspondances) d'un homme hors du commun et d'un génie que nulle biographie ne saura néanmoins jamais totalement cerner.

Une très belle BD, avec laquelle je me suis régalée, et un très bel hommage à Mozart.
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