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Critique de balloonvenus


Un adage bien connu dit que derrière chaque homme, il y a une femme. Je rajouterais : "... voire plusieurs". Ce livre s'attache à décrire le vie de certains "dictateurs" contemporains (guillemets car Ben Laden, ne fut jamais, Dieu merci, chef d'Etat) vue par leurs relations avec leurs épouses/maîtresses/mères. Si certains s'avèrent surprenants (Khomeiny, Milosevic), d'autres au contraire se révèlent aussi tyranniques dans leur foyer qu'hors-les-murs.

Fidel Castro (jamais homme n'a aussi mal porté son nom) louvoie entre épouses, maîtresses, toutes femmes attirées par son charisme et sa faconde. Mais sa seule vraie compagne fut la Révolution, à laquelle il s'est voué corps et âme. Les seules femmes auxquelles il témoignera un peu d'affection (il sera plus un être sexuel qu'amoureux) seront celles tout engagées à sa cause (Celia Sanchez, par exemple). Quant à la pauvre Marita Lorenz, trop "américanisée" à son goût, elle sera contrainte d'avorter dans des conditions effroyables, alors qu'elle est la seule à lui vouer un amour sincère à travers tout.

Saddam Hussein, quant à lui, issu d'une famille rurale démunie, épousera la première femme qu'il rencontrera, sa cousine. Celle-ci endurera sa coquetterie, ses maîtresses, les problèmes de délinquance de son fils aîné, et soutiendra ses deux filles quand Saddam fera assassiner leurs maris. Heureusement que tout cela est compensé par moult richesses : palais, robes de grands couturiers, bijoux, voyages luxueux...

Je ne m'étendrai pas sur le cas Milosevic, poupée entre les mains de sa femme, véritable furia communiste et nationaliste, qui tirera les cordes dans une semi-ombre, soutenant malgré le procès au TPI que l'action de son mari était légitime.

Kim Jong-Il ne devint chef d'état qu'en 1994, au décès de son père, ce qui ne l'empêchera pas entre temps de "jouir" du pouvoir. Contraste saisissant entre les palais qu'il fait construire, son train de vie exubérant et la misère dans laquelle vit son peuple (contraste constaté dans tous les cas évoqués ici, le fameux "fais ce que je dis, pas ce que je fais, ou je te fais décapiter, torturer, emprisonner, je tue ta famille, etc... etc...). Jong-Il, passionné de cinéma, ne tarde pas à tomber éperdument amoureux de la starlette du moment, qui lui donnera un fils dont il sera absolument fou (mais au point de lui transmettre le pouvoir quand même). Il tombera d'ailleurs en disgrâce en même temps que sa mère, jugée pas assez révolutionnaire au goût de la soeur de Jong-Il. Quant à sa deuxième femme, elle mourra d'un cancer à Villejuif tandis que lui se vautrera dans la luxure avec de jeunes danseuses à peine pubères.

Ben Laden... comment parler de cette ordure. Fils d'une famille très aisée (son père, à sa mort dans un accident d'avion [coïncidence ?] lui lèguera la modique somme de 330 millions de dollars), il épouse sa cousine (encore un) à qui il fera 11 gosses, imposera trois autres épouses (donc entre 15 et 20 enfants en tout, quand on "aime", on ne compte plus). Sans cesse en vadrouille, le fondateur d'Al-Qaida, malgré sa richesse, s'entêtera toujours à faire vivre ses femmes dans des logements sordides sans eau ni électricité ni meubles (à de rares exceptions près). Elles y sont confinées 24h/24 avec seulement une sortie par semaine. Tout son argent est consacré au Jihad, avec les conséquences que l'on connaît. Véritable tyran domestique malgré sa voix douce et ses yeux de gazelle, il n'aura lui aussi qu'une seule et vraie maîtresse : l'argent, toujours l'argent, sous des dehors de respect de la charia. Argent qui doit abreuver sa haine des Etats-Unis et des non-musulmans en général.

Je garde pour la fin celui qui m'a vraiment surprise : Ruhollah Khomeiny. Connu pour son imposition sans pitié de la charia dans la politique iranienne, Khomeiny était pourtant en privé... quelqu'un de bien. Un amour immodéré pour sa femme Khadijeh (qu'il ne trompa jamais, lui), tel celui de Mahomet pour Fatima, empreint de respect et de tendresse. A tel point que Khomeiny refusera toujours que sa femme accomplisse la moindre tâche ménagère dans la maison. Il exprime ses sentiments dans des poèmes d'un lyrisme renversant. Une vie de famille marquée par les épreuves (le couple perdra de nombreux enfants et connaîtra de sérieuses périodes de dénuement). Beaucoup d'amour pour ses enfants et ses petits-enfants, alors qu'on a quand même du mal à imaginer Khomeiny en papa gâteau. D'ailleurs, lors de son séjour à Neauphle-le-Château, il offrira aux enfants du bourg des cadeaux de Noël (??) pour se faire pardonner les désagréments causés par sa présence. Même s'il ne vit jamais Paris (il se cachera les yeux dès l'aéroport pour ne pas voir cette ville de débauche et d'impudeur), il appréciera tout de même que sa femme ramène de ses séances de shopping la fameuse "Eau sauvage" de Dior, son parfum préféré. Un homme tout en contradictions donc, bon père et bon mari, mais pétri d'un islamisme pur et dur. Les paradoxes ne s'arrêtent pas là chez nos amis les dictateurs, qu'ils soient communistes ou islamistes :

- Tous ont à un moment donné de leur vie vécu à l'encontre de leur idéologie. Quand le peuple vivait sous la terreur, la schlague et la pauvreté, eux s'octroyaient toutes les richesses et l'indécence qui va avec. Mais dans le fond, n'en était-il pas de même avec nos rois à une certaine époque ?

- Tous expriment leur haine de l'Occident, du capitalisme, du "grand Satan", mais TOUS sont bien contents de profiter des avantages que cet ennemi a à leur offrir : mode, voitures, écoles, médecine, protection politique (voir le rôle de la CIA pour faire et défaire ces chefs d'Etat)... Faudrait savoir ;-)

Vous l'aurez deviné, ce livre m'a passionnée. Fourmillant d'informations, écrit d'une plume alerte.
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