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Critique de TheWind


Doit-on crier à l'usurpation ?!

Usurpation d'auteur  : On apprend en lisant la préface que cette pièce n'a pas été écrite par Alexandre Dumas. Elle est à l'origine une oeuvre d'un certain Frédéric Gaillet et Dumas l'a certes remaniée (jusqu'à quel point ?) mais en aucun cas initiée. Toujours est-il que c'est le nom de Dumas et non celui de Gaillet qui restera rattachée à cette pièce.

Usurpation de l'Histoire : Ce drame en cinq tableaux prend de larges libertés avec les événements historiques. Il s'inspire de la légende de la Tour de Nesle à laquelle le poète François Villon fait aussi allusion dans Ballade des dames du temps jadis. Cette légende qui met en scène une reine « ogresse, obscène, mangeuse d'hommes », faisant égorger ses amants avant de les jeter à la Seine.
L'Histoire n'a jamais attesté que la Tour de Nesle fut le refuge des amours clandestines de Marguerite de Bourgogne et de ses belles-soeurs, toutes trois brus de Philippe IV le Bel. Toujours est-il que ce scandale historique est vraisemblablement à l'origine de cette légende et qu'Alexandre Dumas (ou devrais-je dire Gaillet) s'en est donné à coeur joie pour en faire une pièce dramatique de haute volée !

Car si usurpation il y a, et bien, peu importe ! le peuple a aimé et en redemande !
Une histoire sordide qui s'habille de cape et d'épées et qui frôle bien plus avec un univers moyennageux fantasmagorique qu'avec des faits historiques avérés, voilà de quoi ravir notre imaginaire !
Pourtant, Dumas (Oui, Dumas, parce que tout de même, il y a du génie dans cette pièce !) n'y va pas par le dos de la cuiller. Séduction, luxure, adultère, mensonge, trahison, chantage, parricide, inceste, infanticide, meurtres s'invitent tour à tour au grand bal de cette comédie dramatique ! A en faire pâlir d'envie George R.R. Martin !

Mais au-delà de toutes ces considérations peu recommandables, il y a aussi le personnage de Buridan qui redonne foi en l'être humain. S'apparentant au glorieux et courageux D Artagnan, Buridan est un héros comme on les aime : fidèle en amitié, rusé, espiègle, aventurier et déterminé à faire tomber les viles têtes couronnées au pouvoir bien trop arbitraire.
D'ailleurs, à ce propos, cette pièce, outrageuse envers la royauté, ne fait-elle pas aussi écho à cette remise en cause permanente de la République au cours du XIX eme siècle ? N'est-ce-pas une façon pour Dumas d'écorcher à sa manière la monarchie qui brime les libertés depuis la Restauration ?

Un autre auteur, bien plus engagé encore, dans la lignée des romanciers de cape et d'épée, s'est également intéressé à ce personnage fameux qu'est Buridan. Il s'agit de Michel Zevaco. Je lis « Buridan, le héros de la tour de Nesle » et vous en donne des nouvelles sous peu !
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