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Critique de Eve-Yeshe


Alors que j'ai terminé ce livre depuis une quinzaine de jours, j'ai du mal à rédiger ma chronique. Peur qu'elle ne soit pas la hauteur du texte ? de le dénaturer voire de l'abîmer ?

Bon, je me lance. L'auteur nous raconte l'histoire de Camille, fille de Dodo la saumure, proxénète, mafieux sur les bords que l'on connaît mieux depuis les affaires de DSK. Originaire du Nord de la France, il tient des « maisons closes » qu'il appelle bars à filles, organise des « soirées » de l'autre côté de la frontière, car la législation est différente en Belgique.

On fait la connaissance de la matriarche, Antoinette, la mère de Dodo, en extase avec son fils et qui divise pour régner, des femmes qui ont compté ( ?) dans sa vie ou du moins avec lesquelles il a eu des enfants, dont Marie, la mère de Camille. Son rôle de père se limite à leur donner un prénom, et ensuite il ne s'intéresse plus à elles, et le choix est inspiré de personnes peu recommandables : Camille tient le sien d'un mafieux corse.

Julien Dufresne-Lamy nous propose des périodes de la vie de Camille, comme des instantanés : Camille à 12 ans 9 mois et 28 jours et ce qu'elle ressentait à l'époque vis-à-vis de son père, qui pour asseoir son autorité la dévalorisait sans cesse. On va la voir grandir, faire remonter ses souvenirs, ce qui n'est pas toujours simple, auto-censure oblige. Elle fait ses confidences à l'auteur, qu'elle connaît bien dans son salon par exemple.

Je ne vous explique pas le titre, car avec tout ce que je viens de dire, c'est assez facile à deviner….

C'est sidérant, mais pas trop surprenant, de voir le déni dans lequel s'enferment toutes ces femmes. On ne peut qu'admirer la manière dont Camille a réussi à se construire, à surmonter cette forme de maltraitance psychologique qu'exerce le père sur la tribu. Pour lui ses trois filles sont :

« Des filles inutiles, qui ne lui rapportent rien, qui ne servent à rien, sinon à montrer inlassablement son jeu de mauvais père, si mauvais qu'on ne pourrait même pas le qualifier d'indigne. »

J'ai apprécié la tendresse avec laquelle Julien Dufresne-Lamy évoque Camille, ses réticences parfois, ses peurs, ses interrogations quand elle va devenir mère à son tour, mais aussi le questionnement autour de l'écriture, comment naît et se construit un livre avec des coupures, dans lesquelles il nous propose des extraits du discours de Patrick Modiano, lorsqu'il reçoit le prix Nobel.

L'auteur est attentif, tout au long de son livre, à ne pas faire la part belle à Dodo pour plusieurs raisons : il ne n'agit pas de faire un livre sur lui et aussi, il redoute et Camille aussi les possibilités de plaintes pour diffamation car Dodo est toujours à l'affût de se faire de l'argent.

Je redoutais un peu cette lecture, au départ, car on sait grâce à l'affaire DSK, aux divers procès qui ont défrayé la chronique, la manière dont Dodo la Saumure traite les femmes y compris ses filles. Mais, le récit est axé sur Camille, la fille, la femme puis la mère, et rien n'est sordide, et on ressent l'amour fraternel que l'auteur lui voue.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Plon qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur que l'ai découvert avec « Jolis, jolis monstres » puis « Mon père, ma mère et mes tremblements de terre » et que j'apprécie toujours autant, dans des registres différents.

#907foisCamille #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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