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Critique de Fandol


Quelle histoire folle, terrible, technique, scientifique, dure et réjouissante aussi !

Pierre Ducrozet m'avait déjà étonné avec Eroica, roman consacré au peintre Jean-Michel Basquiat. Ici, avec L'invention des corps - merci à Simon au passage – l'écrivain français qui vit à Barcelone, fait encore plus fort.
S'il décompose son roman en quatre mouvements, c'est d'abord et surtout l'histoire d'Álvaro qui m'a passionné. C'est pourquoi, j'ai été frustré un bon moment quand le jeune Mexicain, professeur d'informatique a été délaissé pour m'emmener dans les méandres d'internet, sur les pas des pionniers du net libre, luttant par tous les moyens contre ces géants qui confisquent tout pour leur seul profit : Google, Facebook, Netflix, Apple, Amazon, Uber…
Terrible, cette histoire l'est d'entrée avec ces étudiants d'Ayotzinapa, de l'état du Guerrero, à six heures au sud de Mexico. Chaque année, ils se regroupent, réquisitionnent des bus pour se rendre à la capitale, le 2 octobre, afin de rendre hommage à leurs camarades fusillés en 1968 par l'armée républicaine. Hélas, le 26 septembre 2014, les bus sont attaqués par la police et des bandes armées. C'est hyper violent. Les étudiants ont beau affirmer leurs intentions pacifiques, le but est clair : il faut les éliminer.
Álvaro échappe de peu au massacre et sa fuite est terrible, sa marche épuisante car il est blessé et profondément traumatisé. Sans se retourner, il n'a qu'une idée, fuir le plus loin possible de ce cauchemar. Il marche vers le nord, vers les États-Unis.
L'auteur m'a fait vivre tous les affres des personnes qui tentent de franchir la frontière, d'échapper à la police, aux douaniers, à la rapacité des passeurs et à la menace des propriétaires terriens, côté USA, qui chassent, au sens propre, les migrants.
Los Angeles puis San Francisco et voilà Álvaro qui rencontre la folie d'un homme, Parker Hayes, qui a bâti une fortune colossale grâce à internet et n'a qu'une obsession, créer un homme nouveau, éternel, en commençant par lui-même puisqu'il se sent si important…
Par des chemins assez compliqués qui m'ont dérouté un temps, Pierre Ducrozet remonte le cours de plusieurs vies pour des personnages qui auront ensuite un rôle important. Il détaille très bien toute l'histoire de ce qui fait maintenant notre quotidien, le web, la toile, sans jamais occulter les menaces, les dérives que nous devons absolument connaître.
Enfin, il y a Adèle, cette chercheuse en biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg qui aboutit à San Francisco et rencontre Álvaro. C'est là que le roman prend toute son ampleur, redevient palpitant sans que Pierre Ducrozet oublie les pionniers des logiciels libres, ces informaticiens géniaux qui réussissent à mettre à jour toutes les bassesses des puissants et retrouvent persécutés, emprisonnés.
L'invention des corps est un roman plein d'enseignements qui détaille un monde fascinant et dénonce toute l'absurdité de ceux qui tentent, ne sachant pas quoi faire de leur fortune, d'accéder à l'immortalité en utilisant, pour leurs essais, ceux qui sont dans la plus grande misère.

C'est un sujet important à connaître à l'heure où une pandémie mobilise quantité de chercheurs et des appétits féroces soucieux, avant tout, de bénéficier en premier des éventuelles découvertes.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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