– Ce n’est pas de l’anglais, monsieur, fit l’homme avec dédain. C’est du latin. Et ce latin là signifie que la voix du peuple, c’est la voix de Dieu.
– Voilà qui est bon à savoir, dit Pardaillan. Ainsi, en ce moment, c’est Dieu qui crie : Mort aux parpaillots !
Le bonheur, mon cher, est un fantastique palais où il faut se hâter d’entrer dès qu’on le peut. Si on hésite un instant, le palais s’effondre comme les nuages qu’on voit quelquefois, château maintenant, désert tout à l’heure...
Que peuvent être les catastrophes auprès de cette douleur : ne pas être aimé de celle qu’on aime !
Un roi désordonné, vicieux, c’est le malheur d’un royaume, ce sont les folles dépenses, ce sont les levées d’impôts, ce sont les émeutes, ce sont les guerres pour conquérir l’or nécessaire à satisfaire les insatiables maîtresses...
Jeanne-Antoinette n’était pas ce qu’on appelle un caractère contemplatif. C’était un esprit éminemment actif. Or, l’activité de l’esprit, c’est de la curiosité sans cesse en éveil. C’est avec une prodigieuse facilité qu’elle s’assimilait les sensations les plus subtiles. Il y avait en elle une sorte de besoin de bataille qui s’était longtemps traduit par un véritable emportement à tout apprendre : musique, peinture, gravure, littérature, rien ne lui était indifférent ou étranger.
Mais j’aurais dû me dire qu’un Ponthus n’est jamais fatigué de vaillance et de gloire. Quel malheur de vous avoir pour ennemi !
[...] Du Barry, ivre de fureur, fonça l’épée haute sur le chevalier, en criant pour la forme, car l’attaque précédait traîtreusement l’avertissement :
- En garde, monsieur, ou je vous tue !…
Le coup était porté avant que l’avertissement fût achevé. Mais d’Assas surveillait de très près son ennemi. Alors, les assistants, qui, déjà faisaient cercle virent avec une stupeur mêlée d’admiration que les coups furieux de cette épée traîtresse et qui cherchait à être mortelle était dédaigneusement parée… avec une canne, pendant que la voix vibrante et sonore de d’Assas disait avec un calme terrifiant :
- Salir mon épée contre la vôtre !… fi donc !… un bon bâton, voilà ce qu’il faut à un homme comme vous, monsieur l’assassin !…
- Sais-tu que tu n'es pas bête, Lancelot ?
- Heu ! dit Bigorne, je suis des environs de Béthune-en-Artois. Or, l'Artois, c'est presque la Flandre pour la sagesse, c'est presque la Normandie pour l'astuce, et c'est presque la Picardie pour la finesse... Supposez, monsieur, qu'il y a en moi un tiers flamand, un tiers picard et un tiers normand, et vous aurez trois serviteurs au lieu d'un.
Où est la musique qui pourra jamais traduire le douloureux lamento de la mère qui pleure son enfant perdue !...
- Il n’y a au monde qu’une chose de grave et d’inguérissable : c’est la mort ! Tout le reste peut et doit se guérir, même l’amour le plus vrai, le plus profond, comme celui que vous éprouvez !…
D’Assas secoua la tête avec une violence désespérée.
- Vous me parlez ainsi parce que vous n’avez jamais aimé ! dit-il.
Saint-Germain sourit…
- Qu’appelez-vous aimer ? dit-il avec une sorte de gravité plus poignante. Écoutez-moi. [...] Pour l’humanité dans son ensemble, l’amour est une forme de l’égoïsme. Un homme aime une femme. Cela veut dire qu’il la désire ; il en souhaite la possession ; il veut absolument que cette femme soit à lui et non à d’autres. Si elle est vénale, il l’achète comme un marbre, un objet de luxe quelconque. Si elle est honnête, il s’efforce de lui prouver qu’elle doit lui appartenir volontairement.