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Critique de Soleney


Je ne comprends pas très bien l'engouement suscité par cette saga. Je reconnais que les dessins sont sympas (le corps féminin est très beau – on pourrait même dire « trop », tant les défauts sont absents), mais le scénario m'a laissée complètement de marbre.

Pour faire simple, c'est l'histoire de Kim, une anglaise trentenaire très banale – hormis un mystère familial : celui de sa grand-mère. Qui était-elle ? Où vivait-elle ? Que sait-elle du trésor disparu du sultan ?
Sultan ?
Eh oui ! Mamie Jade était une favorite orientale. Mais pas n'importe laquelle : celle du sultan des années 40. À ce titre, elle possédait un grand pouvoir – d'autant plus qu'à son époque, la Seconde Guerre mondiale faisait rage, et les Allemands comme les Anglais réclamaient en douce le soutien de son maître. Pour retrouver les traces de son aïeule, Kim va devoir revenir sur les terres où elle a habité et se plier aux coutumes locales : entre autres, s'habiller peu et donner son corps au premier venu.

J'ai été très dubitative quant au scénario. Mais si les personnages m'avaient plu, je serais passée outre. J'aurais accepté cette image un peu fantasmée des femmes orientales qui sont plus souvent à poil que vêtues, ce fantasme de la femme coincée, soudain contrainte d'avoir des rapports et qui parvient à s'émanciper et à maîtriser sa féminité suite à ce traitement de choc (bonjour la crédibilité).
Avec de bons protagonistes, j'aurais aimé quand même.
Mais le problème, c'est que Kim est la protagoniste. Elle me ressemble beaucoup dans le premier tome : elle a les mêmes principes que moi quant à son corps (comprenez : elle est pudique et elle refuse que les hommes la touchent sans son consentement). Mais cette façon d'être lui donne un côté princesse hautaine. Comment les auteurs se sont arrangés pour me mettre à dos quelqu'un ayant la même façon de penser que moi ? Ils la comparent à des femmes plus libérées et font en sorte que cette comparaison soit à son désavantage. Elle en devient agaçante et ridicule.
C'est d'autant plus triste qu'on lui monte de toute pièce une romance (que j'ai trouvée plutôt fade) entre elle et Marek. Elle tombe amoureuse de lui en quelques pages, et dès le deuxième tome, elle réclame une déclaration d'amour… Juste avant de devoir réussir l'épreuve des trente clochettes – c'est-à-dire, se faire passer sur le corps par trente hommes. Cet amour mièvre au milieu de tant de sexe pseudo-non-consenti et sur fond de libération sexuelle de la femme (par le non-consentement ?), avec des modèles de beauté érotique sur toutes les pages m'a donné une impression de gratuité. de fausseté.
En réalité, tout est trop gratuit : le sexe, les obligations auxquels se plie Kim, cet amourette de collégiens, ces corps nus, beaux à vous refiler des complexes…
Encore heureux, il y a quelques intrigues politiques pour qu'on sorte un peu le nez des cuisses de femme – faut bien respirer de temps en temps.

Et qu'est-ce que c'est que cette manie de voir un djinn dans une femme qui a des rapports sans plaisir ? Quand Kim réussit l'épreuve des trente clochettes, elle affirme à son maître, qui la félicitait d'avoir donné satisfaction à tant d'hommes : « de fait, il s'agissait de leur plaisir, non du mien. » Au lieu de se dire « voilà une femme qu'on aurait dû la laisser tranquille », il se demande si c'est le djinn en elle qui parle.
Sérieusement, est-ce qu'il y a encore des gens pour se dire que les femmes prennent du plaisir à chaque rapport, et que celles pour qui ce n'est pas le cas sont des sorcières ? Un rapport imposé n'est pas plaisant. Une femme qui affirme ne pas avoir pris de plaisir n'est pas un djinn. Ou une sorcière. Ou une quelconque créature magique.

Le seul personnage que j'ai apprécié dans cette saga est Jade. Elle est fascinante parce qu'on ne sait pas où sont les limites qu'elle peut se fixer pour atteindre ses objectifs. C'est une femme puissante et décidée, presque sans coeur. On ne sait pas ce qu'elle pense, on ne connaît ses objectifs qu'à postériori. Elle est donc une créature mystérieuse et envoûtante.
Malheureusement, elle tombe très (trop !) vite amoureuse de Lord Nelson. Cela m'a déplu, non seulement pour le principe (elle perd de son piquant à cause de cela) mais aussi qu'elle l'aime parce qu'il est le seul homme avec lequel elle prend du plaisir.

En bref, je ne suis pas convaincue par cette série. Et même si le trait est beau, j'ai trouvé les personnages très figés, comme s'ils prenaient la pose. Il manque une impression de mouvement et de vie dans le dessin.
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